C’est depuis Bruxelles, où il est en liberté provisoire, que l’ancien chef d’Etat s’est livré à cet entretien exclusif sous le feu des questions de la Camerounaise Denise Epoté. Une interview très attendue durant laquelle il s’est amplement prononcé sur le climat socio-politique qui prévaut actuellement dans son pays. Il assure être bien portant et confie avoir décidé de rompre 09 années de silence. «En tant qu’ancien président de la République, en tant qu’ancien prisonnier de la CPI, ancien homme politique connu, si je me tais ce ne serait pas responsable. Donc j’ai décidé de m’exprimer pour donner mon point de vue sur ce qui se passe en ce moment en Côte d’Ivoire. Et donner ma direction. Celle qui me semble bonne.», a précisé Laurent Gbagbo.
Sans filtre, le septuagénaire pointe les irrégularités qui ont entaché le rejet d’une quarantaine de candidatures pour l’élection présidentielle, dont la sienne. Il s’offusque des nombreux écarts dans le respect des lois qu’on s’est fixé dans son pays. A lui en croire, les initiateurs eux-mêmes n’y croient pas «Je pense que l’un des problèmes politiques en Afrique, c’est qu’on écrit des textes sans y croire. On écrit dans la constitution que le nombre de mandats est limité à deux (02). Pourtant on veut faire un troisième mandat ? Il faut qu’on respecte ce qu’on écrit. Il faut qu’on respecte ce qu’on dit ».
C’est à ce titre que le président Laurent Gbagbo estime que la candidature d’Alassane Ouattara sera source de conflits. S’il remporte « Ce qui nous attend, c’est la catastrophe », prévient-il en lâchant sa solution. « Je n’ai jamais cessé de dire : asseyons-nous et discutons. Avec la négociation, on règle beaucoup de problèmes. »
Le passeport de l’ancien président n’est toujours pas disponible trois après qu’il en a fait la demande. Alassane Ouattara avait pourtant pris l’engagement de lui remettre le document. Devant ce «manque d’élégance», Laurent Gbagbo rappelle son intention à ne pas semer le trouble. « Si je veux rentrer au pays, ce n’est pas compliqué, quelqu’un peut me donner un passeport d’un autre pays [comme celui de la Guinée Bissau proposé par le président Umaro Sissoco Embaló, NDLR]. Mais je ne veux pas provoquer des palabres, des tensions, des antagonismes. C’est pourquoi, je ne suis pas rentré. », a-t-il développé.