Covid-19 : le gouvernement (du Cameroun) lutte-t-il pour ou contre ?

En donnant l’impression de lutter contre le virus, les pouvoirs publics, par leurs agissements, laissent plutôt croire qu’ils l’entretiennent .

Le ministre camerounais de la Santé Publique Manaouda Malachi, a signé le 22 février 2021 deux communiqués radio presse destinés à faire ce qu’on peut appeler un recadrage pour ce qui est de la riposte contre la corona virus, suite à ce qu’il appelle un relâchement global du respect des mesures barrières édictées par le président de la République, ayant pour conséquence une augmentation des cas sévères et même des décès des suites du virus. Le premier s’adresse aux structures sanitaires privées, qui selon le ministre se livrent à des pratiques en déphasage avec les protocoles de lutte contre la propagation et plus spécifiquement avec l’exigence de protection du personnel soignant. Ces formations sanitaires privées sont accusées non seulement de prendre en charge des patients présentant des symptômes similaires à ceux du Covid-19, mais autorisent la remise aux familles des dépouilles des personnes potentiellement décédées de cette pathologie. Une situation qui met en danger le personnel soignant, les patients et les populations exposés aux dépouilles probablement infectées. Il appelle donc à la responsabilité de ces formations sanitaires, les invitant à faire des tests systématiques de tout cas suspect et de remonter les données auprès des districts de santé publique agréés. Le deuxième communiqué interpelle le public. Le ministre note que bon nombre de malades arrivent généralement à l’hôpital dans un état de dégradation poussées de leur santé, ayant été soit pris en charge dans des structures sanitaires non agréées, soit restés à la maison dans une dynamique de déni et d’automédication. Manaouda Malachi rappelle ainsi à l’opinion publique que la prise en charge et le rétablissement des patients atteints de covid-19 obéissent à un protocole incluant non seulement l’administration de certaines molécules, mais aussi un suivi régulier par un personnel de santé qualifié. Il invite de ce fait « toutes les personnes détectées positives au Covid-19, à se référer aux prescriptions des structures sanitaires mandatées pour la prise en charge de cette pathologie et de s’abstenir de toute pratique d’automédication

Relâchement au sommet

Des fûts à l’entrée des marchés, désormais abandonnés

Il était temps, est-on tenté de dire. Et c’est bien peu de dire comme le ministre qu’il y a relâchement des respects des mesures barrières, ils sont simplement ignorés désormais. Et en la matière le public ne fait que suivre la tendance impulsée par le gouvernement lui-même, ce qui a même souvent laissé penser que si le corona virus n’est pas une blague, c’est que le gouvernement lui-même l’entretien. Dans la ville de Douala par exemple, des points de dépistage ont été érigés, dont l’un au parcours vita. Mais ce qui s’y passe laisse perplexe. Un patient est testé positif, les agents sur place lui demandent avec qui il a été en contact récemment. Pour une simple formalité, puisque l’un des testés positifs, a indiqué qu’il revenait d’un voyage à Yaoundé par  bus de 70 places, et il ne lui a même pas été demandé de donner davantage d’informations sur l’agence de voyage et le numéro du bus par exemple. Des précautions du genre faire passer un communiqué demandant aux passagers d’un bus lambda de se rendre dans un centre pour se faire dépister parce qu’un des passagers a été testé positif, c’est bien du passé. Aucun contact pris sur place n’est appelé par la suite. Plus grave, au lieu de retenir le patient, une ordonnance pré saisie avec 6 médicaments lui a été donnée, sur place on lui a remis du paracétamol et de l’hydroxy chloroquine, et il devait acheter le reste. Il est ensuite renvoyé chez lui avec recommandation de se confiner pendant 21 jours. Un service de désinfection payant de son domicile lui a été proposé, et comme il n’avait pas les moyens de se l’offrir, il a repris son taxi retour. Il y a moins d’un an, au mois de mars, avril ou mai 2020, des hôtels ont été réquisitionnés dans les villes de Douala et Yaoundé, où étaient logées des personnes seulement soupçonnées d’avoir été en contact avec un contaminé. Des voyageurs sortis des avions y étaient conduits et attendaient même des jours pour être dépistés. Des logements dit sociaux ont également été réquisitionnés à Douala et aménagés à coups de millions, où était systématiquement conduite toute personne testée positive au covid-19. Pourquoi aujourd’hui on les laisse rentrer chez eux ?

La lutte pour…

Le Minsanté Manaouda, qui à relâché?

Si d’aussi nombreuses et coûteuses mesures étaient prises il y a un an par le gouvernement, et ne le sont plus aujourd’hui, qui est négligent désormais, le gouvernement ou la population ? Qui entre le gouvernement et le public a relâché dans la riposte contre le corona virus ? Où en est-on avec les campagnes de désinfection des marchés et des lieux publics, qui parle encore des points d’eau à l’entrée des marchés. A quoi joue le gouvernement qui interdit les cérémonies officielles comme les fêtes du 20 mai, 11 février et les présentations des vœux, alors que dans le même temps les marchés, les églises, les boites de nuit, les mariages et les funérailles grouillent de monde ?  Quand un patient est testé positif et une ordonnance lui est dressée, qu’est-il advenue de la prise en charge totalement gratuite sur « très haute instructions du chef de l’Etat », qu’est devenu le fonds de solidarité et les dons liés, les unités de prises en charge construites dans des hôpitaux en procédure d’urgence avec des marchés passés de gré à gré, que fait-on de ça, dans l’hypothèse où elles ont été livrés ?

Instinct de survie

Personne n’a envie de mourir, ou de se laisser mourir. Aujourd’hui, les patients testés positifs au corona virus et qui ont leurs moyens ne vont pas refuser d’être pris en charge par des structures privées qui s’occupent d’eux, sous prétexte qu’ils doivent être référés dans un centre public agrée. Celui qui n’a pas de moyens, et à qui on dresse une ordonnance alors que la prise en charge est officiellement gratuite, n’a pas d’autre choix que de se retourner vers la décoction de grand-mère, que le ministre qualifie d’automédication. L’interdire alors qu’aucune alternative n’est offerte malgré les discours, c’est un peu comme demander à la population de se laisser mourir. A moins que ce ne soit le but.

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