Au delà de toute polémique j'apporte mon soutien au Conseil National de la Communication

Nous avons besoin de préciser ce que nous entendons par institution.
Il nous sera nécessaire en quelques mots de préciser ce que nous devons tous retenir du terme « institution ». Nous devons comprendre que, les citoyens sont, au moins indirectement, les auteurs des lois. En effet, l'article 3 de la toute jeune Constitution camerounaise de 1959, qui ne tenait que sur 4 page a pris la peine de souligner que la souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants (ex : les parlementaires) et par la voie du referendum.

Par ces deux modes d'expression (élection de leurs représentants, vote d'une loi directement par procédure référendaire), les électeurs sont à l'origine des lois en vigueur dans notre pays. Dans ces conditions, ils sont moralement contraints de les respecter dans leur vie quotidienne, qu'il s'agisse de textes ayant trait à leur vie privée ou relatifs à leur vie professionnelle. L'auteur, même indirect, d'une loi, ne peut se dispenser de son application.

Ensuite, les citoyens sont obligés de respecter les lois afin de permettre une vie en société organisée et d'éviter le développement de la loi “du plus fort”. On serait alors dans une situation proche d'une véritable anarchie, chacun agissant selon son bon plaisir, sans souci de la règle commune. L'obligation pour tous les citoyens de respecter les lois est la meilleure assurance que la liberté, les droits et la sécurité de chacun d'eux soient garantis de manière effective.

Maintenant, le terme d'Institution, nous pouvons lui donner un sens étroit ou un sens large.  Au sens étroit, il désigne des organisations telles l'École, la Justice, les syndicats, les Églises, les entreprises ou les instances étatiques et partisanes qui règlent les pratiques de l'espace public. J'ai montré dans L'Esprit démocratique des lois que c'est le respect des institutions de la représentation (militantisme partisan, comportement électoral honnête et respect du résultat du vote, légitimité de la loi adoptée par le parlement, conformité des pratiques politiques aux règles constitutionnelles) qui donne son contenu concret à l'aspiration démocratique. Nous devons cette lecture à Dominique Schnapper dans l'esprit démocratique des lois. Mais il peut aussi avoir un sens plus général et désigner tout ce qui s'impose aux individus pour régler leur conduite de manière régulière et constante. En ce sens, le mariage, par exemple, est une institution puisqu'il implique une série de règles de droit, de normes et de pratiques considérées comme justes. L'ensemble de ces croyances et de ces modes de conduite définissent une institution. En ce sens, le terme désigne aussi bien « les usages et les modes, les préjugés et les superstitions que les constitutions politiques ou les organisations juridiques essentielles » (Mauss). Il est vrai que « les institutions véritables vivent, c'est-à-dire changent sans cesse : les règles de l'action ne sont ni comprises ni appliquées de la même façon à des moments successifs, alors même que les formules qui les expriment restent littéralement les mêmes ». Elles sont « vivantes, puisqu'elles se forment, fonctionnent et se transforment aux différents moments.» (Mauss). Si les institutions changent comme tous les phénomènes sociaux, il importe de noter que change également le rapport des individus aux institutions. C'est particulièrement vrai dans nos sociétés où la démocratie a créé « un homme nouveau », l'individu démocratique. Dans la mesure où toute institution est, en tant que telle, le produit d'une tradition, dans la mesure où les institutions sont extérieures aux individus et s'imposent à eux, le rapport que les individus démocratiques entretiennent avec elles se transforme et devient critique.

L'institution est externe à l'homme c'est ce qui fait sa grandeur

Ce qui définit l'institution en tant que telle, c'est que les individus y sont confrontés sans qu'ils ne l'aient créée eux-mêmes. Elle leur est extérieure parce qu'elle existait avant qu'eux-mêmes n'existent. Or les individus démocratiques entendent créer leur propre monde, humain et rien qu'humain, construit par eux-mêmes. C'est d'autant plus vrai que, par son extériorité, l'institution leur impose ses règles. Or l'individu démocratique ne veut reconnaître de lui-même aucune limite à sa volonté d'indépendance et à sa recherche de bien-être. Il n'admet spontanément aucune limite à sa propre indépendance ou, en tous cas, il accepte de ne reconnaître que des limites qu'il aurait lui-même définies. Il supporte mal que des institutions les lui imposent et le contraignent à les respecter. 

