Manifs anti-Biya à Genève : L'appel au calme des élites de l'Ouest, ou le rappel des troupes des “bons Bamis”, les Bamis de Biya

Dans une posture de bourreaux invétérés se plaignant de la gêne que causent à leurs précieux tympans les cris de douleur de leurs  victimes, monsieur Niat Njifenji et ses amis ministres (profiteurs des richesses nationales confisquées par leur régime commun) se sont fendus d'une littérature de fustigation, de dénonciation et de sermon contre ceux qui, profitant de leur éloignement du Cameroun où il n'est pas possible de protester sans risquer mort ou prison, sont descendus dans la rue en terre étrangère pour crier la détresse des Camerounais et dire leur volonté d'empêcher le régime de torturer en rond ce pauvre peuple manifestement interdit de bonheur depuis son accession à l'indépendance tronquée en 1960.

S'arrogeant pour l'occasion le titre “d'élites de la région de l'Ouest” pour faire valoir leur position essentiellement partisane et nombriliste, voire sectaire, comme peuvent également l'être ceux de leurs adversaires, il faut le reconnaitre –lesquels cependant n'ont jamais la prétention de parler au nom d'une région ou ethnie-,  des “élites de la région de l'Ouest” triées sur le volet, puisque se distinguant par leur appartenance au régime Biya, sont montés au créneau la veille de la grande manifestation de la Brigade Anti Sardinard à Genève contre le séjour du couple présidentiel camerounais dans un hôtel huppé  de la capitale du monde, pour menacer à mots à peine voilés ceux qui enquiquinent leur dieu, et à travers eux les Camerounais résidant au pays qui comprennent leur démarche ou la partagent.

Ainsi donc, il y aurait des Bamilékés qui ne sont pas tribalistes, qui ne sont pas des “tontinards”, auxquels un certain commissaire Zogo ne bloquera pas le pont d'Ebebda.  Bref, il y aurait des  Bamilékés, se recrutant tant parmi les grabataires qui n'ont pas le courage au soir de leur vie de reconnaitre que le problème camerounais est national et transversal et non tribal, ou parmi les bouffons à qui l'octroi d'un poste ministériel est monté rageusement à la tête, qui ne seraient pas des « cailloux dans la chaussure du Cameroun », pour la simple raison qu'ils sont du bon côté de ceux qui ont  en commun de jouir égoïstement des privilèges de leur appartenance au cercle restreint des «élus » du régime Biya auprès duquel ils assument leur rôle de caution Bamiléké. 

Une caution bamiléké qui ne sert que les seuls intérêts des « élites de la région de l'Ouest » d'obédience Rdpc, puisque, lorsque vient l'heure de la stigmatisation du « Bamiléké, tribaliste, tontinard, avide de pouvoir », ces Bamilékés de Biya deviennent muets comme des carpes, ou apportent, des arguments supplémentaires tout droit sortis de leur imagination,  pour livrer leurs prétendus congénères à la vindicte du pouvoir qui les nourrit et des lobbies tribaux se réclamant du “socle granitique”  du chef tribal qu'Ahidjo a méchamment laissé aux Camerounais en 1982, telle une malédiction.

Devenu ministre depuis peu, un certain ancien avocat des 9 disparus de Bépanda, lui-même bamiléké, excelle dans cet art de justifier la haine contre les Bamilékés, incite même –pour des besoins de contentement des groupes ethniques prétendument frustrés par le sens très poussé de “l'accaparement” bamiléké- au massacre de cette communauté dont ses collègues « élites de la région de l'Ouest”se  réclament à hue et à dia au carrefour du marchandage politicien, mais qu'ils ne représentent nullement, dans la mesure où ils n'hésitent pas à la sacrifier pour un strapontin ou un  bout de pain…-sardine. 

Le moins qu'on puisse dire à la lecture de cette littérature de fustigation et de sermon est qu'il s'agit de tout sauf d'un appel au calme de la part de Niat et consorts…  En revanche on peut y voir une déclaration de guerre en bonne et due forme, contre tous ceux-là qui, dans un contexte politique soi-disant pluraliste où il n'est pourtant permis qu'au seul parti-Etat de Paul Biya de s'exprimer, entreprennent de protester à l'étranger contre un régime qui devient de plus en plus en plus tyrannique au fur et à mesure qu'il croît en « force de l'expérience », la moindre manifestation sur le sol national débouchant toujours sur de graves exactions des forces gouvernementales sur les manifestants ou des emprisonnements de ces derniers non suivis de procès équitables, obligeant ainsi les Camerounais qui veulent se faire entendre sans risquer la mort ou la prison à le faire hors du pays, avec tout ce que cela peut comporter d'excès plus ou moins compréhensibles mais au demeurant légitimes.  

Si légitimes qu'il serait difficile d'espérer leur faire peur en agitant à tous les coups le sempiternel et suranné mythe du Bamiléké soumis à son chef qui est une invention du régime tribaliste de Biya perpétuée par des socio-anthropologues à la noix, le Cameroun ne connaissant pas peuples plus régicides et portés au séparatisme ou au sécessionnisme avant l'arrivée du colonisateur (allemand notamment) que les peuples de l'Ouest Cameroun. 

