Les témoignages accablants sont nombreux laissent apparaître que l’armée régulière du Cameroun a tué plusieurs civils lors de raids de représailles menés lundi contre des séparatistes. Des accusations niées en bloc par l’armée, qui s’est livrée à de violents affrontements qui ont coûté la vie à sept soldats. Leur véhicule blindé a heurté un engin explosif improvisé. C’était dans le village de Kikaikelahki. Accréditant l’hypothèse des tueries en masse, l’Église presbytérienne du Cameroun demande une enquête indépendante sur les rapports faisant état de la mort de civils. Si le gouvernement reconnait que des troupes ont été déployées après la mort des militaires à Kumbo pour combattre les séparatistes, il indique que d’autres troupes ont été déployées pour trouver et tuer les séparatistes qui ont placé l’engin explosif.
Pour davantage blanchir l’armée camerounaise, le gouverneur de la région du Nord-ouest Adolphe Lele Lafrique Tchoffo Deben indique que les troupes ont reçu l’ordre de rechercher et de saisir les armes utilisées illégalement par les séparatistes « La circulation de ces armes a été interdite par le gouvernement, et nous avons donné des instructions aux autorités administratives et aux forces de sécurité pour récupérer toutes ces armes et munitions qui circulent dans la région. Beaucoup d’armes ont été prises et sont maintenant gardées au niveau des services administratifs et de sécurité. Le processus est en cours. »
L’armée camerounaise a indiqué qu’en représailles au meurtre des sept soldats, elle a tué 13 combattants. Le témoignage de Philip Ndongwe, enseignant à Kumbo est contraire. Il indique que les militaires ont fait irruption dans les écoles. « Ils ont en fait sauté dans le campus, tiré en l’air, c’était la panique et il n’y avait rien que je puisse faire à part me débattre pour aussi me sauver. Je me suis d’abord caché sous la table. C’était tellement traumatisant. » a-t-il confié. Il renseigne également qu’un chauffeur de taxi-moto bien connu dans la zone a été pourchassé et tué par des militaires.
Les leaders religieux de Kumbo sont montés au créneau pour dénoncer l’enlisement de la situation. Le modérateur de l’Église presbytérienne du Cameroun, Fonki Samuel Forba, invite à nouveau le gouvernement à privilégier la voie du dialogue pour résoudre la crise dans les régions à majorité anglophone. « Il devrait y avoir un cessez-le-feu dans ce pays. Les affrontements armés ne résoudront pas ce problème. Tant que nous ne nous assiérons pas en famille pour parler de nos problèmes, nous ne les résoudrons pas. » a-t-il lancé. Le régime Biya a toujours opté pour la violence depuis le déclenchement de la crise malgré près de 3000 morts et des milliers de déplacés.