Ancien proche collaborateur du président de la République passé depuis dans le camp adverse où il a soutenu la candidature du président élu Maurice Kamto à la présidentielle de 2018, un choix qu’il a durement payé de 9 mois de séjour carcéral, Christian Penda Ekoka, par ailleurs président du mouvement citoyen “AGIR/ACT” est particulièrement suffoqué par la décision du président Paul Biya d’autoriser des dépenses supplémentaires de l’ordre de 55 milliards de Francs CFA pour la suite des travaux de construction du Stade Paul Biya au quartier Olembe à Yaoundé.
En effet, le 16 février dernier, le chef de l’Etat a signé un décret autorisant le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, à signer avec la Standard Chartered Bank de Londres et BPI France Export, une convention de crédit d’un montant de plus de 55 milliards de FCFA pour le financement du projet d’achèvement des travaux du Complexe sportif d’Olembe à Yaoundé. La décision présidentielle aujourd’hui querellée viserait selon les sources de Cameroonvoice à faciliter la tâche à l’entreprise canadienne chargée de la maîtrise d’œuvre, MAGIL, qui éprouverait des difficultés financières pour mener à leur terme les travaux de finition de l’infrastructure sportive que le gouvernement camerounais rêvait futuriste (un stade de football de 50 000 places, un complexe multisports, ainsi qu’un hôtel destinée à accueillir les matches de la Coupe d’Afrique des Nations Cameroun 2022).
Il convient de rappeler qu’après la résiliation le 29 décembre 2019 –par le ministre des Sports et de l’Education physique, Narcisse Mouellé Kombi– du contrat qui liait le Cameroun et le constructeur italien Gruppo Piccini pour la construction du stade de Yaoundé, l’entreprise canadienne MAgil qui avaitpris la suite annonçait, le 3 décembre suivant, par la voix de son représentant au Cameroun, Franck Matière, en assurer intégralement le financement : «Magil devait financer à 100% les travaux du Complexe sportif d’Olembé. Cela signifie qu’après la signature de l’accord de financement et de l’accord contractuel, Magil sera en conformité avec la réglementation en vigueur au niveau de la banque internationale, mais la trésorerie et les fonds publics ne sont jamais tirés car nous assurons un financement à 100% ».
Que s’est-il passé pour que Magil qui réalise de grands chantiers en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud et en Europe avant d’être payé doive attendre tendre la main pour le financement de la suite d’un chantier moins important que ceux auxquels il fait habituellement face ? Certes penchent pour un manque de crédibilité du Cameroun décelé en filigrane à travers son démêlé avec Gruppo Piccini. Mais ceci est une autre affaire, puisque l’autorisation d’emprunt et de dépenses pour le stade “illustrement” éponyme rentre dans le cadre d’un emprunt global de 144 milliards qui devront servir pour l’achèvement de nombreux chantiers qui ont déjà engloutis des centaines de milliards et sont censés avoir été réalisés depuis belle lurette. Voilà qui choque au plus haut degré l’économiste rigoureux Penda Ekoka qui, trouve l’acte présidentiel injustifié, voire criminel, s’est d’un tweet pour rappeler les principes fondamentaux qui doivent guider la dépense publique éthique :
« L’autorisation du PR pour des crédits extérieurs en devises équivalents à 144 milliards FCFA pour l’achèvement d’ouvrages censés être terminés depuis 2018 révèle des défaillances de gouvernance, qui ne surprennent plus personne : un pilotage à vue et une absence de planification et de prospective ; des crédits commerciaux très onéreux (7 à 10% de taux d’intérêt) comparés à des prêts concessionnels à taux modérés recommandés par tous les experts avisés, y compris la banque et le FMI, pour le financement des infrastructures; des stades surdimensionnés et surenchéris sans retombées économiques, sociales, culturelles et sportives conséquentes. Tout ceci sur fond de corruption et de gaspillage de l’argent public, dépensé sans reddition des comptes, face à une carence cruelle d’infrastructures sanitaires et autres. Arrêtez d’abuser de la signature souveraine du Cameroun et d’hypothéquer la vie des jeunes générations. ».
Relevons que l’ancien Conseiller Technique à la Présidence de la République chargé des Affaires Economiques n’est pas le seul à être remonté contre cet autre fait de trop du Prince qui va plumer le contribuable encore plus. Le journaliste Jean-Bruno Tagne s’en est aussi offusqué dans un post sur sa page Facebbok.
« Vous n’avez pas de limites! 55 milliards rien que pour la touche finale au stade Olembe! C’est le prix d’un autre stade complet dans des pays où l’argent public est respecté »,
s’est étranglé le journaliste vedette de Naija TV, ancien Directeur Adjoint de la télévision privée Canal 2 International.