Cameroun : L’identité des tueurs d’élèves de Kumba dévoilée après l’imputation d’une fausse réaction à Ayuk Tabe

Ô sacrilège ! Plus rien ne les arrête ! La frontière entre la pire des bêtises et le bon sens est si ténue qu’elle est pour eux devenue imperceptible.

Quel intérêt y avait-il à attribuer à Sisiku Julius Ayuk Tabe une dénonciation du massacre des élèves du Mother Francisca Memorial College ponctuée par une fausse accusation proférée contre son successeur Dr. Samuel Ikome Sako, si ce n’est qu’il fallait, au moyen d’une machination de bas étage, semer la zizanie dans les rangs des indépendantistes anglophones, prenant ainsi le risque de multiplier les foyers de tension, étant entendu que le différentes factions qui en naîtront devront se neutraliser –s’entretuer- sans pour autant que cesse la guerre contre celui que tous les indépendantistes appellent “l’envahisseur” ou “l’oppresseur” ?

Ceci est la réaction attribuée à Sisiku Julius Ayuk Tabe qui a suscité l’hilarité de nombreux internautes, certains se demandant s’il y a des designers à la prison de Kondengui pour réaliser ce genre de mise en forme du texte de la réaction du leader sécessionniste emprisonné à vie. Le cyberjournaliste Michel Biem Tong est venu quant à lui mettre fin à la controverse en révélant clairement que « Cette affiche est un fake concocté par les cabinets noirs du palais d’Etoudi à Yaoundé »
Michel Biem Tong a en outre affirmé que depuis son lieu de détention, Julius Ayuk Tabe a démenti ce message qui lui est attribué. Ci-dessus, la véritable réaction de Julius Ayuk Tabe qui ne loupe pas l’armée camerounaise et ses milices qui tuent des enfants et des femmes enceintes. Comme à Ngarbuh en février dernier.

Cette manigance qui aide pour beaucoup dans l’identification des tueurs d’enfants, ne prouve-t-elle pas qu’en réalité le drame de Kumba n’était rien d’autre pour ses auteurs qu’une autre entreprise de mystification pour manipuler le peuple révolté du Southern Cameroon contre ses porte-étendards que sont les séparatistes anglophones et liguer les leaders du mouvement indépendantiste les uns contre les autres, quitte à ôter des vies et semer la désolation dans des familles et communautés  ?

Une hécatombe pour un bénéfice aussi dérisoire qu’insignifiant ?

Il n’y a pas pire idiot que celui qui fait la même chose à chaque fois et qui à chaque fois attend de son action une conséquence différente. On ne compte pas le nombre de fois depuis bientôt quatre ans, où des actes d’une innommable cruauté ont été posés et imputés aux sécessionnistes dans le but de les rendre odieux aux yeux des leurs, aux yeux des Camerounais francophones, et surtout de la communauté internationale.

Il se trouve malheureusement que seule la communauté internationale a joué le jeu en faisant semblant d’être dupe à travers un numéro d’équilibrisme tenant tantôt de condamnations de pure forme des groupes armés sécessionnistes, tantôt du fait de renvoyer dos à dos les parties en conflit, alors que dans un cas comme dans l’autre, on admet dans les cénacles internationaux que face à l’oppression exercée par le régime de Yaoundé et son armée, les anglophones, habitués depuis les temps coloniaux à faire valoir leurs droits pouvaient difficilement avoir la retenue nécessaire pour laisser à Dieu seul le soin de les venger quand Il le jugera nécessaire(*).

Quant aux populations anglophones, elles n’hésitent pas à voir derrière tous leurs malheurs dont les auteurs ne sont pas identifiés, la main des anglophones du régime dont les actions macabres font monter de plusieurs crans le degré d’horreur, afin de convaincre l’opinion de la négativité des sécessionnistes.

Il n’est pas ainsi rare de les voir dénoncer les « “fake (faux) Ambas boys” créés par Atanga Nji pour semer la terreur afin de donner des raisons aux entrepreneurs de guerre tapis au sein du ministère de la défense et à la Présidence de la République, ainsi quà leurs complices de nombreuses autres administrations, de poursuivre la sale guerre qui leur permet de s’enrichir en versant le sang des innocents sous le prétexte de préserver l’unité et l’indivisibilité du territoire camerounais. ».

