Me YONDO BLACK(*) fait ses adieux à son « Très Cher Confrère Sylvain SOUOP »

Le Barreau du Cameroun vient de perdre un important maillon de sa chaîne en la personne de Me Sylvain SOUOP.

Me Sylvain SOUOP était un Avocat qui inspirait respect et considération, un Avocat qui avait le souci du travail bien fait, conscient de ce que pour assumer pleinement son travail d’Avocat, celui-ci devrait non seulement avoir une parfaite connaissance du droit et des dédales des règles de procédure, mais aussi avoir le courage d’affronter l’adversité sans coup férir, plus spécialement dans ce pays qui est le nôtre, où le Pouvoir Exécutif, omnipotent et omniprésent, a propension à tout régenter et n’hésite pas à tenir sous influence les autres pouvoirs d’Etat, à savoir le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire.

Me Sylvain SOUOP avait le sens du discernement, de la part des choses et le réflexe juridique qui faisaient de lui un Avocat hors du commun. Sa mort subite et précoce, précoce parce qu’il était jeune et avait encore beaucoup à donner, laisse un grand vide dans le monde judiciaire.

Sa courtoisie, sa pondération et son mot juste en ont fait un membre incontesté du Conseil de l’ordre des Avocats au Barreau du Cameroun, maîtrisant à souhait nos règles de déontologie et ‘’l’amicus curiae’’, fondement de notre Confraternité.

Grégoire OWONA, Jean de Dieu MOMO, tous deux membres du gouvernement, ont rapidement, ‘’très rapidement’’ reconnu la valeur de cet illustre Avocat et lui en ont rendu hommage, mais Judas n’avait-il pas pleuré Jésus ?

On meurt toujours de quelque chose, même à partir d’une simple égratignure on peut mourir, mais cette mort subite de notre Confrère suscite des interrogations et le Camerounais dans sa soif du sensationnel en fait des choux gras, des insinuations et des commentaires de toutes sortes laissent planer des doutes. ‘’Une opération dans son bras fracturé aurait été compromise et annulée du fait d’une réaction ou alors un défaut de réaction en relation avec l’anesthésie’’, fait état BIBOU NISSACK Olivier, le porte-parole de Maurice KAMTO.

Cette mort nous interpelle tous, que nous soyons acteurs politiques ou simplement citoyens du pays de Yannick Noah et de quelque bord que nous soyons. Elle pose le problème de nos structures médicales, des moyens mis à la disposition de notre corps médical pour prodiguer des soins appropriés aux camerounais malades eu égard à l’importance des fonds que le Gouvernement met à contribution pour des soins prodigués à l’Etranger à des rares privilégiés du pays; on fait très souvent état de milliards de francs CFA. S’il y a dans cette mort, une faute médicale, celle-ci engage la responsabilité civile de l’Etat du Cameroun. Qui paiera l’ardoise ? Qui en sera la victime, naturellement la famille de Me Sylvain SOUOP, mais aussi le Barreau du Cameroun qui pleure son talentueux Confrère, sans oublier le Camerounais et les sociétés, futurs plaideurs, qui resteront sevrés de l’assistance et des conseils d’un brillant Avocat en défense de leurs intérêts.

Si cette mort est le fait d’un tiers, peu importe qui sera caché dans ce tiers, elle pose le problème de notre sécurité lorsque nous voulons apporter notre contribution au jeu politique du pays.

Me Sylvain SOUOP a dirigé de main de Maître la phase judiciaire de la résistance nationale contre le hold-up électoral à la tête d’un collectif des Avocats, et ne pouvait de ce fait que s’attirer les foudres de tous ceux qui se trouvent dans le camp d’en face. Sa mort viendrait-elle de ce côté ?

Je m’interroge, le Cameroun vivant une des phases les plus complexes de son histoire, où l’intolérance, le refus de l’alternance font loi, où le sang coule sans compter.

Mon Très Cher Confrère, Sylvain SOUOP, vous aurez marqué le temps, votre temps, par votre endurance, votre opiniâtreté et votre détermination dans le combat pour le respect de la loi et des droits fondamentaux de l’homme. Je garde de vous le souvenir de l’excellence de nos rapports à la fois confraternels et amicaux. Soyez assuré que votre mort ne restera pas vaine ; elle sera considérée au regard de l’histoire du pays comme un sacrifice pour l’avènement d’un Cameroun nouveau.

Comme un soldat dans le champ de la bataille, vous êtes mort.
Reposez en paix

(*) Avocat au Barreau du Cameroun
Ancien Bâtonnier de l’ordre

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