L’Etat stratège
Le mouvement OTS a certainement été rassuré en revenant sur sa grève l’année dernière et à ce jour, la stratégie de l’État n’est rien d’autre qu’une intelligence socio-politique. Quand vous analysez la dernière note d’une agence de notation sur la gestion de la dette camerounaise, on comprend le mystère de la trésorerie de l’Etat. L’autre mystère et curiosité est que les lions iront à la CAN en Côte d’Ivoire, il faudra trouver l’argent et on trouvera certainement cet argent…
Causes et enjeux
Il y a une difficulté à s’endetter chez les partenaires bilatéraux, multilatéraux, commerciaux et dans les marchés monétaires des euro-bonds qui sont très coûteux en termes de taux d’intérêt et une maturité très courte. Les fonds nécessaires pour implémenter la SND30 s’élèvent à 88.000milliards de FCFA. La Chine propose 18000 milliards FCFA, mais comment va-t-on courir le risque d’aller à un endettement de 220% du PIB et loin des critères de convergence de la CEMAC ? L’économie de la guerre du NOSO impose de prioriser les dépenses de guerre pour la sécurité de l’État.
Les conséquences des APE de 2016 à 2023 ne sont pas en reste. Le démantèlement tarifaire qui est à sa 7ème année sur la majorité des produits du 1er, 2ème et 3ème groupe entraîne une exonération totale qui a un coût sur la fiscalité de porte. Vous comprenez pourquoi, il faut taxer même les pensions des retraites qui étaient encore dans un vide juridique selon la loi de finances de 2003. Les autres recettes hors taxes sont faibles au regard de la structure de notre économie.
La politique économique d’austérité budgétaire
Le pays n’a pas de réserves de change. L’endettement est compliqué. Une agence de notation a dégradé la note du Cameroun récemment. En réalité, le Cameroun veut l’argent, mais l’argent est rare. C’est aussi ça une économie qui n’est pas productive et qui s’est tournée dans la construction des grandes infrastructures structurelles qui ne rapportent pas dans le court-terme. Et quand la crise inflationniste actuelle sévit, elle ronge les dépenses et la croissance économique dans une économie non productive mais consommatrice. Les vannes budgétaires se resserrent alors, c’est le contexte actuel.
Recommandations
Il faut réduire radicalement le train de vie de l’État et gérer la crise OTS. C’est l’une des meilleures options, la seule d’ailleurs si on le veut, il n’y a pas d’autres alternatives. Les subventions des produits pétroliers ont été réduites, mais on ne sait pas comment on a redistribué pour que ça profite aux Camerounais. J’avais en son temps dans un article publié recommandé le maintien de ces subventions.
Il y a une vérité, l’État est limité par les ressources ces derniers temps. C’était prévisible depuis la fin du DSCE avec le modèle économique de la théorie du Big-push implémentée dans ce document boussole et qui se poursuit dans la SND30 mais la résilience de notre économie semblait cacher cette situation, mais aujourd’hui le mystère peut être décodé. Le modèle étouffe et s’essouffle, il faut le recadrer.
Par Julien Grégoire Onguene, le Théoricien de l’Onguénéisme