Dans la région du Sud-ouest, depuis le décès du truculent Patrick Ekema, ce sont le ministre Paul Tassong Djoukang, certains préfets et autorités militaires qui sont accusés de fomenter des groupes de miliciens dont les actes visent à accroitre le besoin de répression, donc nécessairement le besoin de ressources humaines pour faire la guerre au désordre, avec ce que cela implique d’importants moyens financiers pour les entretenir et les équiper. Or les vrais sécessionnistes -qui ne s’en prennent pas aux populations avec lesquelles ils sont en symbiose, comme l’attestent depuis quatre ans l’adhésion aux mots d’ordre de “villes mortes” – ne faisant pas de quartier quand ils frappent dans les rangs ennemis, l’argent des centaines de soldats tués au combats(**) retourne simplement dans les poches de ceux qui ont intérêt à ce que la guerre se poursuive, et qui, pour montrer leur efficacité, exécutent sommairement de jeunes gens arrêtés parmi la population civile, ou de simples malfrats, et parfois leurs propres indicateurs en conflit avec eux pour une raison ou une autre, dont les dépouilles sont ensuite  présentées comme celles des éléments des groupes armés séparatistes « tombés dans des guet-apens savamment élaborés par les tacticiens hors-pair des forces gouvernementales ».

Sisiku Julius Ayuk Tabe n’est pas l’unique victime de la désinformation menée par les bons soins des anti-sécessionnistes

Tout ici semble donc participer d’une opération de désinformation, depuis les meurtres commis en cascades jusqu’au démentis officiels en passant par les accusations.

A titre d’exemple, depuis le matin de ce lundi 26 octobre 2020, une vidéo circule sur le réseau social Whatsapp, dans laquelle un homme d’église présenté comme l’évêque de Kumba « reçoit des activistes… ambazoniens et les couvre de sa bénédiction pastorale ». L’informateur de Cameroonvoice à Yaoundé qui a regardé la vidéo dit que les paroles qui y sont prononcés ne sont pas audibles et qu’il ne peut donc en déduire qu’ils’agit d’un exercice de bénédiction, pas plus qu’il ne croit y reconnaitre l’évèque de Kumba. En plus, dit-il, les personnes désignées comme des Ambazoniens avaient juste couvert leur calotte cranienne avec des sacs en plastiques aux motifs colorés de bleu et de blanc, qui sont les couleurs du drapeau de la “république” en projet d’Ambazonie que les sécessionnistes veulent mettre sur pied. Du coup, l’évèque de Kumba, Mgr Agapitus Nfon,  qui a  toujours dénoncé les exactions des forces gouvernemùentales et celles des groupes armés –alors que les théoriciens du génocide qui soutiennent le régime de Yaoundé ne cessent d’affirmer qu’“on ne peut mettre l’Etat de plain-pied avec des insurgés” voudraient que ne soient mis à l’index que « ceux qui ont pris les armes contre les institutions républicaines »(***) est désigné comme celui qui « a encouragé des terroristes ambazoniens à perséverer dans leur entreprise meurtière ». « Il en cache même dans son évéché, ce prêtre opposant », tranche un autre commentateur en réaction à la vidéo. Mais seulement, dans ce fol empressement à trouver des bouc-émissaires, les soutiens du régime ignorent que cette vidéo, en plus d’être fausse, peut être retournée contre eux dans la mesure où l’attaque de l’établissement scolaire catholique Mother Francisca International Bilingual Academy peut être interprétée comme des représailles contre le chef de l’église catholique locale. Or nul ne sait, au cas même où il serait venu à l’idée d’un prince de l’église romaine de nocer avec des sécessionnistes, si ce n’était pas pour convaincre ces derniers de ne pas s’attaquer aux élèves en cette période de rentrée scolaire, ou s’il n’était pas en train de ramener à de meilleurs sentiments des assaillants en quête de moyens de financements et ayant estimé que l’église en avait assez pour être épargnée dans le cadre de la collecte du “nerf de la guerre”.

Autre victime de la désinformation qui cache mal la volonté de reléguer au second plan la quête de la vérité sur le “24 octobre noir” de Kumba, la prise à partie des populations par le préfet Ntou’ou Ndong Chamberlain, qui les a accusées et fait mettre en détention parce que, dit-il, elles ne sont pas intervenues pour stopper (les mains nues ? ndlr), les assaillants munis d’armes de guerre qui ont tué de sang froid une dizaine d’élèves et blessé une vingtaine d’autres. Après la dénonciation par Cameroonvoice de cette attitude du représentant du gouvernement à Kumba, des bruits ont commencé à fuser lundi matin dans les rangs des autorités instillant l’idée qu’en fait les populations sont coupables d’avoir laissé passer les tueurs dont elles avaient vent du projet, parce que croyant que ces derniers allaient plutôt s’attaquer à une base militaire. Autrement dit, ces populations sont complices d’un projet terroriste d’attaque d’une base militaire. C’est à peine si ce n’est pas une punition du ciel qu’au lieu d’aller s’attaquer à une base militaire, les assaillants se soient démontés à la dernière minute et pris pour cible des enfants.