Il y a désormais et c’est là que j’invite les Camerounais à ouvrir les yeux, ouvertement des forces, des puissances pour qui la moralisation de la vie publique, la protection de la vie privée, le respect des institutions républicaines seraient un obstacle à leur influence et à leur déstabilisation de l'ensemble du pays. Nous avons des individus au grand mépris des règles élémentaires qui régissent la vie en société méprise la compétence territoriale des tribunaux administratif et civil comme nous avons pu le constater au procès intenter à monsieur Peter Essoka à Ngoumou. Devrais-je rappeler ici, qu'En principe, le tribunal compétent pour juger d’un litige civil (tribunal d'instance, tribunal de grande instance, tribunal de commerce…) est celui du lieu du domicile (ou du lieu du siège social ou d'une de ses succursales s'il s'agit d'une société ou d'une association) de la personne attaquée en justice appelé « le défendeur ». Monsieur Peter Essoka n'a jamais résidé à Ngoumou. Aujourd'hui alors que le Conseil National de la Communication dans une décision rendue publique le 19 décembre dernier sanctionne plusieurs journalistes et médias pour des raisons diverses, liées au non respect de la déontologie et de l'éthique journalistiques, nous assistons à des masturbations intellectuelles orchestrées par des professeurs d'université en quête de visibilité et ou de strapontin et qu'ils croient ne pouvoir avoir par leur seul mérite !
 
La nécessité des institutions

La société démocratique ne peut pourtant pas, pas plus que toutes les sociétés, se passer d'institutions dans les deux sens du terme. En prenant le terme dans son sens étroit, aucune démocratie ne peut subsister si les pratiques de la démocratie représentative (partis politiques, procédures électorales, État de droit), les décisions des instances de régulation dont s'est doté le pays, ne sont pas respectées. Tous les peuples ont sans doute une aspiration naturelle à la liberté, mais l'apprentissage des pratiques honnêtes de l'élection et du respect de l'État de droit ne peut être que long et difficile. Être démocrate, c'est créer et respecter des institutions démocratiques. C'est avoir intériorisé l'idée de leur légitimité et la nécessite de les respecter, même quand elles sont critiquables. Rien de moins naturel, il faut l'apprendre, individuellement et collectivement. J'appelle au respect c'est à dire à l'application des décisions prises par le Conseil National de la Communication. Elles n'ont pas au dessus d'elles des chefs traditionnels autour d'une piscine, des professeurs d'université en cravate ou des guignols en chasse-mouche voire même des intentions de marche de tel ou tel leader d'opinion.

Je peux comprendre qu'ayant vécu longtemps dans le noir, certains ne soient pas capables de le comprendre. Le respect des institutions est un apprentissage, et comme tout apprentissage, cela demande du temps et des efforts, cela implique de reconnaître le savoir et l'expérience de ceux qui savent, à l'école comme dans l'ensemble de la vie sociale. De plus, ce n'est jamais tout à fait acquis. La démocratie reste toujours imparfaite et elle se défait facilement. L'histoire de notre jeune pays nous le démontre tous les jours et aujourd'hui encore plus ! Tout semble fragile et tout est fragiliser parfois et même très souvent par ceux et celles qui sont chargés de rendre solide les institutions et le pays.

 C'est aussi vrai des institutions au sens large. On ne peut pas réinventer le monde tous les jours à partir de soi, sans tenir compte des institutions existantes, et plus généralement de la tradition. On ne peut vivre qu'en admettant sans les discuter un certain nombre d'évidences, non soumises à la réflexion et à la critique, qui, héritées de l'histoire, définissent les manières spécifiques de vivre ensemble dans chaque collectivité historique. Aucune société ne peut exister si ses membres ne partagent pas certaines idées sur les manières de se conduire dans leur vie personnelle et dans l'espace public, une conception commune des grandes données du destin humain : l'origine et la conception de l'être humain, le style des relations interindividuelles, le sens de la justice, les manières de réguler la naissance, l'alliance et la mort. Ils doivent partager ensemble des projets pour leur avenir commun.

Aucune société ne peut se perpétuer sans que des institutions portent un projet spécifique qui définisse ce que peuvent être la vie individuelle et celle de la collectivité. Dans toutes les sociétés, les échanges sociaux reposent sur la confiance que les êtres humains s'accordent les uns aux autres et sur celle qu'ils accordent aux institutions qui régulent ces échanges. Ils doivent avoir l'assurance que ces dernières répondront de manière suffisante et suffisamment juste, selon leurs critères, à leurs demandes et les protègeront. La sécurité juridique, entre autres, grâce à laquelle les individus peuvent « s'attendre » à ce que leurs comportements soient appréciés ou, éventuellement, sanctionnés, permet de stabiliser les comportements des hommes et de les rendre prévisibles, de réduire ainsi la complexité et l'instabilité de toute vie sociale. Cette « attente » est la « définition même de tout acte collectif » (Mauss). Si l'individu ne tenait plus compte que de son seul caprice et de son seul intérêt immédiat, il ébranlerait la confiance objective dans les institutions qui constitue une donnée élémentaire de toute vie en société
 
 

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