Les habitants des villes de Buea et Limbe, dans la région du Sud-Ouest du Cameroun, affirment qu’au cours des deux dernières semaines, il y a eu une augmentation notable des troupes et des camions militaires dans les rues conjointement avec les préparatifs de la CAN dans cette région plongée dans l’instabilité depuis 2016. « J’ai été surpris par le nombre de voitures blindées et de troupes qui entrent à Buea avec celles qui étaient déjà là. Il est très difficile de partir d’un quartier à l’autre dans la ville de Buea sans rencontrer des militaires ou des hommes de sécurité. Dans les marchés et même dans les quartiers résidentiels étudiants, ils sont partout. Ils font les contrôles. Il est très difficile pour vous de sortir de chez vous sans être contrôlé ou vérifié », a confié Fabrice, un habitant de la ville de Buea.
Une information que ne nient pas le gouvernement camerounais. L’armée camerounaise a confirmé que des troupes ont été déployées à Buea et à Limbe pour protéger les joueurs de football, les officiels et les supporters pendant le tournoi. Mais le mystère reste entier sur le nombre de soldats et de véhicules blindés déployés.
Les villes du sud-ouest du pays accueilleront les matches de groupe des équipes de Gambie, du Mali, de Mauritanie et de Tunisie. Les groupes séparatistes ont juré de perturber les rencontres. Ils ont explicitement averti la Confédération africaine de football que les matches de la CAN ne devraient pas avoir lieu alors qu’ils continuent leurs combats contre les forces gouvernementales. Ils disent vouloir éviter que les visiteurs soient pris d’assauts dans les affrontements.
Au cours des deux derniers mois, Buea a signalé au moins six attaques menées par des combattants séparatistes. Les rebelles ont assumé la responsabilité des attentats à la bombe perpétrés en novembre et décembre à l’université de Buea et au marché Great Soppo de la ville, qui ont fait au moins 14 blessés. Pour autant, le gouverneur de la région du Sud-Ouest reste optimiste tout en interpellant les populations. « Nous allons continuer à sensibiliser la population, notamment à la vigilance. Vous savez ce qu’il s’est passé au marché de Great Soppo. C’est la population elle-même qui a saisi le sac et a appelé les gendarmes pour venir le détruire. C’est le comportement, l’action, que nous attendons de la population », a indiqué Bernard Okalia Bilai.
Il ne manque pas de rassurer les populations de Buea et les visiteurs en rappelant que les séparatistes avaient proféré des menaces similaires lorsque Limbe et Buea ont accueilli des matchs du Championnat d’Afrique des Nations sans effet. Il demeure qu’une fête dans une zone militarisée est un feu qui couve allègrement en attendant l’étincelle qui va déclencher les assauts.