Les combats se poursuivent entre l’armée régulière et les groupes armés. Les populations du Nord-ouest et du Sud-ouest continuent de subir l’impact des affrontements armés et de l’insécurité, allant de l’exposition aux tirs croisés, aux enlèvements et aux explosions d’engins explosifs improvisés. Le Département de la sûreté et de la sécurité des Nations unies a signalé 11 incidents liés à des engins explosifs improvisés en décembre, dont quatre dans le Nord-Ouest et sept dans le Sud-Ouest. Si la plupart des incidents avaient pour cible les forces de sécurité, trois incidents signalés dans le département du Fako visaient directement les populations.
Le 6 décembre, des combattants présumés des groupes armés ont fait exploser une bombe artisanale au marché de Soppo. Une deuxième bombe artisanale a été découverte sur le marché et désactivée par les forces de sécurité. Le 13 décembre, l’explosion d’un engin explosif improvisé a été signalée lors d’une foire commerciale sur la place Bongo, dans le quartier de Clerks Quarter. Un nombre indéterminé de personnes ont été blessées. Ces attaques et d’autres signalées à Buea au cours des derniers mois et visant des civils inspirent la peur à la population. La règle des villes mortes imposée le lundi par les séparatistes est toujours en place.
L’épidémie de choléra dans le département du Ndian, au Sud-Ouest, s’aggrave. Au 31 décembre, 521 cas, dont 18 décès, ont été signalés. Il s’agit d’une augmentation importante par rapport aux 105 cas signalés à la fin du mois de novembre. Les acteurs humanitaires continuent de soutenir les districts sanitaires d’Ekondo Titi et de Bakassi de ce département. L’accès est aggravé par le mauvais état des routes tandis que l’accès maritime est difficile en raison de la présence de pirates et des ressources limitées pour atteindre les zones touchées.
La voie maritime est considérée comme le moyen d’accès le plus sûr à la sous-préfecture d’Ekondo-Titi, utilisée par les organisations humanitaires opérant à Bamusso comme alternative aux routes où le nombre d’attaques des groupes armés est élevé. La présence de pirates sur cette route a augmenté les risques de sécurité pour les partenaires et entravera très probablement un accès humanitaire rapide et sûr et la capacité à mettre en œuvre des activités, en particulier celles liées à l’épidémie de choléra.
Les attaques contre les centre de santé se sont poursuivies dans les deux régions. Le 5 décembre, des militaires auraient fait une incursion dans l’hôpital St Mary Soledad à Alakuma- Mankon, dans le Nord-ouest. Au cours de cet incident, des salles ont été fouillées, des patients ont été harcelés et deux combattants présumés des groupes armés qui recevaient des soins ont été arrêtés. Le 26 décembre, l’armée a arrêté une ambulance d’une ONG médicale internationale au poste de contrôle de Nguti, à Kupe-Muanenguba, qui transportait un homme blessé du village d’Ashum, dans l’arrondissement de Tinto, département de Manyu, vers un hôpital de Mutengene, dans le département de Tiko.
Les forces de sécurité ont récupéré le patient et ont ordonné à l’équipe de l’ONG de retourner à Mamfe. Le chauffeur de l’ambulance et l’infirmière ont été arrêtés et placés en détention pour enquête. Sept attaques contre les centres de santé ont été signalées dans le NOSO. Ces incidents constituent toujours une menace sérieuse pour la disponibilité de soins de santé équitables et en temps opportun dans ces régions en crise.
Les déplacements se poursuivent en raison de l’insécurité et de la violence. La protection reste une préoccupation majeure car les civils continuent d’être arrêtés arbitrairement, agressés, enlevés contre rançon et privés d’accès aux services de base. Plus de 2 490 personnes auraient été fui les deux régions en décembre à la suite d’affrontements armés entre les militaires et les groupes armés, par crainte d’être attaquées. Des évaluations d’urgence ont été menées pour identifier les besoins prioritaires de la population affectée. La plupart d’entre elles avaient l’intention de retourner dans leur lieu d’origine dès que la situation le permettrait, en raison des mauvaises conditions de vie dans les campements de brousse et de l’accès limité aux services dans les communautés d’accueil.