Les marines de l’OTAN jouent un rôle de fond crucial dans la guerre en Ukraine

Bien que les marines de l'OTAN ne soient pas intervenues directement contre l'invasion russe en Ukraine, l'alliance a augmenté son niveau de préparation et renforcé son dispositif maritime.

Les moyens navals de l’OTAN sont présents de l’Arctique à la Méditerranée pour dissuader toute nouvelle action agressive de la part de la Russie et contribuent activement à la protection des frontières de l’alliance depuis le début de l’invasion russe en Ukraine.

Au cours des deux derniers mois, les alliés de l’OTAN ont déployé environ 80 navires à travers l’Europe, que ce soit dans le cadre d’exercices planifiés ou de circonstances extraordinaires.

Comme l’ont montré les récents événements survenus en mer Noire – avec le tir de missile contre le croiseur de classe Slava Moskva – le rôle des moyens navals reste sous les feux de la rampe. Alors que la guerre en Ukraine attire l’attention de l’opinion publique principalement pour la fourniture par l’Occident de systèmes d’armes ou d’opérations terrestres, le domaine naval joue un rôle essentiel dans le conflit ukrainien.

Cependant, même d’un point de vue maritime, le risque est de considérer la guerre d’un point de vue géographique purement limité, en négligeant l’ampleur plus large qu’elle a dans la zone euro-atlantique au sens large.

Contrairement à la guerre russo-géorgienne de 2008, où l’OTAN a renforcé son dispositif naval en mer Noire en déployant plusieurs unités dans la région, la mise en œuvre par la Turquie des pouvoirs que lui confère la convention de Montreux empêche les navires de guerre de passer par le Bosphore et les Dardanelles. Malgré les limites fixées par le droit international, les navires de l’OTAN contribuent largement à la sécurité générale de l’alliance euro-atlantique, même s’ils ne se trouvent pas à proximité du front ukrainien.

Les groupes d’attaque de porte-avions (GAP) des marines italienne, française et américaine ont navigué dans les eaux de la mer Méditerranée en février et mars 2022. L’ITS Cavour (C-550), l’FS Charles de Gaulle (R-91) et l’USS Truman (CVN-75) ont mené des opérations tri-porteurs visant à favoriser le niveau d’interopérabilité et à soutenir la sécurité maritime en Méditerranée centrale et orientale.

Plus de 15 navires – dont des frégates, des destroyers, des croiseurs et des sous-marins – ont été impliqués, et les moyens aériens basés sur le porte-avions ont effectué des missions de police aérienne sur le flanc oriental de l’OTAN. Alors que le Truman était censé participer à l’exercice OTAN Cold Response 2022, son déploiement en Méditerranée a été prolongé en raison de la situation en Ukraine.

L’ITS Cavour, le FS Charles de Gaulle et l’USS Truman ont mené des opérations conjointes en Méditerranée. (Photo : Marine italienne)

Il est intéressant de noter que les opérations du triporteur ont eu lieu alors que la marine russe a déployé plusieurs unités – telles que le RTS Marshal Ustinov (055), le RTS Varyag (011) et des sous-marins améliorés de classe Kilo – en Méditerranée orientale, opérant depuis l’installation navale de Tartus, en Syrie.

Pendant ce temps, au large des côtes norvégiennes, se déroule l’un des plus grands exercices de l’OTAN : Cold Response 2022. En mars, près de 50 navires de 27 pays ont participé à l’exercice. Deux porte-avions ont été impliqués : Le HMS Prince of Wales (navire amiral de la force maritime à haut niveau de préparation de l’OTAN) et le STI Garibaldi (C-551).

#ctaText??#  Quel pays de l’OTAN n’a pas de troupes en Ukraine ? Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, le Canada et la Pologne en ont déjà (American Conservative)

Si l’on tient compte des unités des deux groupes maritimes permanents de l’OTAN, des navires qui ont rejoint la Cold Response 2022, des groupes permanents de contre-mesures maritimes de l’OTAN et des trois CSG en Méditerranée, près de 80 navires de guerre opéraient en même temps dans le cadre d’opérations de l’OTAN.

Il est également remarquable et rare que cinq porte-avions – de quatre marines différentes – aient été en mer au même moment.

En examinant la mobilisation des forces navales de l’OTAN, il est évident que l’alliance a réagi au regain d’agressivité de la Russie en augmentant son niveau de préparation et en renforçant son dispositif. Mais comment ce déploiement massif de matériel a-t-il affecté la guerre russo-ukrainienne ?

Sur un plan plus opérationnel, les forces navales de l’OTAN contribuent activement à la protection et à la stabilisation du flanc oriental de l’Europe en suivant les navires russes dans le bassin méditerranéen et en assurant une couverture aérienne et antimissile.

Les moyens aériens embarqués sur l’USS Truman auraient effectué près de 75 missions de patrouille aérienne au-dessus de l’Europe orientale. Ces tâches, associées aux opérations menées conjointement avec d’autres plates-formes terrestres de l’OTAN, jouent un rôle important dans la protection des frontières de l’alliance.

D’un point de vue stratégique, comme indiqué dans la stratégie maritime de l’Alliance, les forces navales de l’OTAN ont démontré leur contribution essentielle à la dissuasion, à la défense collective et à la gestion des crises. Une fois de plus, les capacités uniques des forces navales ont offert à l’OTAN un haut niveau de souplesse, de mobilité et de liberté d’action.

Par conséquent, bien qu’ils n’opèrent pas physiquement en mer Noire, la présence des navires de guerre de l’OTAN est de la plus haute importance dans l’Europe d’aujourd’hui. D’une part, la Cold Response 2022 a montré concrètement comment les marines de l’OTAN contribuent à la dissuasion et à la défense collective en “déployant, soutenant et appuyant des forces expéditionnaires efficaces”.

D’autre part, les opérations des trois porte-avions en Méditerranée ont mis en évidence la capacité essentielle de l’OTAN à mener conjointement des missions de projection de puissance.

Le nouveau concept stratégique de l’Alliance sera publié après le sommet de Madrid de juin 2022. Étant donné l’usage intensif que l’OTAN a fait de sa flotte, il sera intéressant de voir si la dimension maritime de l’Alliance de l’Atlantique Nord deviendra encore plus centrale ou sera simplement actualisée.

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