Par Jean-Patrick Grumberg.
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En novembre 2019, le nouveau président du Brésil était derrière les barreaux. Lula Da Silva reprend du service, après avoir été envoyé en prison pour non pas une, mais deux affaires de corruption (puis libéré pour un vice de procédure).
L’ancien président du Brésil, Lula da Silva, a été condamné et envoyé en prison pour plusieurs délits de corruption. Âgé de 76 ans, Lula a fondé le Parti des travailleurs en 1976 et s’est présenté six fois à la présidence au nom de ce parti depuis 1980. Il a été président du Brésil de 2003 à 2010.
• En 2017, Lula a été condamné pour corruption et blanchiment d’argent, après qu’il a reçu un pot-de-vin de 3,7 millions de riyals (plus de 1,2 million de dollars) de la société d’ingénierie et d’infrastructure OAS-SA, qui a rénové la propriété en bord de mer du président, en échange de son aide pour obtenir des appels d’offres avec la compagnie pétrolière gouvernementale, Petrobras.
• Lula a également dû répondre d’autres accusations, notamment de blanchiment d’argent, de trafic d’influence et d’obstruction à la justice.
• Lula a alors été condamné à 9,5 ans de prison, puis à 12 ans en appel.
• Car en janvier 2018, une cour d’appel brésilienne de la ville de Portoalegre a non seulement confirmé la condamnation de Da Silva à l’unanimité, mais a également augmenté sa peine de neuf à douze ans pour un des neuf chefs d’accusation contre lui, les huit autres étant toujours en cours.
• Cependant, en 2019, le tribunal a annulé sa condamnation et l’a libéré de prison, parce que le tribunal qui l’avait condamné n’était pas celui de sa résidence principale, Brazilia – ce qui lui a permis de se présenter aux élections.
Scandales
L’administration de Lula, lui et son parti ont été minés par des scandales de corruption, notamment le scandale du Mensalão et l’Escândalo Sanguessugas au cours de son premier mandat.
• Le ministre de l’Énergie, Silas Rondeau, a fait l’objet d’une enquête car il était soupçonné d’avoir reçu un pot-de-vin d’une entreprise de construction qui a remporté un contrat gouvernemental pour fournir de l’électricité aux ménages pauvres. La police a arrêté 47 personnes, dont le principal assistant de Rondeau, accusées d’avoir détourné des fonds provenant de grands projets de travaux publics.
• « Opération Ouragan » – La police a arrêté 25 suspects, dont des juges et des procureurs, accusés de trafic d’influence, de blanchiment d’argent et de liens avec des jeux d’argent illégaux. Il s’agissait de la première opération d’envergure visant la corruption dans le système judiciaire. La police soupçonnait des liens avec des politiciens.
• « Caixa Dois » (deuxième caisse enregistreuse) – Impliquée dans le financement non déclaré de la campagne électorale du Parti des travailleurs au pouvoir et ses alliés. Certains fonds proviendraient d’entreprises publiques. Plusieurs personnalités du Parti des travailleurs ont quitté leur poste.
• « République de Ribeirao Preto » – Système présumé de pots-de-vin pour des contrats municipaux dans la ville de Ribeirao Preto, où Antonio Palocci était maire avant d’entrer au gouvernement. Palocci a démissionné de son poste de ministre des Finances mais a protesté de son innocence. Les accusateurs ont parlé d’une « maison de fête » où les fonctionnaires se réunissaient pour remettre de l’argent et fréquenter des call-girls.
• Sanguessugas » (suceurs de sang) – Un système présumé de législateurs qui organisaient l’achat par le gouvernement d’ambulances hors de prix en échange de pots-de-vin. Les procureurs ont impliqué environ 90 membres du Congrès.
• Dossiergate » – La police a arrêté des membres du Parti des travailleurs de Lula dans les semaines précédant l’élection présidentielle de 2006 avec environ 1 million de dollars qui, selon les enquêteurs, devaient servir à acheter un dossier impliquant des candidats de l’opposition dans le système de potsde-vin sur les ambulances. Le scandale a forcé un second tour.
• « Mensalao » (gros paiements mensuels) – Des fonds de campagne non déclarés dans le cadre de la « Caixa Dois » ont été utilisés pour acheter des votes en faveur des propositions du gouvernement au Congrès. Ce scandale a contraint Jose Dirceu, le puissant chef de cabinet de Lula, à démissionner, bien qu’il ait nié tout acte répréhensible.
