Le F.CFA en débat au Sénat français : Du grand art de Mystification et de défense des privilèges impérialo-colonialistes

Pour les Sénateurs Français qui déplorent eux aussi « le décalage entre ce qui n’est finalement qu’unepetite ligne du budget en France” » et “ce sujet énorme et très symbolique en Afrique” », les dénonciations en Afrique et à travers le monde de l’imposition et/ou du maintien du Francs Cfa comme monnaie résultent du fait que

« la connaissance approximative de la Zone franc et l’héritage colonial du franc CFA ont irrémédiablement affecté sa perception et son appréciation ».

Et encore ! Les Africains devraient se réjouir de la teneur de ce rapport tissé de contrevérités, qui se bombe cependant le torse d’être équilibré( ?) parce que ne reprenant pas à son compte l’opération de déni qui consiste à dire, pour reprendre le Sénateur Gérard Longuet du parti de Droite français “Les Républicains”, que

« le franc CFA souffre de sa dénomination, mais, pour le reste, il est parfait ».

gérard Longuet

Le contraire aurait surpris. N’en déplaise aux mordus de l’optimisme qui pensent qu’une gazelle peut obtenir gain de cause à l’issue d’un procès à la cour du lion contre la lionne qui la pourchasse pour faire de sa chair son repas et de son sang son breuvage.

Visant officiellement à « dresser un véritable état des lieux et un bilan de la zone Franc », l’étude soi-disant “décomplexée” qu’a menée récemment la chambre haute du parlement français sur la « réalité » du système CFA se sera donc révélée cette montagne qui a accouché d’une minuscule souris blanche, au grand dam de ceux qui en attendaient un géant.

Et ceux qui en attendaient quelque chose, ce sont ces Africains qui ont démontré à travers colloques, conférences, manifestations publiques, débats télévisés et radiophoniques, que la monnaie de Sioux appelée franc CFA n’était qu’un instrument d’aliénation mentale et de domination politique et économique, pis, une laisse munie d’une caméra de surveillance au cou des Etats africains anciennement colonisés ou sous tutelle française, mais qui croyaient naïvement que dans un regain de dignité, les parlementaires français remonteraient les bretelles à l’exécutif hexagonal que le monde entier accuse d’être à l’origine du sous-développement économique perpétuel des pays d’Afrique qui furent jadis ses pupilles et qui ont gardé le Franc Cfa comme principal instrument d’échanges.

A travers le rapport  d’information produit  par Nathalie Goulet (Sénateur Union centriste de l’Orne) et Victorin Lurel (Sénateur Parti socialiste de la Guadeloupe), les utilisateurs du CFA ont réappris à leurs dépens que la France, quelque soit l’obédience idéologique et partisane de ses décideurs politiques, restait opposée à la liberté de l’Afrique francophone. Autrement, ce qui était présenté comme une étude n’est autre qu’une offensive française contre ceux qui –sans être forcément des Africains– ont dénoncé ces dernières années le caractère nocif indiscutable du Franc CFA.

Pas étonnant alors que les Sénateurs français évoquent « une réforme du Franc Cfa en Afrique de l’Ouest », là où de nombreux Africains parlaient avec exultation de la fin du F.CFA dans cette sous-région avec l’avènement de l’Eco. Pas étonnant encore que dans la même veine de l’obstination de l’Hexagone à demeurer le tuteur financier et économique de l’Afrique francophone à travers la monnaie qu’ils reconnaissent pourtant être l’instrument par essence de souveraineté des Etats, les sénateurs français se tuent à présenter aux Africains et contempteurs de la monnaie coloniale dont les avis et analyses sont relegués au rang de simple « caricatures », les avantages de la monnaie coloniale. « décalage entre ce qui n’est finalement qu’une petite ligne du budget en France »

Et dire que les Français qui veulent imposer aux Africains le bonheur du Franc CFA honni, sont les mêmes qui, lorsqu’ils sont invités à se prononcer sur les atrocités perpétrés sur des êtres humains par les voyous dont ils ont facilité l’arrivée –à défaut de les avoir imposés- à la tête des Etats africains francophones, excipent de la souveraineté des Etats indépendants qui vont à leur rythme et doivent trouver eux-mêmes des solutions politiques internes à leurs conflits politico-militaires. Un légalisme international et une compréhension dont ne bénéficièrent ni Laurent Gbagbo réputé panafricaniste –donc susceptible de nuire aux intérêts de la France- ou Mouamar Kadhafi, devenu gênant pour les mêmes raisons.

On ne le dira jamais assez, la sollicitude de la France pour l’ex-Afrique Occidentale française (ex-AOF) et l’ex-Afrique Equatoriale française (ex-AEF) est aussi dangereuse qu’une arme de destruction massive.

Cliquez ici pour prendre connaissance de l’intégralité du rapport d’information au nom du Sénat français sur le Franc CFA.

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