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Proche-orient : Chef du Fatah emprisonné, Marwan Barghouti, en passe de devenir président de l’Autorité palestinienne

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La possibilité qu’Israël libère des prisonniers en échange de la libération d’otages par le Hamas a propulsé Marwan Al-Barghouti, chef du mouvement Fatah, sous les feux de la rampe. Il est apparu comme un président potentiel de l’Autorité palestinienne. Le Hamas insiste sur le fait qu’il doit être libéré dans le cadre de tout nouvel accord d’échange de détenus et d’otages.

Osama Hamdan, un dirigeant palestinien du Hamas, a déclaré à BBC News Arabic : “En tant que mouvement, nous avons adopté une position claire à laquelle nous adhérons toujours, à savoir la libération de tous les prisonniers et détenus dans les prisons de l’occupation [israélienne] sans exception”.

M. Hamdan a ajouté : “Nous considérons qu’il s’agit d’une mission nationale. Chaque prisonnier qui s’est sacrifié pour la Palestine doit être traité de la même manière. C’est ce que nous avons fait lors de l’opération Wafa al-Ahrar (nom donné par le Hamas à l’échange, en 2006, du soldat israélien Gilad Shalit et de prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes)”.

Selon le journal israélien Ma’ariv, Barghouti a été transféré de la prison d’Ofer à une autre prison non spécifiée et placé à l’isolement en février dernier, après que “les autorités pénitentiaires israéliennes ont reçu des informations indiquant qu’al-Barghouti travaillait à travers plusieurs canaux pour inciter à des troubles en Cisjordanie dans le but de déclencher un troisième soulèvement”.

Le ministre israélien de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, s’est félicité du transfert de Barghouti dans une cellule isolée.

La Commission des affaires des prisonniers et des libérateurs palestiniens a condamné l’isolement de Barghouti.

Israël refuse de libérer Barghouti.

Mouvement du Fatah

Barghouti a commencé son activité politique à l’âge de quinze ans au sein du mouvement Fatah, dirigé par feu Yasser Arafat.

Au fur et à mesure de sa carrière politique, il a rallié des soutiens à la cause palestinienne.

“Bien que le mouvement Fatah auquel j’appartiens et moi-même nous opposions fermement aux attaques et au ciblage des civils à l’intérieur d’Israël, notre futur voisin, je me réserve le droit de me protéger, de résister à l’occupation israélienne de mon pays et de me battre pour ma liberté”, a-t-il écrit dans le Washington Post en 2002.

“Je continue à rechercher une coexistence pacifique entre les pays égaux et indépendants d’Israël et de la Palestine, sur la base d’un retrait total des territoires palestiniens occupés en 1967…

“Franchement, nous sommes fatigués d’être toujours blâmés pour l’intransigeance israélienne alors que tout ce que nous recherchons, c’est l’application du droit international.

Des analystes politiques ont déclaré à BBC News Arabic que Barghouti, qui est emprisonné dans les prisons israéliennes depuis 2002, pourrait être une “option consensuelle” pour assumer l’autorité palestinienne et préparer le prochain État si un accord est conclu.

Brigades des martyrs d’Al-Aqsa

M. Barghouti a été arrêté dans le cadre de l’opération “Bouclier défensif” en 2002, lorsqu’Israël l’a accusé d’avoir fondé le groupe militaire des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, ce qu’il a nié.

L’organisation a mené une série d’attaques meurtrières contre des soldats et des colons israéliens.

Barghouti a été condamné à cinq peines de prison à vie plus 40 ans de prison pour son implication.

Il a refusé de reconnaître l’autorité du tribunal israélien.

Sa femme, Fadwa, a déclaré à BBC News Arabic : “Les accusations n’ont pas été portées contre lui parce qu’il a commis ces actes de son propre chef. “Les charges n’ont pas été retenues contre lui parce qu’il a commis ces actes de sa propre main, mais plutôt parce qu’il était un leader.”

Fadwa, qui est avocate, affirme que lors de son interrogatoire, Barghouti a rejeté “toutes les accusations portées contre lui” et “il a nié l’accusation selon laquelle il aurait fondé les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa”.

Comment Barghouti pourrait-il devenir président ?