 

 (*) Un incroyable bon sens dont ne font montre que les Camerounais francophones habitués à être chicottés depuis le temps du maître blanc, qui fait qu’aujourd’hui, un seul gendarme, policier, militaire, même armé d’un… sifflet, ou encore un bandit, est capable, en élevant un tout petit peu la voix, de faire fuir sous leurs lits une centaine de ces forts en bavardage à la fois. Une sagesse jusqu’ici inégalée par aucun peuple au monde qui fait que pour avoir demandé que le problème anglophone soit résolu et qu’un code électoral équitable soit élaboré dans ce pays dont les dirigeants ne résonnent qu’en termes de répression tous azimuts jusqu’à ce que le peuple se mette à genoux ou rampe pour lui faire allégeance et en termes de trucage systématique des élections, Maurice Kamto est encerclé depuis 36 jours dans son domicile par une escouade de gendarmes et policiers –qui auraient été plus utiles à Kumba pour neutraliser les « 9 assaillants » du Mother Francisca Memorial College dans l’indifférence des Camerounais qui l’aiment bien, mais préfèrent le laisser ainsi que les militants du MRC se démerder seuls, s’ils le peuvent, pour  se tirer de cette séquestration dans laquelle un juge des référés, dressé droit dans ses bottes, n’a vu aucune urgence. Ici, on vous jure la main sur le cœur que le temps est l’autre nom de Dieu, le seul au demeurant à qui il incombe de rétribuer les oppresseurs selon leurs actes quand viendra le jour du jugement dernier et de venger les opprimés.

(**)Dans cet ordre d’idées d’enrichissement indu, la vérité sur le nombre de soldats, policiers et autres gendarmes morts au front est strictement dissimulée.

(***) Quoiqu’il soit difficile de concevoir la résolution des problèmes par les armes dans un Etat de droit, il ne faut jamais oublier que le conflit qui a déjà fait plus de 40.000 morts entre les forces armées gouvernementales et les populations des régions anglophones du Cameroun a commencé par des revendications corporatistes d’avocats et enseignants d’expression anglaise que le gouvernement avait vivement réprimées dans le sang et par de nombreuses arrestations. La détention au secret des personnes ayant survécu à la répression avait poussé leurs familles à exiger leur libération dans le cadre des marches de protestation pacifiques, qui furent également réprimées dans le sang et par des arrestations massives. Des rafles fréquentes s’ensuivirent au cours desquelles les populations (les femmes et les vieillards en l’occurrence) étaient soumises à des traitements particulièrement cruels et humiliants, parfois devant leurs progénitures. Les jeunes hommes étaient parfois abattus à bout portant pour avoir demandé de quoi retournaient ces rafles intempestives. Les jeunes filles violées par des soldats en chaleur, qui n’hésitaient pas, les uns comme les autres, à se prévaloir de leur appartenance à l’ethnie d’origine du président de la République, appelés à être au-dessus des autres. « Vous avez pris le caillou et l’aoiseau a vu ; vous ne prendrez jamais le pouvoir, espèces d’anglos-bamis, vociféraient certains jeunes soldats et policiers », ajoutant que « derrière les revendications des avocats et des enseignants, il y avait indiscutablement un plan de renversement du président Paul Biya, un patriarche béti auquel nous ne permettrons pas qu’on touche. ». A moins qu’on leur passe sur le corps, précisaient certains, menaçants. Pour intensifier et surtout justifier la répression, le régime garant des “institutions républicaines” que certains esprits suprémacistes et corrompus défendent becs et ongles, fomenta à partir de la mi-2017, plusieurs attentats à la bombe artisanale qu’ils mirent sur le compte des “sécessionnistes”, alors que ceux qui en tenaient lieu depuis 1993 inscrivaient leur combat dans le registre de la lutte pacifique et légaliste en saisissant parfois les instances internationales pour qu’elles tranchent sur le statut du Cameroun occidental avant la duplicité de la réunification et le hold-up référendaire du 20 mai 1972. Cameroonvoice fut parmi les premiers à dénoncer ceux qui dessinaient inconséquemment le diable sur les murs du Cameroun, car ils allaient finir par recevoir sa visite dans la salle de séjour ou la chambre à coucher. C’est à partir de ce moment là,  que la répression allant toujours grandissante, des comités d’autodéfense se formèrent parmi les anglophones pour protéger les populations contre les exactions militaro-policières. L’enlèvement au Nigeria suivi de l’extradition au Cameroun en janvier 2018 de Julius Ayuk Tabe (alors président du gouvernement provisoire de la république fédérale d’Ambazonie) et de ses 9 compagnons, allait marquer une étape décisive dans ce qui est devenu une véritable guerre depuis 2018, soit un peu plus d’un an après le début de la crise anglophone

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