Selon des récents sondages, 20 % de la population camerounaise (estimée à 25 millions d’habitants) sont porteurs de la drépanocytose. Dans le cadre de commémoration de la douzième édition de la journée mondiale de la drépanocytose ce 19 juin, plus de 300 drépanocytaires se sont retrouvés à l’hôpital de la Convention baptiste du Cameroun à Etoug-Ebe. Ils sont venus du Littoral, l’Ouest, le Sud-Ouest et le Nord-Ouest du Cameroun. C’était une occasion particulière pour des personnes souffrant de la maladie depuis plus de 50 ans de raconter comment elles ont pu survivre pendant tout ce temps.
Ashu Egbe est âgé de 55 ans et se considère comme « un guerrier de la drépanocytose parce que nous traversons les défis de la vie, les douleurs et nous pensons que nous sommes des guerriers, des vainqueurs. Les plus jeunes doivent être courageux, éviter les rhumes ou les chaleurs extrêmes et boire beaucoup de boissons non alcoolisées. Si vous avez un régime normal de riche en légumes que vous respectez, vous pouvez vivre longtemps avec votre maladie », conseille M. Egbe qui a créé une association dénommée la Fondation Ashu Egbe pour informer les drépanocytaires à la connaissance de leurs droits et encourager les gens à considérer les drépanocytaires comme des citoyens normaux.
Un témoignage qui vient contredire les nombreux préjugés qui circulent généralement au sujet des personnes atteintes de cette maladie au Cameroun. Il y a des croyances superstitieuses qui laissent croire que la drépanocytose est une punition divine pour les pécheurs. Bien d’autres considèrent que les personnes atteintes de la maladie meurent avant l’âge 25 ans parce qu’elles sont maudites. Bien souvent, les couples ayant des enfants drépanocytaires sont contraints par leurs familles à divorcer.
Les drépanocytaires s’indignent également du mauvais traitement qui leur est réservé dans les formations hospitalières. « Parfois, nous sommes malades, mais nous avons peur d’aller à l’hôpital parce que si vous arrivez à l’hôpital à 7 heures du matin, vous serez reçu à 10 heures. Imaginez la douleur que vous endurez. Les médecins vous diront que vous n’êtes pas la première personne à avoir mal. Ce sont les choses qui nous font devenir psychologiquement fous. Je supplie le ministre de la Santé de créer un centre d’hématologie uniquement pour les drépanocytaires au Cameroun. Notre système immunitaire est d’abord faible. Le COVID-19 et la drépanocytose sont un ensemble de problèmes » confie Francis Glenn drépanocytaire âgé de 27 ans.
La pandémie de Covid-19 a été l’objet d’une grande inquiétude pour les personnes atteintes de drépanocytose. La présidente de l’Association nationale pour la protection des drépanocytaires du Cameroun, Lydie Ze Meka reconnait que de nombreux drépanocytaires sont réticents aux mesures de précautions décidées contre le coronavirus et notamment face à la vaccination. Ces personnes courent pourtant un grand risque. « Le coronavirus s’attaque aux poumons et que les drépanocytaires ont des poumons fragiles qui sont constamment exposés à des infections pulmonaires pouvant entraîner la mort », prévient dame Ze Meka. Elle œuvre au quotidien pour encourager tous les drépanocytaires à prendre les dispositions idoines pour se protéger contre le COVID-19.
Selon les Nations unies, la drépanocytose est courante dans la majeure partie de l’Afrique subsaharienne, touchant près de 3 % des naissances dans certains pays africains. L’instauration de la journée mondiale de la Journée mondiale de la drépanocytose vise justement à sensibiliser le public au sujet de cette maladie qui perdure en raison de l’ignorance. Les Nations unies encouragent les couples à effectuer des consultations médicales avant de se marier et d’avoir des enfants.