Cameroun/Comment le régime a utilisé en vain la Covid pour le tuer en prison : Mamadou Mota (1er Vice-Pdt duMRC) raconte

Miraculé d’une entreprise de mise à mort conçue par les fins stratèges du “silencement”(*) des voix divergentes, pour l’éliminer lors des émeutes de juillet 2019 à la prison de Kondengui, le 1er Vice-président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a donné une conférence de presse au siège du parti pour répondre aux préoccupations d’une presse camerounaise et internationale curieuse de partager avec lui les temps forts des plus de 20 mois de calvaire qu’il a subi entre son arrestation le 1er juin 2019 lors d’une Marche Pacifique organisée par son parti pour protester contre le « hold-up électoral » d’octobre 2018 et sa libération en catimini dans la nuit du 4 au 5 février 2021.

A l’entame de cette rencontre avec les hommes des médias qui précédait de quelques instants son départ de Yaoundé pour son Tokombéré natal où il sera accompagné pendant le voyage par son camarade (au MRC ils disent “ami politique”) et mentor, Maurice Kamto, président national du MRC, Mamadou Yakouba dit Mota qui a remercié la presse d’avoir répondu favorablement à son invitation, a surtout mis un point d’honneur à décliner tout ressentiment à l’égard de ceux qui l’ont torturé et presque tué pendant son séjour carcéral :

« Je pardonne à toutes ces personnes. Je leur offre mon pardon. Pour moi, tout est déjà oublié ».

Propos sincère d’une âme transcendante ou posture désespérée d’une victime se résignant à faire contre mauvaise fortune bon cœur parce que ne pouvant faire autrement dans une jungle humaine peuplée de personnages bêtes et méchants ? Toujours est-il que personne ne lui en aurait raisonnablement voulu de vouer ses bourreaux au… karma. Il faut en tout cas une force au-delà de la compréhension humaine pour pardonner à des animaux sauvages ayant revêtu forme d’homme, qui vous ont torturé en vous disant les yeux dans les yeux, et en s’esclaffant,  qu’ils vont vous tuer pour aller s’offrir votre épouse. Sublime Mamadou Mota ! Misérables tortionnaires œuvrant à la diabolisation du régime qui les engraisse, donc à scier la branche sur laquelle ils sont accrochés !

Une fois posé le préambule de son état d’esprit post-pénitencier, le proche collaborateur du président élu s’est attelé à restituer aux hommes et femmes de médias qui s’en doutaient du reste, l’économie des tribulations qui ont meublé son séjour carcéral, que nos confrères de Cameroon Web exposent dans les lignes ci-après :

« “Moins de deux mois après mon arrestation, le 22 juillet, une revendication pacifique des détenus anglophones tourne en mutinerie”, a-t-il précisé.

De celle-ci, partira toute sa mésaventure : d’abord appelé à la rescousse par les dirigeants de la prison, il sera par la suite fait passer pour le mouton noir, accusé d’être de ceux qui ont organisé la mutinerie.

“Lorsque j’ai été approché par les autres détenus pour les soutenir, je leur ai répondu que je ne pouvais pas m’associer à leur démarche, n’ayant pas été associé depuis la préparation. Je ne savais donc pas qu’elles étaient leurs réelles intentions, ni ce qu’ils envisageaient de faire”, a-t-il précisé.

#ctaText??#  Coup d’Etat entrevu contre le MRC, la cinglante réplique de Maurice Kamto

Une réponse qui n’a apparemment pas convaincu l’administration de la prison qui fera libérer quelques “détenus de droits communs pour s’en prendre aux anglophones question de mettre fin à la crise. Malheureusement pour eux, ceux-ci fondront plutôt en direction des quartiers huppés de la prison pour dépouiller les ministres et autres directeurs généraux de tout ce qu’ils peuvent, bijoux, téléphones, et autres bien”.

D’une grandeur d’âme infaillible, le jeune Ingénieur Agronome qui a mis à rude épreuve l’omnipotence présumée du régime dans la région de l’Extrême-Nord a déjà pardonné à ceux qui rêvaient de l’envoyer quelques mètres sous terre pour “prendre sa femme” et à leurs commanditaires.

Or, à l’arrivée de la gendarmerie, monsieur Mota sera à nouveau convoqué et cette fois, pour être molesté, agressé, pris en photos et humilié. Tout ceci, avant d’être conduit vers le Secrétariat d’Etat à la défense (SED), où il sera gardé en détention et soigné. C’est là que son bras sera plâtré. 17 jours plus tard, il sera ramené à Kondengui et son procès sera ouvert au TGI d’Ekounou. À l’issue de celui-ci, il sera condamné à deux de prison ferme. Il fera appel de cette décision et avant même que le procès ne commence en appel, de nombreux détenus seront libérés à cause du Covid, via une mesure présidentielle.
Malheureusement pour Mota, « un paragraphe restrictif sera introduit dans cette décision pour m’empêcher moi de sortir de prison, espérant que je serai tué par le Covid. Ils préciseront que les détenus ayant signé un mandat de détention provisoire durant leur détention en étaient exemptés ».
La désillusion se poursuivant, il sera à nouveau condamné en appel. Mais cette fois, sa peine connaîtra une légère réduction de 6 mois. « Je suis aujourd’hui dehors parce que j’ai fini de purger ma peine ».
   

(*) Dans le langage de l’homme de la rue camerounais, le “silencement” est un néologisme qui désigne les actions – inhumaines et d’une barbarie extrême- de certains éléments zélés du régime –qui n’ont pas forcément reçu l’aval pour le faire de la haute hiérarchie du pouvoir-, pour contraindre au silence, les voix qui dérangent l’establishment, voire les y réduire définitivement au moyen d’assassinats maquillés en accidents, en maladies fatales ou en disparitions mystérieuses. A en croire les théoriciens de ette terminologie, les journalistes Jules Koum Koum, Pius Njawe, Ateba Eyene, Bibi Ngota, l’artiste musicien Lapiro de Mbanga, les avocats Me Sylvain Souop et Tchakounté Patie, Monseigneur Jean-Marie Benoît Balla, les sœurs de Djoum, Mgr Yves Plumey, Jeanne irène Biya, Le Père Engelbert Mveng, Simon Mpondo, Guerandi Mbara Goulongo, Jean Fochivé… ainsi que de nombreuses autres figures sociopolitiques, ou du monde économique, ou encore de la culture, aujourd’hui défuntes, font partie des victimes du “silencement”. Un avis que ne partage pas nécessairement Cameroonvoice du fait du manque de preuve pour le corroborer.

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