Le représentant du Hamas, Osama Hamdan, estime que la réputation de Barghouti lui sera favorable : “Il ne fait aucun doute que quelqu’un comme Marwan Barghouti a une histoire révolutionnaire, et certains peuvent considérer que cela le qualifie pour être un dirigeant, et nous respectons cela, mais en tant que mouvement, nous n’avons pas discuté de cette question en principe…

“Nous pensons que notre position est claire : le peuple palestinien décide de ses dirigeants par le biais d’élections, où les Palestiniens décident qui les représente, et tout le monde doit respecter cette volonté.

Dans un sondage réalisé en décembre 2023 auprès des électeurs de l’Autorité palestinienne, il était plus populaire que l’ensemble des autres candidats.

Le Hamas fait campagne depuis longtemps pour obtenir la libération de Barghouti.

Une déclaration de Khalil al-Hayya, chef du bureau des relations arabes et islamiques du Hamas, a été publiée sur le site Telgram du mouvement en novembre 2021. Il a déclaré : “Nous cherchons à inclure le dirigeant Marwan Barghouti et le dirigeant Ahmed Saadat (secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine) dans la liste des noms de l’accord d’échange”.

Israël a refusé de libérer Barghouti en 2011 dans le cadre d’un accord visant à échanger le soldat israélien Gilad Shalit contre des prisonniers palestiniens dans ses prisons, ce qui incluait la libération du chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar.

L’analyste politique et chercheur Oraib Al-Rantawi affirme que le transfert potentiel de Barghouti à l’Autorité palestinienne pourrait être lié à un accord d’échange entre le Hamas et Israël.

M. Hamdan affirme qu’Israël fait obstruction à un tel accord.

Échange de prisonniers

M. Al-Rantawi a déclaré à BBC News Arabic que la libération de M. Barghouti dépendait de la volonté d’Israël de “sacrifier des otages pour éviter de faire des concessions et de poursuivre la guerre sans donner la priorité à la libération des Israéliens détenus par le Hamas”.

Cependant, il pense que “les pressions américaines et israéliennes internes font qu’il est difficile pour [le premier ministre israélien] Netanyahou de choisir cette option, et qu’il pourrait donc pencher vers un accord d’échange de détenus et d’otages”.

Benjamin Netanyahu a qualifié de “délirantes” les demandes du Hamas concernant la libération d’un grand nombre de Palestiniens.

Libération potentielle

En 2009, Barghouti a répondu depuis sa prison à une question sur la possibilité de sa candidature, en écrivant : “Lorsque la réconciliation nationale sera réalisée et qu’il y aura un accord pour organiser des élections, je prendrai la décision appropriée”.

En 2021, malgré son emprisonnement, il s’est présenté aux élections présidentielles palestiniennes. Le président actuel, Mahmoud Abbas, a annulé le scrutin, invoquant le refus d’Israël de permettre à Jérusalem-Est d’y participer.

Cependant, Al-Rantawi affirme que “la résistance insistera sur sa demande de libération de Marwan et de ses camarades”.

Meir Masri, professeur et chercheur en sciences politiques à l’université hébraïque de Jérusalem et membre du comité central du parti travailliste israélien, a déclaré à BBC News Arabic qu’il était difficile d’imaginer que le gouvernement israélien prenne une telle mesure, “en raison de précédents historiques”, en référence à l’accord qui a permis la libération de Sinwar.

Les raisons invoquées sont les suivantes : “Barghouti purge plusieurs peines de prison à vie”, ainsi que l’opposition de la droite israélienne à la libération de ce que Masri a décrit comme des “terroristes”.

Solution à deux États

L’écrivain israélien Gershon Baskin a écrit dans Haaretz en janvier que la période de transition après la guerre de Gaza nécessite “un dirigeant palestinien capable de promouvoir l’unité palestinienne et de s’engager en faveur du désarmement dans la région. Ce leader pourrait être Barghouti”.

Baskin souligne que Barghouti “soutient toujours la solution des deux États”.

