Alors qu’il laissait planer l’hypothèse de reprise en main prochaine, le Président français Emmanuel Macron s’est vu obligé d’annoncer la fin de la présence militaire française au Niger d’ici la fin 2023.
C’est ce dimanche 24 septembre 2023 que le président français Emmanuel Macron a fait cette sortie qui était attendue depuis le renversement du régime Bazoum en juillet 2023. « Nous mettons fin à notre coopération militaire avec les autorités de facto du Niger parce qu’elles ne veulent plus lutter contre le terrorisme », a déclaré Macron au sujet des dirigeants militaires qui ont pris le contrôle de ce pays du Sahel.
La France n’a pas reconnu les autorités militaires du Niger et insiste sur le fait que le président Mohamed Bazoum, renversé lors du coup d’État, reste la seule autorité légitime du pays. La décision de mettre fin à la « coopération » est prise « parce que nous ne sommes pas là pour faire de la politique intérieure et être les otages des putschistes », a déclaré Macron. Le retrait sera organisé dans les semaines à venir, a-t-il précisé.
« Ils reviendront de manière ordonnée dans les semaines et les mois à venir, et pour cela, nous nous coordonnerons avec les putschistes parce que nous voulons que cela se passe dans le calme », a déclaré Macron. Le pouvoir militaire au Niger a déclaré qu’il se félicitait de la décision de la France de retirer ses troupes du pays, selon une déclaration publiée par la télévision d’État nigérienne, Tele Sahel.
« Ce dimanche, nous célébrons un nouveau pas vers la souveraineté du Niger. Les troupes françaises et l’ambassadeur de France quitteront le Niger d’ici la fin de l’année », indique le communiqué. « Les forces impérialistes et néocolonialistes ne sont plus les bienvenues sur notre territoire national ».
« Toute personne, institution ou structure dont la présence menace les intérêts et les perspectives de notre pays devra quitter la terre de nos ancêtres, qu’elle le veuille ou non », ajoute le communiqué. « Notre résistance sera inébranlable et nous ferons face à toute institution ou structure tentant de remettre en cause les intérêts supérieurs de notre nation ».
La France avait stationné des troupes militaires dans le pays, dont beaucoup étaient là pour participer à des missions de lutte contre le terrorisme, au motif que le Niger était une démocratie relativement stable dans une région en proie aux bouleversements politiques, au terrorisme et aux insurrections islamistes,
1 500 soldats sur place
Répondant à une question sur le calendrier du retrait, Macron a déclaré qu’il n’y aurait plus de soldats français au Niger d’ici à la fin de 2023. Au début du mois, deux responsables américains ont également déclaré que les États-Unis pourraient commencer à retirer leurs troupes du Niger dans les semaines à venir. Jusqu’à la moitié des quelque 1 100 soldats américains stationnés au Niger pourraient être retirés du pays, ont déclaré les deux responsables.
Retour de l’ambassadeur de France
Le président français a également déclaré qu’il avait décidé de faire revenir en France l’ambassadeur de son pays au Niger, Sylvain Itte. « La France a décidé de faire revenir son ambassadeur », a déclaré M. Macron. « Dans les heures qui viennent, notre ambassadeur ainsi que plusieurs diplomates reviendront en France. »
Cette annonce intervient un peu plus d’une semaine après que M. Macron a déclaré que l’ambassadeur était « littéralement retenu en otage à l’ambassade de France » et que « la livraison de nourriture était empêchée » à l’ambassade de Niamey, la capitale. Après le coup d’État de juillet, la junte militaire a ordonné à Itte de quitter le pays, puis a révoqué son visa et demandé à la police de l’expulser.
Emmanuel Macron avait alors entamé un bras de fer en clamant ne pas céder aux injonctions d’un régime qu’il ne reconnaît pas, contrairement au régime Bazoum qu’ils reconnaissent. Catherine Colonna, ministre française des affaires étrangères, a déclaré au début du mois qu’Itte travaillait toujours, ajoutant qu’il “resterait aussi longtemps que nous le souhaiterions” et que le retour du fonctionnaire était une décision de Macron.
Son départ a donc été acté sans que Macron n’ait vraiment le choix. Au-delà d’une présence militaire qui permettait à la France de garder son hégémonie sur le Niger, le retrait de cette armée va surtout marquer la fin d’une main mise sur l’Uranium que l’Hexagone s’offrait à prix de singe dans le pays pourtant considéré comme l’un des plus pauvres en Afrique.
