Interdit formellement par le ministre Hélé Pierre en 1984, alors que celui-ci dirigeait le ministère de l’Education nationale –aujourd’hui scindé en deux ministères -Enseignements Secondaires (MINESEC) et Education de Base (MINEDUB)-, le châtiment corporel, plus particulièrement l’usage du fouet comme moyen et mode d’administration de ce type de… punition, avait de nouveau fait l’objet d’une prohibition plus catégorique à la suite de la promulgation, il y a 25 ans, de la loi N° 98/004 du 14 avril 1998 de l’orientation de l’éducation au Cameroun qui stipule en son articles 35, que : « L’intégrité physique et morale des élèves est garantie dans le système éducatif. Sont de ce fait proscrits : les sévices corporels et toutes autres formes de violence, les discriminations de toute nature, la vente, la distribution et la consommation des boissons alcooliques, du tabac et de la drogue. »
A la suite de nombreux incidents de type violences en milieu scolaire soldés quelquefois par des homicides plus ou moins involontaires (enseignants donnant la mort à leurs élève à la suite d’une bastonnade ou d’une algarade, ou l’inverse se produisant après une rixe occasionnée par la détermination d’un enseignant à soumettre une pupille elle aussi plus qu’à son tour récalcitrante) et très souvent par des blessures graves, voire durablement incapacitantes infligées à leurs “adversaires” par les et ou les autres, la ministre des Enseignements Secondaires, le Pr. Pauline Nalova Lyonga, vient de remettre au goût du jour la mesure d’interdiction de l’usage du fouet jugé désormais comme étant dangereusement conflictogène en milieu scolaire.

Cette réitération a fait l’objet d’un communiqué radio-presse rendu public lundi, 16 janvier 2023. Un communiqué dans lequel le plénipotentiaire des Enseignements secondaires menace de sanctions les établissements et/ou enseignants qui contreviendraient…à la réglementation en vigueur en matière de sanctions.

Si la mesure du ministre arrange les défenseurs des droits de l’homme en général et des droits des enfants en particulier, elle n’en relance pas moins le débat très vif au Cameroun sur « l’impérieuse nécessité » de l’utilisation du bâton à l’école, préconisée par les vieux de la vieille école de l’éducation “musclée” comme moyen de circonscrire efficacement les comportements licencieux des élèves, ou de son inanité, comme le font valoir les défenseurs d’un mode d’éducation fondée sur la patience de l’enseignant, sa capacité à être à l’écoute de ses “disciples” et à faire montre d’une compréhension à toute épreuve pour inculquer à ceux dont il a la charge de la formation intellectuelle et morale les valeurs de respect de la dignité humaine, de tolérance et de gestion des conflits humains par la recherche du compromis et non par la contrainte. A en croire ces derniers qui affirment mordicus que le bâton ne fait pas partie des instruments de pédagogie ou des manuels didactiques homologués par les autorités en charge de l’éducation, c’est cette façon moyenâgeuse d’éduquer les enfants par le bâillon et le baston qui a fabriqué des personnages obtus, carrés et monstrueux comme Hitler, Bokassa, Idi Amin Dada, Staline, Ceaucescu, Mengistu…
Au milieu de ces deux “écoles” il y a celle des gens qui pensent que l’on peut« alterner le bâton et la carotte », mais accorder la priorité à la carotte. Selon eux, ça marche à tous les coups, en ce sens ça permet à la fois d’éviter le laisser-aller total, et de faire des élèves d’aujourd’hui des personnes équilibrées et non des hommes et femmes renfermés et aigris.
Le débat est loin d’être clos. Manifestement !