De son côté, la diplomate américaine Gina Winstanley, présidente du Middle East Policy Council, a déclaré à la BBC : “Le gouvernement israélien actuel a clairement indiqué qu’il n’avait ni la volonté ni l’intention, à l’heure actuelle, d’avancer vers une solution à deux États. Il faudra un effort considérable de la part de la communauté internationale pour l’y amener. C’est pourtant le seul moyen de briser ce terrible cycle de violence entre Palestiniens et Israéliens”.

Winstanley ajoute que même si Barghouti est libéré, “il n’y a pas de voie claire vers la solution des deux États… L’actuel Premier ministre israélien pourrait ne pas rester au pouvoir à long terme, mais il est nécessaire d’amener tout dirigeant israélien à négocier, ce qui ne sera pas facile.”

Pourquoi Barghouti est-il une option ?

Tarek Fahmi, directeur de l’unité d’études israéliennes au Centre national d’études du Moyen-Orient, estime qu’il est peu probable qu’Israël libère Barghouti.

Il a déclaré à la BBC : “Marwan a une grande histoire révolutionnaire, mais Israël n’autorisera pas sa libération [pour] qu’il prenne la tête de l’Autorité [palestinienne] à ce moment-là. D’autres personnalités pourraient être proposées, mais dans la pratique, il ne sera pas président”.

Cependant, Winstanley affirme que “la libération de Marwan Barghouti serait un geste stratégique de la part d’Israël, car il est considéré comme une option viable pour une direction non Hamas pour les Palestiniens”.

Al-Rantawi estime que la libération de Barghouti serait dans l’intérêt du Hamas. Selon lui, elle permettrait de reconstruire le Fatah, de relancer l’Organisation de libération de la Palestine, de favoriser la réconciliation et de construire une référence unifiée pour le peuple palestinien.

Mais Barghouti pourrait-il diriger l’Autorité palestinienne depuis sa cellule ?

M. Al-Rantawi explique qu’une des propositions est que M. Barghouti assume la présidence depuis sa cellule. La théorie veut que le vice-président assume des rôles cérémoniels et qu’Israël fasse pression pour libérer Barghouti afin qu’il puisse gouverner efficacement.

D’un autre côté, Meir Masri estime que le fait que Barghouti assume l’autorité depuis la prison est une “proposition irréaliste”.

Selon Masri, Israël ne ressentirait aucune pression pour le libérer et il serait inefficace, gouvernant depuis un lieu isolé avec peu d’accès aux communications.

Al-Rantawi estime que Barghouti est “relativement modéré”, comparé à d’autres dirigeants palestiniens. Il ajoute que sa “personnalité nationale et unificatrice, non affiliée à des courants extrémistes au sein du mouvement national palestinien, le rend populaire et accepté par la majorité des factions”.

L’Autorité palestinienne n’a pas répondu aux demandes de commentaires au moment de la publication.

BBC

Répression sanglante en Guinée : 2 enfants tués par la soldatesque de Doumbouya lors des protestations contre les coupures d’électricité

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Les protestations de lundi et mardi contre les coupures d’électricité en Guinée se sont soldées une fois de plus par des morts.

Le peuple guinéen est-il donc maudit pour ne jamais avoir un dirigeant qui ne soit pas sanguinaire ? La question mérite d’autant plus d’être posée qu’après le tyrannique Ahmed Sékou Touré qui se cachait derrière le manteau de nationaliste pour exercer ses talents d’impitoyable tueur, et son despotique et quasi illettré successeur, Lansana Conté, ce peuple qui s’est fait copieusement massacrer par le fou malade Moussa Dadis Camara avant de se faire rouler dans la farine par le fantasque et très agressif Alpha Condé est désormais sous la coupe réglée du faux messie Mamady Doumbouya qui compte déjà à son actif des dizaines de morts fusillés en pleine rue, lors des manifestations de protestation, par sa soldatesque.

Manifestations en Guinée
Manifestations en Guinée (Source image : Afrik)

Les dernières victimes en date, ce sont les deux enfants de 8 et 14 ans, tués par balles, lors des manifestations de protestation à Kindia contre les récurrentes coupures d’électricité. On a aussi signalé près d’une vingtaine de blessés, dont cinq policiers.

