Crise anglophone : l’urgence d’une médiation canadienne

Rejetée par le Ministre de la Communication camerounais, la médiation voulue par le Canada n'en reste pas moins une main tendue providentielle pour la résolution du conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Désastreux bilan

On en est à un point où la crise dans les régions à majorité anglophone ne devrait plus seulement susciter des annonces pour voiler la face. Après 7 ans de guerre sans discontinuer, le gouvernement se permet la liberté de repousser les échéances véritables d’un retour à la normale, sans doute, parce que dans les plus de 4000 morts et les millions de déplacés, ils n’est pas directement affecté dans les cités capitales.

La sale guerre dans le NOSO a décimé des familles entières, brisé tellement de vies qu’on n’en compte plus au quotidien. Le peu de familles qui ont résisté aux épreuves du conflit vivent dans la terreur, pour celles qui ne songent pas à prendre les armes, avec des enfants dont l’avenir s’écrit en pointillés. Malgré les appréhensions, les deux régions ne sont plus un cadre propice pour les affaires, l’éducation et partant pour une vie prospère.

Pour corroborer cette rupture de dynamique sociale, il est loisible de remarquer que c’est très souvent sous forte escorte que les officiels du gouvernement, pour ceux qui s’y risquent, se rendent dans les deux régions en crise. Le Président Paul Biya, lui-même qui a déclenché la guerre aux groupes séparatistes n’a jamais eu le courage de rendre une visite d’affirmation au milliers de soldats déployés dans ces régions, qui risquent leur vie tous les jours. Pourquoi ? Sans doute pour permettre d’atteindre plus lentement un bilan plus lourd.

Echecs

D’évidence, le bilan sans cesse important ne trouve une explication logique que dans les mesures envisagées par le gouvernement dans la perspective de la résolution de la crise. S’il avait été organisé en grande pompe à l’initiative de Paul Biya du 30 septembre au 4 octobre 2019, le Grand dialogue national s’est révélé être un véritable échec de l’avis de nombreux observateurs. Les participants au rendez-vous avaient été critiqués du fait de ne pas être la traduction des parties prenantes dans le conflit.

Dans le même temps, le format de l’organisation de ce grand dialogue national prêtait le flanc à une à pluralité de considérations négatives. L’assise avait pris la tournure d’un conseil des ministres et de gouverneurs, doublé de l’absence assumée de Paul Biya, pourtant garant de l’intégrité du pays, lui qui avait déclaré la guerre aux séparatistes.

#ctaText??#  Regain de coups d’État en Françafrique : Un ministre en fonction rappelle le cas Paul Biya aux militaires camerounais ?

Le devenir des résolutions du grand dialogue national renseigne sur la pertinence des travaux. Du statut spécial accordé aux régions à majorité anglophone aux réformes sur la Common Law en passant par la mise en place des comités de désarmement et de remobilisation des personnes radicalisées, entre autres, les implications sur le cours de la crise ont été sans ampleur. En témoigne la radicalisation plus affirmée d’une frange de la population, et une prolifération de groupes radicaux. Le nombre de morts et les séries d’enlèvements consolident l’idée que la crise prend encore plus de proportions.

L’offre opportune du Canada

L’option de la résolution pacifique de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a longtemps été proposée au Cameroun. Les Etats-Unis d’Amérique, la Suisse, la France et pas seulement. Il apparaît clairement que la conférence des populations anglophones était l’une des meilleures brèches que pouvait saisir le Cameroun, du fait de la nature de ses acteurs et leur influence sur le cours de la crise. L’option est désormais insaisissable du fait de la radicalisation accentuée par l’Etat et la disparition de ses devanciers qui avaient l’avantage de l’influence.

La main tendue du Canada exprimée par son Ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a tout d’un pont d’or inespéré. Contrairement aux pays susmentionnés, le Canada a l’avantage de la proximité avec les réalités du Cameroun. Tenez ! le pays d’Amérique, tout comme le Cameroun, a fait l’expérience de l’influence de la France et de la Grande Bretagne. De plus, le pays a le dual héritage du français et de l’anglais à l’origine de la discorde au Cameroun. A l’évidence, le Canada a su braver les défis de cette particularité.

Le Canada a donc de la ressource pour orienter le Cameroun dans la voie de la résolution du conflit dans les deux régions ; ce d’autant que le pays a l’avantage de la crédibilité. Le gouvernement camerounais a-t-il un intérêt précis à refouler la volonté généreuse du Canada ? Difficile à dire ! il apparaît clairement que les officiels camerounais refusent toute aide extérieure en agitant le drapeau de la souveraineté, alors que la seule victoire perceptible jusqu’ici n’est que militaire avec les morts qui s’accumulent de jour en jour.

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