Les constats de la Chambre des comptes sont sans appel. Il relève à grands traits « L’absence de prise en charge dans les livres du comptable matières [du ministère de la Santé publique] du don de 100 000 masques de protection et 1000 équipements de protection individuelle de M. Jack Ma », peut-on lire entre lignes de ce document. En clair, le don de 20 000 kits de test, 100 000 masques et 1000 équipements de protection offerts au Cameroun par Jack Ma, le fondateur du groupe Alibaba, le 26 mars 2020 n’a pas été enregistrés dans les registres officiels. Un flou de gestion que la Chambre a également remarqué dans la quasi-totalité des dotations dont a bénéficié le Cameroun. Les documents de la comptabilité matières pouvant permettre de suivre leur destination et leurs usages sont inexistants.
Un audit minutieux de certains marchés spéciaux des ministères de la Santé publique et celui de la Recherche scientifique et de l’Innovation font froid dans le dos. Pour le cas du Minsanté, des griefs ont été remarqué dans l’attribution des marchés spéciaux et lettres commandes spéciales : « les conditions dans lesquelles les marchés spéciaux leur ont été attribués sont restés inconnus de la Chambre des comptes, ce qui traduit une certaine opacité dans l’attribution de ces marchés t lettre commande spéciales, laquelle a affecté la plupart des contrats », fait remarquer le rapport. Sur les 14 activités liées à l’attribution des marchés spéciaux, l’on peut noter : l’acquisition des équipements médicaux de prise en charge des patients atteints de Covid-19, qui a bénéficié d’une enveloppe de 6,284 milliards de Fcfa, mais dispose d’engagements de 11,154 milliards soit un dépassement de 4,870 milliards.
Selon la Chambre des comptes, le suivi de cette activité a été marqué des irrégularités dans l’attribution des marchés spéciaux, la fourniture d’équipements de prise en charge par des prestataires non pré-qualifiés dans la décision du 29 mai du Minsanté et bien d’autres. La production de la chloroquine et de l’azithromycine pose un réel problème lorsqu’on se penche sur les initiatives du Minresi, Cette activité bénéficié d’un budget de 4,054 milliards, n’a été utilisé qu’à hauteur de 657,088 milliards de Fcfa, par l’Institut de recherche médicales et d’études des plantes médicinales (Impm), pour a fabrication de 5 millions de comprimés d’hydroxychloroquine et 5 millions de comprimés d’azithromycine.
La Chambre des comptes apprend qu’« en réalité, l’Impm n’a pas lancé de fabrication locale mais a plutôt procédé à l’acquisition en Inde de 5 millions de comprimés d’hydroxychloroquine, 500 000 comprimés d’azithromycine et 300kgs d’intrants azithromycine, livré le 29 juillet 2020», une manœuvre contraire à la réglementation en vigueur tant l’acquisition des médicaments revient à la Centrale nationale d’approvisionnement en médicaments et consommables essentiels (Cename).
Dans sa conclusion, la Chambre des Comptes estime que l’ensemble des dysfonctionnements dans le système organisationnel et autres irrégularités méritent au moins une procédure de gestion de fait, 30 procédures de fautes de gestion et 10 procédures judiciaires.