A croire qu'on lui trouve finalement du bon à ce maudit peuple “d'envahisseurs” de l'Ouest qui a le toupet de vouloir prendre le pouvoir(1),  qui nourrirait des prétentions d’être “l'ethnie majoritaire dans un pays de plus de 250 ethnies”, “l'ethnie la plus intelligente”, “l'ethnie la plus travailleuse” et autres  cochonneries saumâtres sorties des cerveaux tordus de mythomanes en mal de prétextes pour mettre à feu et à sang ce patrimoine commun dénommé Cameroun, mais qui pour eux n'est qu'une mangeoire qu'ils comptent vider aussitôt qu'ils l'auront… vidée et cassée.

Eh oui, les peuples de la région de l'Ouest (Bamilékés, Bamoums, Tikar…) auraient finalement une grande qualité qu'ils ignorent et qu'il faut absolument faire remonter à la surface de leur conscience enténébrée par la rebéllion : la soumission au chef traditionnel et coutumier.

Et alors ?

Biya n'est pas le chef traditionnel et coutumier du Cameroun. Il n'est même pas celui des Bétis, des Bulus ou des Fangs. Il n'est celui de personne. 
Il  est le président de la République et c'est comme cela que ceux qui lui demandent des comptes l'entendent. Il est plus proche des Camerounais par sa condition de Higher civil servant  que les chefs traditionnels qui dirigent des territoires conquis par leurs ascendants et bâtis par eux au fil des siècles. Les  Camerounais n'ont pas besoin de s'embarrasser de protocole pour lui demander des comptes, ou le congédier -même en cours de mandat- s'il fait le sourd quand on les lui demande. Ce n'est pas parce qu'un employé a été recruté sur la base d'un contrat à durée déterminée que son employeur ne peut pas le renvoyer en cours du contrat s'il est convaincu d'une faute lourde.

Biya n'est le père d'aucun Camerounais, si oui, de ses enfants qui sont facilement identifiables. Il mérite incontestablement du respect pour être arrivé là où il est, il en impose également de s'y être incrustés au travers de multiples hold-up électoraux, sans que les Camerounais y puissent rien. Mais s'il veut être le chef traditionnel et coutumier d'une tribu, qu'il débarrasse le palais présidentiel et aille avec ses sujets fonder la capitale de sa chefferie  où bon leur semblera.

La menace d'être tué ou torturé par les « capitaine Domato » de la Sécurité militaire ou les “Tontons Macoutes” de la police, du GSO et du SED ne fera reculer aucun Camerounais, véritablement républicain, soucieux de voir son pays devenir une République au sens véritable du terme : la chose (le bien, la propriété) de tout le monde,  et non une simple juxtaposition  d'institutions paravent qui se couchent à plat-ventre devant les forces de répression et d'iniquité. Ceux qui seront tués aujourd'hui au nom de l'avènement d'un Etat de droit, cet Etat où  les droits mêmes de leurs tortionnaires d'aujourd'hui seront obligatoirement respectés, n'emporteront pas la mort avec eux, et exécrable sera demain la fin de leurs bourreaux d'aujourd'hui.

C'est une loi immuable de la nature que nul ne paie autrui pour souffrir son agonie, et nul n'adresse sa mort par poste ou par courriel.

Alors, que les “bons bamilékés et Bamouns” de service qui, pour venger leur Nnom Ngui'i et renforcer ainsi leur côte d'estime auprès de lui, menacent, incitent aux emprisonnements, à la torture et au meurtre des mauvais ressortissants de l'Ouest qui ont oublié que « le respect dû au Chef est le pilier de l'ordre et de la stabilité »   sachet que seule la fin est comme Dieu, le Vrai cette fois-ci,  maîtresse de la rétribution et de la vengeance.

A propos, Qui eut cru que le « beau Paul Biya », « beau comme une femme », comme nous le disions en 1982, sans forcément avoir de l'estime pour son régime, serait aujourd'hui un personnage odieux, le plus grand diviseur commun du Cameroun, rasant les murs d'un hôtel en suisse, pourchassé par ses jeunes compatriotes aux cris de « Paul Biya assassin », tandis que sa sécurité repose entre les mains des policiers genevois ?
En toute chose il faut considérer la fin. Enfin, pour ceux qui ont des oreilles pour entendre.

 
1-    Le séjour quarantenaire au pouvoir de Paul Biya nous a appris une chose : ce n'est pas un citoyen camerounais qui accède au pouvoir à la tête de son pays pour servir ses compatriotes, c'est plutôt son ethnie d'origine et assimilés. Et quiconque essaie d'y prétendre est le chef d'une meute ethnofasciste  voulant prendre le pouvoir  avec et pour son ethnie pour tuer es membres de l'ethnie du président en place 

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