Rome, le 9 mai 2022 : À l’heure où la dégradation des terres progresse et affecte 40 % des terres de la planète, le Fonds international de développement agricole (FIDA) a appelé aujourd’hui à une augmentation significative des investissements pour aider les petits exploitants agricoles à protéger et restaurer leurs terres et leurs écosystèmes et à renforcer leur résilience face au changement climatique. Le FIDA a déclaré que ces investissements sont nécessaires pour assurer la sécurité alimentaire mondiale à long terme.
S’exprimant à l’occasion de la 15e session de la Conférence des parties (COP15) à la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) à Abidjan, le président du FIDA, Gilbert F. Houngbo, a déclaré : “Nous devons de toute urgence mettre en place des chaînes de valeur alimentaire durables. Il faut pour cela augmenter considérablement les investissements dans la restauration des écosystèmes et aider les petits exploitants agricoles, qui produisent un tiers de la nourriture mondiale, à adopter des pratiques qui garantissent la santé et la productivité de leurs sols, renforcent leur résistance au changement climatique, leur assurent des moyens de subsistance décents et préservent la sécurité alimentaire pour tous.
“Le manque de terres productives ne fera qu’exacerber la pauvreté, la faim, la migration et l’instabilité”, a ajouté M. Houngbo.
Entre 20 et 40 % des terres de la planète sont dégradées. Cela affecte directement près de la moitié de la population mondiale et met en péril environ la moitié du PIB mondial – 44 000 milliards de dollars, selon le Global Land Outlook 2 de la CCD. Le rapport note que les communautés rurales pauvres, les petits exploitants agricoles et les populations autochtones des pays en développement sont touchés de manière disproportionnée par la dégradation des sols, la désertification et le changement climatique.
“Il existe de nombreuses solutions pour conserver et restaurer les terres et renforcer la résilience des agriculteurs face au changement climatique. Ces pratiques génèrent de multiples avantages : elles améliorent les rendements agricoles et les moyens de subsistance des petits exploitants, protègent la biodiversité et stockent le carbone. Nous devons les mettre en œuvre à grande échelle de toute urgence”, a déclaré M. Houngbo.
“L’initiative de la Grande Muraille verte au Sahel est un exemple puissant de la manière dont un programme ambitieux de collaboration et de financement peut avoir un impact au niveau local”, a-t-il ajouté.
Les projets financés par le FIDA travaillent avec les petits exploitants agricoles pour restaurer et régénérer leurs terres et les aider à s’adapter au changement climatique en promouvant des solutions basées sur la nature telles que l’agroforesterie, la diversification et la rotation des cultures, la plantation de buissons, l’utilisation d’espèces indigènes et de compost organique, et l’application de techniques simples de collecte de l’eau telles que le creusement de fosses et de croissants qui conservent l’humidité du sol.
Les nations se sont engagées à restaurer un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici 2030. Cela nécessitera une contribution financière de 1 600 milliards de dollars. En outre, les coûts annuels de l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement devraient atteindre entre 140 et 300 milliards de dollars d’ici à 2030. Le financement actuel de l’adaptation au climat, qui a atteint 46 milliards USD en 2019/2020, est loin de répondre à ces besoins, surtout si l’on considère que les petits exploitants agricoles ont reçu moins de 2 % de ces fonds.
Le FIDA est déterminé à accroître ses investissements dans la restauration des terres et le renforcement de la résilience des petits exploitants. Aujourd’hui, le Fonds annoncera son soutien au Programme d’héritage à Abidjan avec une contribution de 130 millions de dollars, comprenant des investissements en cours et de nouveaux financements. Parrainé par la Côte d’Ivoire, pays hôte de la COP15, le Programme de l’héritage d’Abidjan est une initiative multi-partenaires ambitieuse qui vise à assurer la durabilité environnementale des chaînes de valeur alimentaires.
Le FIDA contribue également à l’initiative de la Grande Muraille Verte (GMV) par ses propres investissements dans les 11 pays de la GMV, pour un montant total de 1,4 milliard d’USD. Ce montant vient s’ajouter à un investissement de 480 millions USD acheminé par le biais de divers programmes régionaux en collaboration avec la Banque africaine de développement (BAD), Africa Risk Capacity, le Fonds vert pour le climat (FVC), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la CCD et le Programme alimentaire mondial (PAM).
Le FIDA mettra en œuvre le programme régional d’appui au GGW, financé par le Fonds vert pour le climat, qui vise à améliorer la gestion des connaissances et à optimiser l’impact des projets financés par le GCF dans les pays du GCF. Elle développe également avec le GCF un programme complémentaire pour promouvoir des initiatives innovantes d’adaptation au climat.
Pour accroître ses investissements dans le renforcement de la résilience des petits exploitants agricoles face au changement climatique, le FIDA affectera 40 % de ses ressources de base à l’action climatique au cours des trois prochaines années, soit une augmentation de 35 % (équivalant à 1,2 milliard d’USD) par rapport aux trois années précédentes.
En outre, le Fonds cherchera à catalyser le financement climatique à grande échelle en faisant appel à un large éventail de partenaires publics et privés, notamment par le biais de l’initiative phare du programme élargi d’adaptation pour les petits exploitants agricoles (ASAP+), qui vise à mobiliser 500 millions USD et à approfondir la collaboration avec les trois principaux fonds climatiques mondiaux : le Fonds d’adaptation, le Fonds pour l’environnement mondial et le Fonds vert pour le climat.
Depuis 2000, le FIDA a investi plus de 4 milliards de dollars dans des programmes visant à lutter contre la désertification et la dégradation des sols et à promouvoir la gestion durable des terres.
Avec FIDA