Crise anglophone Médecins sans frontières quitte le Nord-ouest

Priver les nécessiteux des soins de santé d'urgence en pleine crise est une décision difficile, mais c'est celle que Médecins Sans Frontières (MSF) a dû prendre après que le gouvernement ait suspendu ses opérations pendant huit mois.

Les autorités camerounaises ont accusé le groupe humanitaire d’aider des groupes séparatistes dans la région du nord-ouest, une accusation que le groupe a fermement démentie. « Nous ne pouvons tout simplement pas rester indéfiniment en attente dans une zone où nous ne sommes pas autorisés à faire notre travail, a-t-elle déclaré. Mais nous espérons toujours que les autorités [camerounaises] reviendront sur cette décision pour le bien de la population, car des milliers de patients ont bénéficié de nos services d’urgence gratuits. Nous maintenons donc un bureau de liaison pour poursuivre le dialogue dans la région et au niveau central. », a lancé Laura Martinelli, coordinatrice de MSF dans cette partie du Cameroun où des milliers de personnes ont besoin d’un accès aux soins de santé.

Elle explique que MSF est prêt à reprendre ses activités aussitôt que les autorités camerounaises lèveront la suspension qui pèse sur l’entité. Elle a déclaré que la présence de MSF était vitale car le groupe d’aide était l’une des rares organisations médicales internationales à offrir des soins gratuits aux personnes dans le besoin, fournissant des services d’ambulance 24 heures sur 24 aux civils dans la région du nord-ouest.

Cette décision inattendue aura de lourdes conséquences selon Kennedy Tumenta, coordinateur du centre de soins intégrés de santé mentale pour l’humanité à Babungo. Si la formation hospitalière dont il a la charge s’occupait de la prise en charge psychologique des civils secourus et pris en charge par MSF, il s’inquiète du nombre de civils qui seront désormais livrés à eux même dans cette région en crise.  Le retrait de Médecins sans frontières est un revers « pour les organisations comme la nôtre qui fournissent des services de santé mentale aux personnes en détresse, en particulier dans cette région où la crise a accru les difficultés d’accès à certains services de santé de base. Nous espérons que le gouvernement et Médecins sans frontières trouveront des moyens de résoudre ce problème. », explique le spécialiste.

En juin, le ministère camerounais de la Santé a indiqué que près de 30 % des hôpitaux de la région du Nord-Ouest ne fonctionnaient plus en raison d’attaques séparatistes, et que des centaines soignants avaient fui vers des villes francophones pour se mettre en sécurité.

Cyrille Etoga, analyste de la santé à l’Université de Yaoundé, a déclaré que le Cameroun devrait savoir faire la distinction entre les activités d’une organisation internationale réputée et les groupes qui pourraient collaborer avec les séparatistes. Selon lui, le gouvernement camerounais devrait inculper légalement les personnes soupçonnées de collaborer avec les séparatistes au lieu de suspendre MSF.  A lui en croire, le Cameroun a besoin de l’aide d’organisations comme MSF pour répondre aux besoins croissants en matière de santé de ses citoyens dans les zones de conflit.

En 2020, le gouvernement camerounais, le ministre camerounais de l’administration territoriale, Paul Atanga Nji, avait annoncé la suspension de MSF en décembre 2020 . L’organisation était accusée d’entretenir des relations étroites avec les séparatistes. MSF dément fermement ces accusations et affirme que son seul objectif est de sauver des vies.

Selon MSF, plus de 1,4 million de personnes ont besoin d’aide humanitaire dans les régions occidentales du Cameroun, où l’accès aux soins de santé est extrêmement limité. La crise séparatiste qui a débuté dans les régions anglophones du Cameroun en 2017 a tué plus de 3 000 personnes et en a déplacé 750 000, tant à l’intérieur du pays que vers le Nigeria voisin, selon l’ONU.

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