Cameroonvoice a appris jeudi que le nouveau Premier ministre, Bah Oury, qui a appelé au calme et à la retenue, a également annoncé que la lumière serait faite sur les circonstances de l’assassinat des deux jeunes martyrs.

Tout diplômé n’est pas un intellectuel (Par Jean-Claude Djereke)

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, l’intellectuel n’a pas uniquement vocation à éclairer; il est appelé aussi à se tenir aux côtés des vaincus de l’Histoire, à s’approprier leurs malheurs, échecs et luttes.

Commençons par faire le distinguo entre “diplômé” et “intellectuel” car tous les diplômés ne sont pas des intellectuels et on peut être intellectuel sans nécessairement avoir fait des études supérieures, sans travailler dans un centre de recherches ou enseigner dans une université. Le romancier français Émile Zola, le cinéaste sénégalais Sembène Ousmane et l’écrivain ivoirien Bernard Dadié n’étaient ni enseignants ni chercheurs. Et pourtant, de manière constante, ils épousèrent et défendirent la cause du petit peuple, s’engagèrent en faveur des exploités, humiliés et opprimés, se mobilisèrent pour le triomphe de la vérité, de la justice et de la liberté. Car l’intellectuel n’est pas seulement un penseur de métier, c’est-à-dire un producteur de savoirs et un agitateur d’idées; il est aussi et surtout “celui qui porte la parole et dit la vérité au pouvoir, au nom des opprimés” (Gérard Noiriel). 

Ces opprimés, Albert Camus les appelait ceux qui subissent l’Histoire. Pour lui, l’intellectuel doit être au service de ces gens-là au lieu de travailler pour et avec ceux qui font l’Histoire. Il ajoute : “Notre seule justification, s’il en est une, est de parler, dans la mesure de nos moyens, pour ceux qui ne peuvent le faire” (cf. “Discours de Suède”, Paris, Gallimard, 1958). En un mot, l’intellectuel devrait, non pas s’acoquiner avec les “vainqueurs et dominateurs”, mais “prendre en compte le souvenir des voix et personnes oubliées” (Edward Said, “Des intellectuels et du Pouvoir”, Paris, Seuil, 1996). Sur cette base, l’intellectuel est en quelque sorte obligé de “se mêler de ce qui ne le regarde pas” (Jean-Paul Sartre), de s’intéresser au combat politique sans militer forcément dans un parti politique. C’est cette conception du rôle de l’intellectuel dans la Cité qui poussa l’auteur de “Les Mains sales” à soutenir les manifestations étudiantes de mai 1968. Dans une interview accordée à des journalistes, le 13 mai 1968, Sartre osera même affirmer ceci: “La violence est la seule chose qui reste, quel que soit le régime, aux étudiants qui sont jeunes, qui pensent qu’ils ne sont pas encore entrés dans le système que leur ont fait leurs pères, et qui ne veulent pas y entrer. Autrement dit, ils ne veulent pas de concessions, ils ne veulent pas qu’on aménage les choses, qu’on leur donne satisfaction sur une petite revendication, pour en fait les coincer, leur faire prendre la filière et leur faire être dans trente ans le vieux bonhomme usé qu’est leur père. Ils ne veulent pas du tout y entrer et, par conséquent, ce refus est évidemment un refus de violence. Donc si vous voulez, on peut considérer que le seul rapport qu’ils puissent avoir avec cette université, c’est de la casser et, pour la casser, il n’y a qu’une solution : c’est descendre dans la rue.” 

