Par la faute des éléments de la force du maintien de l’ordre, un jeune Guinéen de 19 ans a été fauché par balles mercredi en marge d’une manifestation contre la hausse des prix du carburant.
Le procureur de Conakry et les responsables de la police qui ont constaté et confirmé le décès ont annoncé jeudi l’ouverture prochaine d’une enquête, tant il est difficile pour l’instant, d’avoir une idée exacte sur les circonstances de ce meurtre au sujet desquels des témoignages divergent.
Selon l’une des sœurs du défunt, en effet, son frère a reçu une balle dans la tête « dans la confusion », au moment où des manifestants jetaient des pierres sur un convoi de policiers et de gendarmes de passage. Une autre se veut formelle dans son désaccord avec cette précédente version : son frère a été abattu alors qu’il revenait d’une course, et n’a surtout nullement pris part aux manifestations.
« J’ai appris avec amertume la mort d’un jeune homme nommé Thierno, âgé de 19 ans, décédé dans des circonstances non encore élucidées », a communiqué le procureur Alphonse Charles Wright, auquel a répondu en écho le porte-parole de la police, Mory Kaba : “Nous allons ouvrir une enquête”.
Cette triste issue d’une manifestation populaire de protestation est un précédent très fâcheux du gouvernement de transition amené par les militaires sous la conduite du Lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, car depuis ce 05 septembre 2020 où un putsch a libéré le peuple guinéen d’Alpha Condé et de son troisième mandat, on croyait entendre résonner dans le subconscient des Guinéens la célèbre phrase « Plus jamais ça ! », pour dire qu’avec l’éjection du digne successeur du fantasque Moussa Dadis Camara, c’en était fini de cette nuit noire que vivent les Guinéens depuis leur accession à l’indépendance, avec des régimes réellement ou supposément nationalistes, mais champions en tortures atroces et en tueries, obligeant leurs compatriotes de choisir entre se mettre au pas sans autre forme de procès, ou se rebiffer et payer son désaccord de sa liberté ou de sa vie.
Aussi n’est-on pas surpris que dans un communiqué rendu public après la répression des manifestations du 1er juin, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) – qui regroupait des opposants au régime récemment renversé souligne que “la répression sanglante” observée ce mercredi était aux antipodes de l’engagement initial du Colonel Doumbouya “de ne pas commettre les mêmes (meurtres) que ses prédécesseurs“.
Et pourtant, la junte est entrée pleinement dans les erreurs du passé depuis qu’elle a mis la camisole de force aux Guinéens, en décrétant au mois de mai dernier l’interdiction de toute manifestation publique avant le retour en 2025 à un régime civil. Ces interdits iniques de jouir de la liberté d’exprimer son opinion entraineront forcément la transgression, qui entrainera à son tour la répression, donc les meurtres commis par les prédécesseurs Ahmed Sékou Touré, Lansana Conté, Moussa Dadis Camara, et récemment Alpha Condé. troisième mandat,