Moyen-Orient : Israël, bras armé des Etats-Unis contre l'Iran

Des roquettes attribuées à l'Iran ont été tirées pour la première fois vers Israël, qui a répondu immédiatement. L'Observatoire syrien des droits de l'homme a fait état d'au moins 23 morts.

 
Il n'a fallu que quelques heures. A peine le président Donald Trump avait-il jeté aux orties la participation américaine à l'accord sur le nucléaire iranien que la situation s'est embrasée. Jeudi, avant l'aube, Israël a lancé en Syrie une série d'attaques sans précédent, destinées à «couper les bras à ce mal en expansion», selon les termes employés peu après par le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, en référence à la présence de l'Iran aux côtés du régime syrien de Bachar el-Assad.

En réalité, coïncidant avec l'annonce de la décision de Trump, Israël avait placé en alerte ses troupes situées sur le Golan syrien (annexé par Israël en 1981), appelé des réservistes, ouvert les abris à la population mais aussi, semble-t-il, décidé d'envoyer plusieurs bombes dans la partie du Golan non occupée par Israël, ainsi que dans la zone industrielle d'Al Kisweh, à la périphérie de Damas, qui auraient tué 8 Iraniens. Cette première montée de tension, passée sous silence par les autorités israéliennes, aurait conduit au tir, sur le Golan, d'une bonne vingtaine de roquettes qui ont toutes manqué leur cible ou ont été interceptées.

C'est à cette attaque sur le Golan – une première depuis des décennies – que l'armée israélienne aurait répondu à son tour, en détruisant plusieurs installations militaires iraniennes en Syrie, mais aussi des batteries de défense antiaériennes de l'armée syrienne elle-même. «Si l'armée syrienne agit contre nous, nous agirons contre elle. C'est exactement ce que nous avons fait», précisait encore Benyamin Netanyahou.

Si le déroulé exact de ces événements a de l'importance, c'est qu'il semble traduire une opération israélienne largement préparée d'avance, sinon coordonnée avec l'administration de Donald Trump. Pour justifier son retrait de l'accord sur le nucléaire iranien, le président américain s'était notamment appuyé sur des «preuves définitives» supposément dévoilées par les Israéliens. Dans son allocution, Donald Trump s'est aussi largement fait l'avocat d'un «changement de régime» en Iran, pratiquement dans les mêmes termes qu'utilisent d'ordinaire les responsables israéliens.

«Même avec l'appui des Etats-Unis et avec le feu vert donné par le président, la campagne militaire reviendra principalement à Israël», note Amos Yadlin, un général israélien à la retraite qui dirige The Institute for National Security Studies. Selon lui, les événements militaires de la nuit, et notamment le fait que les Israéliens semblaient avoir pratiquement prédit l'attaque contre le Golan, traduisent «la capacité impressionnante d'Israël en termes de renseignements». Ils démontreraient aussi l'écrasante «supériorité aérienne» dont dispose dans la région l'armée israélienne.

A en croire la Russie, l'attaque israélienne aurait été menée par 28 avions de combat israéliens, qui auraient largué 60 missiles sur leurs cibles. A cela s'ajouterait en outre l'utilisation d'une dizaine de missiles sol-sol. Mercredi, Benyamin Netanyahou avait été reçu à Moscou par Vladimir Poutine, pour une rencontre qualifié par les Israéliens d'«extrêmement importante», et qui cherchait sans doute à répéter les modalités de non-agression entre Israël et une Russie qui, de fait, maintient le contrôle aérien de la Syrie.

Jusqu'ici, même s'il avait promis des représailles futures, l'Iran avait fait le dos rond face aux précédents bombardements entrepris par Israël contre ses forces ou ses miliciens en Syrie. Le ton a peut-être changé, suite à l'annonce de Donald Trump de se retirer de l'accord, gonflant les voiles de l'aile dure à Téhéran. Même si, de manière surprenante, l'Iran a nié être à l'origine de l'envoi de roquettes qui ont visé le Golan. «Ce n'est pas l'Iran, c'est nous», affirmait pour sa part le député syrien d'Alep Fares Shebabi, qui exprime d'ordinaire sur son compte Twitter les positions du régime syrien.

Elimination autorisée

De leur côté, les Israéliens ont tôt fait d'imputer ces tirs aux Gardiens de la révolution iranienne, dirigés pour leurs unités d'élite par Qasem Soleimani, dont les Etats-Unis auraient par ailleurs autorisé «l'élimination» par Israël, selon des informations du journal israélien Haaretz. «La communauté internationale doit empêcher l'établissement en Syrie de la Force iranienne d'Al Quds», insistait encore jeudi soir Benyamin Netanyahou en référence précisément aux unités d'élite dirigées par le même Soleimani, considéré par beaucoup comme l'un des hommes les plus puissants d'Iran.

Bousculés par le retrait de l'accord iranien de Donald Trump, les Européens appelaient à un «retour au calme». «C'est une question de paix ou de guerre dans la région», s'exclamait la chancelière allemande Angela Merkel à propos de cette dernière escalade.

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