Avant Sartre, Émile Zola (1840-1902) n’avait pas hésité à voler au secours d’Alfred Dreyfus qu’il ne connaissait pas personnellement. Pour mémoire, le capitaine français d’origine juive avait été accusé d’avoir livré des documents secrets français à une puissance étrangère (l’Empire allemand). Il s’agissait en réalité d’une fausse accusation parce que le vrai coupable s’appelait Walsin Esterházy.  C’est à cet homme injustement condamné, Alfred Dreyfus, que Zola décida de venir en aide en adressant une lettre ouverte à Félix Faure, le président de la République d’alors. Zola s’était engagé pour Dreyfus car il disait “n’avoir qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur”. Se taire lorsqu’un innocent est condamné pendant que les vrais coupables circulent librement lui semblait insupportable. Le 23 février 1898, au cours du procès, il déclare comme s’il prophétisait: “Tout semble être contre moi, les deux Chambres, le pouvoir civil, le pouvoir militaire, les journaux à grand tirage, l’opinion publique qu’ils ont empoisonnée. Et je n’ai pour moi que l’idée, un idéal de vérité et de justice. Et je suis bien tranquille, je vaincrai. Je n’ai pas voulu que mon pays restât dans le mensonge et dans l’injustice. On peut me frapper ici. Un jour, la France me remerciera d’avoir aidé à sauver son honneur.”  Bref, dans le cas de Dreyfus, il ne nous paraît pas exagéré de dire que la justice et la vérité avaient été bafouées. Or, si l’on en croit Arendt Hannah, “dire le vrai, telle est la seule responsabilité des intellectuels en tant qu’intellectuels”, ce qui ne veut pas dire que les intellectuels devraient se prendre pour “la conscience de la nation” (H. Arendt, “Les intellectuels et la responsabilité”, Cahiers du GRIF, 33, 1986). 

Comme Soriba et ses camarades dans le roman “Les crapauds-brousse” de Tierno Monénembo, nombre de diplômés africains critiquent facilement la dictature dans leur pays quand ils sont dans leurs salons ou autour d’un verre de bière. Une fois sortis de ces lieux-là, ils deviennent muets alors qu’il y a tant de choses qui pourraient susciter leur colère et révolte. Pourquoi? Parce qu’ils ont peur d’être arrêtés et incarcérés, parce qu’ils ne veulent pas risquer leur vie ni celle de leurs proches, parce qu’ils n’ont pas envie de provoquer l’ire du dictateur. Or, écrit Edward Wadie Said, “l’intellectuel, au sens où je l’entends, n’est ni un pacificateur ni un bâtisseur de consensus, mais quelqu’un qui engage et qui risque tout son être sur la base d’un sens constamment critique, quelqu’un qui refuse, quel qu’en soit le prix, les formules faciles, les idées toutes faites, les confirmations complaisantes des propos et des actions des gens de pouvoir et autres esprits conventionnels. Non pas seulement qui, passivement, les refuse, mais qui, activement, s’engage à le dire en public” (Edward W. Said, “Des intellectuels et du pouvoir”, op. cit.). 

Ainsi que nous pouvons le voir, réfléchir, produire des savoirs et s’engager dans et pour la société dans laquelle il vit sont deux éléments importants dans la compréhension de la mission de l’intellectuel. Pour le dire autrement, l’intellectuel ne peut se borner à penser le monde; il ne peut “se réfugier dans le petit monde académique, où [il] s’enchante [lui]-même de [lui]-même, sans être en mesure d’inquiéter qui que ce soit en quoi que ce soit” (P. Bourdieu, “Contre-Feux 2”, Paris, Raisons d’agir, 2001). Ce qu’on attend aussi de lui, c’est qu’il s’engage en prenant publiquement la parole, au nom de ceux qui n’ont pas voix au chapitre. 

Il va sans dire qu’une telle mission n’est pas sans risques. Selon E. Said, c’est précisément cette mission qui fait de l’intellectuel un “exilé et marginal, amateur et auteur d’une langue qui essaie de dire la vérité au pouvoir” car parler au nom des “damnés de la terre” (Frantz Fanon), prendre la défense de ceux qui subissent l’Histoire, être “la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche” (Aimé Césaire), c’est inéluctablement “s’exposer à la persécution, au rejet, à la prison, à l’exil, voire à la mort sans ceinture de sécurité” (Bruno Chenu, “L’urgence prophétique, Dieu au défi de l’histoire”, Paris, Bayard/Centurion, 1997). Zola paya cher sa solidarité avec le capitaine Dreyfus: menaces de mort, livres et portrait publiquement incendiés, retrait de son nom de la Légion d’honneur, onze mois d’exil en Angleterre. En Afrique francophone plus qu’en Afrique anglophone, les intellectuels qui prirent fait et cause pour les laissés-pour-compte en rendant compte de leur situation dans leurs essais, romans ou pièces de théâtre eurent maille à partir avec les régimes autoritaires qui ont pris nos pays en otage. C’est le cas du Nigérian Wole Soyinka qui séjourna plusieurs fois en prison, du Camerounais Mongo Beti dont l’ouvrage “Main basse sur le Cameroun” fut interdit au Cameroun et en France, du Guinéen Tierno Monénembo et de l’Ivoirien Ahmadou Kourouma contraints de s’exiler en France. Le Kenyan N’Gugi Wa Thiongo, que Daniel Arap Moi jeta en prison à cause de ses écrits jugés subversifs, et le Congolais Mudimbe, durent, eux aussi, quitter leur pays.

