Comme toutes les choses essentielles dans la vie, la paix a un prix.
Sommes-nous disposés à en payer le prix?
Telle est la question qui me préoccupe.
On veut la paix, on demande la paix. Tous les Camerounais répètent et se répètent la même chose à longueur de journée.
Pensons-nous qu’il suffit de l’écrire ou de le crier pour avoir la paix?
Peut-on obtenir la paix par un décret ou par sa simple volonté?
Dans notre dur chemin vers cet idéal, j’aimerais partager avec vous quelques zones d’ombres.
Comment allons-nous procéder pour aboutir à la paix?
Que devons-nous faire pour y arriver?
Est-ce que se taire, accepter l’injustice, la corruption, le vol, la pauvreté
et la misère sans broncher nous garantit la paix?
Est-ce que la répression, la militarisation, la violence et la propagande
peuvent imposer la paix?
Est-il possible aujourd’hui d’avoir la paix sans une profonde remise en
question du leadership et de la gouvernance actuelle ?
À mon humble avis,
c’est l’État qui détient la clef de la paix au Cameroun.
c’est l’État qui a le pouvoir et le devoir de rétablir la paix entre les
Camerounais car c’est dans notre capacité à être un peuple que nous avons été
ébranlés.
Nous n’avons pas de problème de cohabitation ou de brassage ethnique.
C’est être un peuple, vivre comme un peuple, défendre ensemble un intérêt
commun, être fier de l’identité et des valeurs communes, qui nous est difficile
de mettre en oeuvre. C’est ça notre problème, c’est ça le problème du Cameroun.
Frères et Sœurs, nous n’obtiendrons la paix ni en la mendiant, ni en
suppliant et encore moins en le voulant tout simplement.
Nous allons devoir nous battre pour ça.
On ne demande pas la paix mais on fait la paix, il est important de percevoir
la nuance.
Faire la paix, c’est accepter de faire des compromis, c’est écouter l’autre,
c’est se mettre à la place de l’autre et surtout accepter qu’on n’a peut-être
pas raison.
Faire la paix, c’est faire taire son ego et accepter la contradiction.
Faire la paix, c’est écouter les plaintes, les souffrances et les pleurs,
Faire la paix, c’est déposer les armes et privilégier le dialogue.
Il y a quelques mois encore, à la place de “paix” le mot à la mode
était “dialogue inclusif”. Ce fameux dialogue qui devait aboutir à la
paix.
Finalement le dialogue a eu lieu mais n’avait du “dialogue” que le
nom, simplement parce que nous avons laissé faire le gouvernement quand nous
n’avons pas directement été son complice pour certains, nous avons vidé le
dialogue de toute sa substance, de toute sa sincérité et de toute sa force. A
la fin, le “grand dialogue national” que nous avons eu fut davantage
une injure à la douleur et à la souffrance qu’autre chose.
Zones d’ombre:
Comment pouvons-nous penser que nous sommes sur le chemin de la paix si le
gouvernement, dans un cas précis comme celui du carnage de NGAR-BUH dans le Donga
Mantung, peut annoncer le chiffre de 5 morts quand 22 personnes ont perdu la
vie, et quand le même gouvernement parle de la mort de Camerounais comme d’un
dommage collatéral ?
Pouvons-nous aboutir à la paix en construisant sur des bases telles que la
mascarade électorale du 9 février dernier?
Peut-on aboutir à la paix si le peuple continue de subir cette violente
gouvernance empreinte d’arrogance?
Loin de moi l’idée de faire du pessimisme car je crois en le peuple
camerounais, je crois en sa soif de paix, et surtout je crois que nous avons la
force de faire ce qu’il faut pour obtenir une paix sincère et durable.
La paix sans son contenu aura des conséquences beaucoup plus catastrophiques
que le grand dialogue national.
Restons lucides et objectifs, le chemin vers la paix est difficile et nous
allons devoir nous battre pour y arriver.
C’est en continuant de nous battre comme nous le faisons actuellement. C’est en
maintenant la pression sur ce gouvernement que nous y arriverons
La paix ne nous sera ni offerte ni donnée.
Ps: détendez vous et laissez passer le suppositoire.
Valsero
LMD.