Bélél dans l’Adamaoua, vous connaissez ? Certainement pas. Et son organisation syndicale de défense des ouvriers agricoles du coin alors ? Sans doute encore moins.
Sachez en tout cas aujourd’hui qu’un ponte local, par amendes pécuniaires de justice interposées, veut mettre à six pieds sous terre ces pauvres ouvriers agricoles et leurs défenseurs. Car le syndicalisme chez nous, ça vous le savez, n’a pas bonne presse dans le capitalisme agro-pastoralsyndicalisme.
L’organisation inquiétée ici n’est que la petite – mais bien entêtée – Coordination des Travailleurs Agricoles de Bélél, en abrégé COTRAG, autrefois C.T.A., implantée dans le département de la Vina, spécifiquement dans les trois localités du département où sont installés les campements – ou ce qui en tient lieu – des plantations industrielles du jeune richissime Mohamadou Bobo : Bélél, N’goura, Koudini.
Précisions maintenant sur les menaces affectant l’organisation de défense des ouvriers agricoles de M. Bobo: selon les informations recueillies à la Fondation Kalkaba pour la promotion de l’Arbre à Palabres, de la bouche d’étudiants en stage académique chez elle au mois d’octobre 2020 dernier, 3 (trois) des dirigeants syndicaux de la Coordination des Travailleurs Agricoles, COTRAG, de Bebel (100 km environ de N’gaoundéré) se sont vus licenciés du jour au lendemain et poursuivis en justice pour « incitation à la grève » et «rébellion», comme toujours. Il faut savoir que la CTA, Coordination des Travailleurs Agricoles est implantée dans les localités de Belel, Ngoura et Koudini où le richissime El Hadj Abbo Mustapha a érigé des ranches de 100 ha et plus chacun et fait de la maïsiculture moderne sur plusieurs centaines d’hectares. L’effectif de ses employés (permanents et saisonniers) atteint des centaines d’ouvriers en période de pointe.
A l’heure d’aujourd’hui, nous portons à ce jour les précisons suivantes sur la situation de l’association syndicale. Ses 3 syndicalistes menacés sont Bakary Baboua Oscar, 36 ans, ancien cheminot; Bayara Beka, 29 ans, ancien déflaté de Yaoundé et Djilougou Bata, 26 ans, ancien déflaté également, d’Edéa. Les dernières informations rapportent que ces 3 meneurs de la COTRAG ont été solidairement condamnés début décembre à de fortes amendes pécuniaires par le tribunal correctionnel de Meiganga. Pour un montant de 3.979.541 Francs (trois millions neuf cent soixante dix-neuf mille cinq cent quarante un francs), dont 3.900.000 Francs d’amendes et 79.541 F de frais de justice.
Avec des amendes pécuniaires de plus d’une brique par syndicaliste, qui croira que ce n’est pas leur mort certaine qu’on cherche et de leur association syndicale avec ?
Affaire à suivre.
Cyrille-Prosper Doumdjouga Défenseur des DH Lycée Technique de Kaele [email protected]