En conclusion, l’intellectuel n’a pas uniquement vocation à éclairer; il est appelé aussi à se tenir aux côtés des vaincus de l’Histoire, à s’approprier leurs malheurs, échecs et luttes. C’est la raison pour laquelle sa mission, “incompatible avec la poursuite d’intérêts égoïstes” (Fabien Eboussi Boulaga), est hautement dangereuse. Critiquer tous les pouvoirs, n’être à la solde de personne, se dresser contre ceux qui oppriment, exploitent ou affament et être prêt à payer pour ses convictions, telle devrait être pourtant sa devise.

Jean-Claude DJEREKE

Présidentielle (piégée) au Sénégal : Et si Macky Sall n’avait pas dit son dernier mot ? (“Décrypter l’Afrique”)

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Théophile Kouamouo
Au Sénégal, Macky Sall a-t-il lâché l’affaire ? Le président sortant a annoncé que le premier tour de la présidentielle à venir aurait lieu ce 24 mars… Alors, tout est bien qui finit bien, Macky Sall lâche l’affaire ? Et si ce scrutin ne se passait pas aussi bien qu’on l’imaginait ?
Au-delà des aspects démocratiques formels, le candidat du parti d’Ousmane Sonko – qui est un candidat de secours, si on peut dire, et ce qui est déjà un problème – est toujours en prison tout comme son mentor. Or une élection, c’est aussi une campagne, de la logistique… Au fond, Macky Sall aura sa loi d’amnistie et il a peut-être réussi non seulement à écarter Sonko mais à entamer un processus électoral qui au final ne donnera pas au Sénégal un président tout à fait légitime…

Théophile Kouamouo (Décrypter l’Afrique)

Après le Sénégal, le Bénin s’enfonce dans la Crise politique à cause d’un code électoral controversé

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L’actualité politique béninoise de ces derniers jours tourne autour de la question du Code électoral révisé par le Parlement. Un texte fortement contesté par l’opposition et qui fait l’objet de plusieurs recours en inconstitutionnalité.

Serge Ouitona (Afrik)

Le Professeur Dorothé Sossa, président de la nouvelle Cour constitutionnelle du Bénin
Le Professeur Dorothé Sossa, président de la nouvelle Cour constitutionnelle du Bénin

Dans la nuit du mardi 5 au mercredi 6 mars 2024, les députés béninois ont procédé à la modification du Code électoral voté en 2019. Entre autres modifications majeures, on note le passage du pourcentage des parrainages des candidats à la Présidentielle de 10 à 15% des députés et maires provenant d’au moins 3/5 de l’ensemble des circonscriptions électorales législatives. Par ailleurs, un député ou un maire ne pourra parrainer qu’un duo de candidats de son parti ou désigné par ce parti. Sauf en cas d’existence d’un accord de gouvernance entre partis où le député ou le maire pourra accorder son parrainage au duo d’un autre parti ayant signé un accord avec son propre parti avant le dépôt des candidatures pour l’élection présidentielle.

Huit recours déposés à la Cour constitutionnelle

Aussitôt voté par la majorité, le nouveau Code électoral a suscité une levée de boucliers de l’opposition et même de la société civile qui a tôt fait d’appeler le Président Patrice Talon à ne pas promulguer le texte en l’état. Au total, la Cour constitutionnelle a enregistré huit recours contre le nouveau code. Sur les huit recours, cinq proviennent de députés du parti Les Démocrates et les trois restants de juristes.

