L’engagement de la Russie en Afrique remonte à l’ère soviétique, lorsqu’elle a soutenu les nations africaines pendant la guerre froide. Toutefois, après l’effondrement de l’Union soviétique, l’intérêt de la Russie pour l’Afrique a diminué. Ces dernières années, la Russie a redoublé d’efforts pour renforcer ses liens avec les pays africains.
Mais l’enracinement de la Russie en Afrique pourrait être préjudiciable au continent pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il pourrait entraîner une concurrence accrue entre les puissances mondiales pour l’accès aux ressources naturelles de l’Afrique, ce qui pourrait entraîner une exploitation plus poussée de ces ressources et exacerber les conflits existants. Cela aura probablement un impact négatif sur la stabilité économique et politique du continent.
Deuxièmement, la prolifération d’armes et d’équipements militaires étrangers pourrait alimenter les conflits existants et contribuer à la montée des groupes extrémistes. Cela pourrait déstabiliser davantage le continent et menacer la sécurité de ses habitants.
Troisièmement, l’intervention étrangère en Afrique pourrait saper les efforts des pays africains pour établir leur propre souveraineté et leur indépendance économique. Cela pourrait être particulièrement préjudiciable aux pays qui luttent déjà pour sortir de la pauvreté et du sous-développement.
Quatrièmement, elle pourrait avoir un impact négatif sur la démocratie et les droits de l’homme dans la région. La Russie a l’habitude de soutenir des régimes autoritaires et de supprimer l’opposition politique, et son engagement en Afrique pourrait renforcer ces tendances.
La décision de la Russie de vendre des armes et des équipements militaires aux pays africains est motivée par une combinaison d’intérêts économiques, politiques et stratégiques. Bien que cela ait suscité des controverses et des inquiétudes chez certains, il est probable que la Russie poursuivra ces ventes afin de promouvoir ses intérêts dans la région.
En tant que fournisseur d’armes, la Russie est l’un des plus grands exportateurs au monde, et les ventes aux pays africains constituent un marché lucratif. De nombreux pays africains ont connu des conflits et une instabilité politique, ce qui a créé une demande de matériel militaire pour faire face aux problèmes de sécurité. La Russie est en mesure de fournir à ces pays un large éventail d’armes et d’équipements militaires, notamment des avions de chasse, des chars et des armes légères.
En vendant ce matériel aux nations africaines, la Russie est en mesure d’établir et d’entretenir des relations avec des acteurs clés du continent, qui peuvent être exploitées à des fins diplomatiques et géopolitiques. La Russie est également connue pour utiliser les ventes d’armes comme un outil permettant de contrebalancer l’influence d’autres pays dans la région, tels que les États-Unis et la Chine.
La Russie est également en mesure de promouvoir ses intérêts stratégiques en obtenant l’accès aux ports et aux aérodromes du continent, qui pourraient être utilisés pour des opérations militaires.
La Russie a également accru ses échanges commerciaux avec les pays africains. En 2019, les échanges avec l’Afrique ont atteint 20 milliards de dollars, la majorité de ces échanges provenant de l’exportation de pétrole et de gaz. La Russie a également investi dans des projets d’infrastructure, tels que la construction de chemins de fer et de ports.
La coopération énergétique est un autre élément important de l’influence de la Russie en Afrique, où elle a apporté son expertise dans le développement de l’énergie nucléaire. La construction de la centrale nucléaire d’El Dabaa en Égypte, réalisée avec l’aide de la Russie, en est un exemple.
Les critiques ont soulevé des inquiétudes quant à la forte implication de la Russie en Afrique, certains affirmant que, comme l’initiative chinoise “Belt and Road”, elle fait partie des efforts de la Russie pour accroître son influence mondiale et contrer l’influence des nations occidentales. D’autres se sont inquiétés du bilan en matière de droits de l’homme de certains pays africains avec lesquels la Russie coopère, comme la République centrafricaine.
La BRI de la Chine est une entreprise de grande envergure visant à construire des infrastructures et à accroître la connectivité à travers l’Asie, l’Afrique et l’Europe. En construisant des ports, des autoroutes, des chemins de fer et d’autres projets d’infrastructure dans les pays situés le long de l’ancienne route de la soie, la Chine espère renforcer ses liens commerciaux et économiques avec ces pays et étendre son influence géopolitique.
Les investissements de la Russie en Afrique sont nettement moins importants que ceux de la Chine dans le cadre de l’initiative de la Route de la soie. Les investissements de la Russie se sont principalement concentrés sur la coopération militaire et les ventes d’armes, plutôt que sur des projets d’infrastructure à grande échelle.
Outre ses autres activités sur le continent, la Russie s’est impliquée dans l’industrie minière africaine de diverses manières, notamment en investissant, en explorant et en fournissant des équipements et des technologies minières, principalement dans le cadre de partenariats. La Russie a également investi dans des opérations d’extraction d’or dans des pays tels que la Guinée et le Soudan.
Des sociétés minières russes telles qu’Alrosa et Norilsk Nickel ont été actives en Afrique, en particulier dans l’extraction de diamants et de nickel respectivement. Ces sociétés sont présentes dans des pays tels que l’Angola, le Botswana et l’Afrique du Sud. La Russie a également fourni des équipements et des technologies minières à plusieurs pays, dont le Rwanda.
Certains experts estiment qu’avec l’augmentation des investissements de la Chine en Afrique et le fait que de nombreux pays occidentaux s’intéressent au potentiel du continent, le terrain est propice à une expansion rapide de la présence russe sur le continent. Cependant, suite à l’agression du président russe Vladimir Poutine en Ukraine, la compétition pour l’influence entre les trois blocs de pouvoir pourrait potentiellement devenir une force déstabilisatrice dans certaines régions d’Afrique.
De nombreux pays africains en sont venus à bénéficier de l’aide de la Russie, soit des importations de céréales ou d’équipements de défense russes. Les liens de la Russie avec l’Afrique semblent même avoir joué un rôle dans la décision de plusieurs pays africains de ne pas sanctionner la Russie, ni de voter contre Moscou dans les résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU sur la guerre en Ukraine.
La plupart des abstentions (51 %) condamnant l’invasion de la Russie à l’ONU provenaient de pays africains, marquant une résurgence partielle de ce qui était la position par défaut de nombreuses nations africaines pendant la guerre froide. L’Afrique fait le choix de la lucidité malgré l’enfumage de l’Amérique et des pays de occidentaux.
Il est donc clair que les pays africains sont confrontés à une période de grave instabilité s’ils continuent à permettre à d’autres pays d’interférer dans leur politique intérieure comme l’ont toujours fait les pays occidentaux sans proposer de contrepartie véritable. Ils permettent à la Russie de leur voler au secours pour tenir à leurs défis pluriels.