Cameroun (NoSo) : Fuites massives après les menaces de représailles de l’armée suite à l’attentat de Bekora

C’est l’une des multiples conséquences,  jours après,  de l’attentat à l’engin explosif non identifié (EEI) qui a ensanglanté la tournée socio-économique du maire et du sous-préfet d’Ekondo-Titi le 2 mars dernier, dans la localité de Bekora, coûtant leurs vies au Sous-préfet Timothy Aboloa, au maire de la commune d’Ekondo-Titi, Kenneth Nanje, au président de la section RDPC (parti au pouvoir) Ebeku Williams, ainsi qu’à l’adjudant Akono, responsable de la sécurité du Sous-préfet, et au chauffeur de cette autorité administrative.

« I don dey call Muna since four days, but he no dey pick phone. Weither dey don already catch hi killam ô, or he don run go for bush with amba them, I no sabiam ». Bardée d’une colonie d’enfants et petits-enfants, neuf au total, “Madame P.” est arrivée à Douala hier vendredi 11 mars,  en provenance du village Ngolo Metoko qu’elle avait quitté  précipitamment trois  jours plus tôt.

Comme elle et sa progéniture, de nombreuses familles rencontrées ce vendredi 2022 au quartier Bonabéri à Douala, ont opté depuis une semaine pour la fuite, abandonnant habitations et champs, y compris les moyens de subsistance, pour avoir la vie sauve.

La raison de ce énième exode ? Les menaces ouvertes proférées –à les en croire- par des militaires entrés le 3 mars à Ekondo-Titi  « dans un convoi de six camions pleins à craquer de soldats lourdement armés » (Sic) et qui auraient procédé à l’encerclement du village Bekora-Barombi, théâtre de l’incident meurtrier, et des localités environnantes à l’instar de Lobe Estate.  

Gare au syndrome ukrainien (?!)

“They openly threatened to do to Bekora and surrounding villages what Vladimir Putin is doing in Ukraine. That they are going to bomb the village, slaughter the young men and burn the fields and the houses », explique au reporter de Cameroonvoice un jeune homme, la vingtaine dépassée, à qui Madame P. confiait en pidgin-english quelques temps plus tôt, ses inquiétudes relativement au fait qu’elle ne parvient pas à joindre son fils au téléphone depuis lundi, non sans dire sa crainte qu’il ait été éventuellement capturé et tué par les militaires, à moins qu’il ait rejoint le maquis des sécessionnistes de l’Etat en projet d’Ambazonie.

Traduction de ce propos que corroborent de vifs hochements de tête et d’incessants « Yes » de Madame P. et de l’un de ses fils,   « Ils ont menacé ouvertement de traiter les populations de Bekora et ses environs  comme Vladimir Poutine traite l’Ukraine. Ils ont dit qu’ils vont bombarder le village, égorger les jeunes et incendier les champs et les maisons. ».

Particulièrement tendue, la situation actuelle semblait prévisible, dès les premières heures ayant suivi l’attentat à l’engin explosif non revendiqué, les autorités camerounaises ayant tout de suite pointé un doigt accusateur sur les sécessionnistes. Une rumeur s’était alors répandue à une vitesse exponentielle dans la contrée, faisant état de ce que de jeunes éléments du terrible Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), pour la plupart des natifs des régions du Centre et du Sud ethniquement liées au président camerounais, Paul Biya, dont le maintien au pouvoir depuis quarante ans semble motiver au fond le chaos tous azimuts dans lequel baigne le Cameroun depuis au moins six ans sur les plans social, politique, sécuritaire et économique- « ont fait savoir qu’ils allaient venger “leurs frères”, à savoir le sous-préfet et le commandant de brigade tués dans l’attentat, car ceux-ci sont des ressortissants des régions du Centre et du Sud dans lesquelles le régime recrute le gros des troupes du BIR ». Cette rumeur pourrait se révéler inexacte si l’on tient par exemple compte du fait que le Sous-préfet tué n’est pas ressortissant d’une région francophone du Cameroun, et a fortiori de l’une des régions dites d’origine de Paul Biya mais plutôt de l’une des régions anglophones.  

Il n’en demeure pas moins qu’elle a eu le don de semer une panique telle que  l’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch avait cru devoir interpeler les autorités camerounaises relativement à leurs responsabilités régaliennes dans ce genre de situations. « Face à de telles pertes en vies humaines, il est essentiel que le gouvernement garantisse une enquête efficace, non seulement pour que les victimes puissent obtenir justice, mais aussi pour décourager de futures attaques et renforcer la protection du droit à la vie et à l’éducation », avait fait savoir HRW, comme pour prévenir tout dérapage.

#ctaText??#  Regain de coups d’État en Françafrique : Un ministre en fonction rappelle le cas Paul Biya aux militaires camerounais ?

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