Fonctionnaires de Côte d’Ivoire, ce qui est dit, est dit !

Gens du peuple de Côte d’Ivoire, tout au long de notre quête, de notre lutte commune, pour la préservation de notre dignité, la dignité humaine s’entend, nous vous accompagnerons. Nous serons toujours à vos côtés. Pour fustiger, dénoncer, sans relâche, les œuvres perfides de ceux qui ont choisi la voie de l’autocratie, de la dictature, au détriment de votre liberté ; au détriment de votre bien-être.

Gens du peuple, nous vous exhortions – dans notre précédente chronique – à vous méfier des personnes qui tentent, par des discours mielleux, de vous séduire, afin de vous asservir et ainsi, assouvir leurs désirs égoïstes. Nous vous conseillions par-dessus tout et avec insistance, à refuser de vous laisser endormir par leurs propagandes chimériques.

Aujourd’hui encore, gens du peuple, nous vous réitérons cet appel. De façon solennelle. Mieux, nous vous invitons à redoubler de vigilance. Car le loup est déjà dans la bergerie.

Une fois de plus, les voilà pris la main dans le sac. Ceux qui prétendent nous gouverner, ont préféré nous berner. Ils nous croient atteints de cécité et même de surdité !

C’était à l’occasion du discours de nouvel an, d’Alassane Ouattara, l’homme fort du régime en place. Un discours annoncé par ses nombreux « griots », comme la « bonne nouvelle » qui transporterait de joie, les ivoiriens.
Il a d’abord reconnu dans son intervention: « Oui, la vie est chère. Nombreux sont nos compatriotes, qui éprouvent des difficultés à joindre les deux bouts ». Avant de poursuivre : « (…) les salaires des fonctionnaires étaient bloqués depuis 1988. (…) Le gouvernement a donc décidé de la revalorisation des salaires et du déblocage des avancements des fonctionnaires dès janvier 2014. Avec étalement des effets financiers sur 5 ans ». Puis il conclut: «Ainsi, j’ai le plaisir de vous annoncer qu’avec ces mesures, chaque fonctionnaire verra son salaire augmenter régulièrement, améliorant ainsi, son pouvoir d’achat ».

Quelques semaines après, ce qui était pourtant clair comme l’eau de roche, va livrer tous ses secrets. Seulement 38.000 fonctionnaires sont concernés par la mesure de déblocage des avancements, sur 153.000 fonctionnaires. Soit 80% de fonctionnaires exclus, nous révèle Gnamien Konan, le ministre de la fonction publique. Il venait ainsi de doucher la joie de ceux qui, trop tôt s’étaient laissé convaincre par les paroles d’un homme passé maître dans l’art de vendre des illusions et de la gouvernance tape-à-l’œil plutôt que la gouvernance concrète.

En effet, lorsque l’on dit aux gens du peuple qu’il y aura : « déblocage des avancements des fonctionnaires », il n’y pas mille manières de comprendre cette phrase. Surtout que celui qui a tenu de tels propos n’a fait aucune discrimination en parlant de cette mesure, au moment où il le faisait. D’où vient donc qu’on nous parle de « ceux qui sont cernés » et de « ceux qui ne sont pas concernés » ? Y’a-t-il mille manières de définir le terme : « déblocage des avancements »  ou le mot « fonctionnaire» ?

Certes, les thuriféraires d’Alassane Ouattara, ont tenté, par des explications, les unes aussi saugrenue qu’obscures, de justifier l’injustifiable. Ils affirment : « Loin d’être une exclusion, le Gouvernement a estimé que des engagements actés, relatifs au profil de carrière ont été pris avec des différents corps de métiers depuis 2007 dont 50% des effets financiers de ce profil de carrière ont été payés sous l’ancien régime. Etant entendu que l’Etat est une continuité, et le gouvernement Ouattara pour éviter l’embrasement du front social, a payé 25 des 50 % restants à fin mars 2013 avec rappel des mois de janvier et février 2013. Les 25 % restants seront payés sur le budget 2014 fin janvier 2014. Portant ainsi le taux de réalisation de ces engagements actés à 100 %.

Selon des indiscrétions, le Gouvernement estime qu’il y a déjà eu une amorce de revalorisation des salaires de ces différents corps susmentionnés. (…) Et si le Gouvernement appliquait encore une revalorisation de 12 % sur les salaires, selon des sources, cela pèserait davantage sur le budget actuel ». Seraient-ils en train de nous expliquer que les « performances économiques » dont se targue leur mentor Alassane Ouattara, ne sont en fait qu’un slogan creux et que l’effet d’annonce n’avait  – en fait – pour but que des visées électoralistes ? Sans doute.

Quand quelqu’un – et de surcroit un chef d’Etat – affirme devant les médias que les avancements des fonctionnaires seront débloqués et qu’ainsi : « chaque fonctionnaire verra son salaire augmenter régulièrement », il n’y pas mille façons, pour les gens du peuple, de comprendre cela. Les textes de l’administration sont clairs en la matière. Tout fonctionnaire doit bénéficier d’un avancement tout au long de sa carrière. Si les avancements ont été bloqués pour tous les fonctionnaires depuis 1988, et qu’ils ils doivent être débloqués cette année, ils doivent l’être pour tous, sans exclusive. Revaloriser, ce n’est pas débloquer. Le déblocage est un droit dévolu à tout fonctionnaire, contrairement à la revalorisation qui peut se négocier. Voilà ce que comprend l’homme du peuple. Toute autre explication n’est que pure machination et tentative éhontée pour distraire l’opinion publique.
A moins que nous ne soyons effectivement en face d’un mensonge savamment orchestré ; d’un «trompe l’œil» aux desseins inavoués, de la part de ceux qui nous gouvernent. Car comment expliquer que sur le même sujet, Alassane Ouattara dise une chose et que son ministre en dise une autre ? Nous voilà interpellés.

En effet, ce n’est pas du tout responsable de la part d’un gouvernement. C’est se moquer des souffrances des ivoiriens, notamment des fonctionnaires de Côte d’Ivoire, qui font leur part de sacrifice pour le développement du pays ; c’est instituer la discrimination au sein de cette corporation. Personne n’a mis un fusil sur la tempe de monsieur Ouattara, pour l’obliger à débloquer les salaires des fonctionnaires. S’il veut le faire, qu’il le fasse en toute équité. Cette fois, l’imposture ne passera pas. Ce qui est dit est dit.

Marc Micael
Chroniqueur politique
[email protected]

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