Le scandale du Mensalão était un important scandale d’achat de votes parlementaires par l’administration de Luiz Inácio Lula da Silva qui a menacé de faire tomber son gouvernement en 2005.
Mensalão est un néologisme, une variante du mot pour «gros paiement mensuel».
Le scandale a éclaté le 6 juin 2005 lorsque le député brésilien Roberto Jefferson (Parti travailliste brésilien) a déclaré au journal Folha de S.Paulo que le Parti des travailleurs (PT) au pouvoir avait versé à un certain nombre de députés 30 000 reais (environ 12 000 USD à l’époque) par mois pour qu’ils votent en faveur des lois favorisées par le parti au pouvoir. Les fonds proviendraient des budgets publicitaires d’entreprises publiques, acheminés par une agence de publicité appartenant à Marcos Valério.
Condamnations pour corruption.
Sa condamnation découle de l’enquête Lava Jato (ou Car Wash) de 2014,
qui a révélé un système de pots-de-vin pour l’accès à la politique qui a secoué la politique au Brésil et dans toute l’Amérique latine. Odebrecht, le conglomérat brésilien d’infrastructures qui a soudoyé des fonctionnaires dans 12 pays, selon le ministère américain de la Justice, a dépensé des centaines de millions de dollars en pots-de-vin au Brésil pendant le mandat de Da Silva et celui de Dilma Rousseff, son chef de cabinet et son successeur à la présidence.
Le Parti des travailleurs du Brésil, auquel Da Silva et Rousseff appartiennent tous les deux, était à l’épicentre du scandale.
En avril 2015, le ministère public du Brésil a ouvert une enquête sur les allégations de trafic d’influence de Lula, selon lesquelles, entre 2011 et 2014, il a fait pression pour obtenir des contrats gouvernementaux dans des pays étrangers pour l’entreprise Odebrecht et aurait également persuadé la Banque brésilienne de développement de financer les projets au Ghana, en Angola, à Cuba et en République dominicaine.
En juin 2015, Marcelo Odebrecht, président d’Odebrecht, a été arrêté pour avoir versé 230 millions de dollars de pots-de-vin à des politiciens. Trois autres dirigeants de l’entreprise ont également été arrêtés, ainsi que le directeur général d’Andrade Gutierrez, un autre conglomérat de construction.
Lula a été condamné à 26 ans de prison après avoir été reconnu coupable d’avoir accepté des pots-de-vin dans deux affaires distinctes de corruption et de blanchiment d’argent impliquant Petrobras, la multinationale pétrolière publique brésilienne.
Le 4 mars 2016, dans le cadre de l’opération « Car Wash », les autorités brésiliennes ont effectué une descente au domicile de Lula. Après la descente, la police a détenu Lula pour l’interroger.
La police a alors découvert que Lula avait collaboré à des pots-de-vin illégaux de la compagnie pétrolière Petrobras au profit de son parti politique et de sa campagne présidentielle.
Comme l’a écrit l’éditorial du Wall Street Journal, Da Silva « a été libéré et maintient son innocence,bien qu’il n’ait jamais été blanchi par la justice car il n’a jamais été rejugé » (entre autres en raison de l’expiration du délai de prescription).
Pour la presse, tous les mensonges sont bons, s’ils servent à éliminer un homme de droite.
Les tribunaux hautement politisés sont depuis longtemps une des caractéristiques catastrophiques de la corruption des systèmes juridiques latino-américains, ce qui amène à se demander pourquoi tant de journalistes étrangers – après avoir martelé pendant des années que la « corruption omniprésente » du Brésil était insupportable – ont soudainement minimisé le rôle de Da Silva dans le scandale Odebrecht pendant la campagne présidentielle.
Dans The Spectator, par exemple, un commentateur n’a pas hésité à écrire que les accusations de corruption de Da Silva se sont « éteintes », ce qui n’est pas du tout exact, tout au contraire.
La réponse : les médias sont devenus des organes militants, et ils sont prêts à tous les mensonges et à tous les maquillages de la vérité lorsqu’elle risque de se mettre en travers de leurs objectifs. Ici,faire échouer un président classé comme « populiste », et ramener au pouvoir un homme de gauche.