Les points de contestation portent, entre autres, sur la restriction introduite dans les parrainages et qui oblige les élus (députés et maires) à ne parrainer pour la Présidentielle que les candidats de leur propre parti ou ceux indiqués par leur parti. Il y a également le seuil d’éligibilité des députés qui passe de 10% de suffrages au plan national à 20%, l’augmentation du nombre de parrains pour les candidats à l’élection présidentielle (de 10 à 15%) qui font l’objet de contestations de la part des requérants.

Patrice Talon demande le contrôle de constitutionnalité du nouveau code

Comme le lui permet la Constitution, le Président Patrice Talon a aussi saisi le juge constitutionnel aux fins de voir si le nouveau Code électoral est conforme à la Constitution. La requête du chef de l’État est introduite lundi dernier et devrait faire l’objet d’examen des sept sages de la Cour constitutionnelle, ce jeudi 14 mars 2024. À l’occasion de cette audience plénière, la Cour constitutionnelle se penchera sans doute sur les différents recours en inconstitutionnalité formulés contre le nouveau code.

Affaire Martinez Zogo : Théophile Kouamouo (Le Média) décrypte les non-dits des révélations de son assassinat sur le régime Biya

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Au Cameroun, fin de la première étape de la procédure ouverte dans l’affaire Martinez Zogo, du nom d’un journaliste assassiné manifestement par un commando des services de renseignements, et l’inculpation de 17 personnes, dont le patron de presse Jean-Pierre Amougou Belinga et le patron de la Direction générale de la recherche extérieure, Maxime Eko Eko. D’ores et déjà, la publication de l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction Pierrot Narcisse Nzié, nous donne une idée des méthodes terribles utilisées par les bourreaux du journaliste…

Présentateur : Théophile Kouamouo Panélistes : Fabrice Wuimo, Niagalé Bagayoko, Jean-François Akandji Kombé.

Décrypter l’Afrique

Haïti: Des policiers kényans extrêmement répressifs déployés à la demande des Etats-Unis (WSWS)

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Kipchumba Ochieng

Jeudi, le Kenya a annoncé qu’il passait à l’étape suivante pour diriger une intervention multinationale de soutien à la sécurité (MSS) en Haïti, mise au point par les Etats-Unis, afin de restaurer dans le sang « la loi et l’ordre » bourgeois dans le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental. La nation insulaire des Caraïbes a été envahie par des gangs criminels, dont la plupart ont des liens étroits avec des factions rivales de l’élite dirigeante d’Haïti.

Bien qu’il soit présenté comme une réponse au sort désespéré du peuple haïtien, le véritable objectif du MSS est de défendre les intérêts impérialistes américains, canadiens et français et leur domination sur les Caraïbes.

Un agent de la Police nationale patrouille un carrefour à Port-au-Prince, Haïti, le vendredi 26 janvier 2024. [AP Photo/Odelyn Joseph]

La mission verra plus de 1 000 policiers kenyans, issus d’une force connue pour sa brutalité et sa criminalité, travailler avec la police nationale haïtienne totalement corrompue et les forces de sécurité des États membres de la Communauté des Caraïbes, la Jamaïque, les Bahamas, la Guyane et Antigua-et-Barbuda. La semaine dernière, le Bénin s’est engagé à envoyer 2 000 soldats. Le Burundi, le Tchad et le Sénégal ont également promis des troupes. Tous ont un historique de violences sans bornes contre leurs populations respectives.

La mission rencontre non seulement une profonde opposition de la part de la grande majorité des travailleurs pauvres d’Haïti, mais également de la part des masses kenyanes. Jeudi, le porte-parole du gouvernement kenyan, Isaac Mwaura, a critiqué les Kenyans pour ne pas soutenir une « mission visant à favoriser la paix ». « Pourquoi nous plaignons-nous sur des questions de sécurité alors que nous avons déjà profité d’une telle aide auparavant ? Soyons patriotes et soutenons le gouvernement » a-t-il déclaré.

Dans les jours qui ont précédé les remarques de Mwaura, la nature brutale de l’ensemble de la mission avait en fait été pleinement mise en évidence.

Le 1er mars, le président kenyan William Ruto a signé un accord à Nairobi avec le Premier ministre non élu d’Haïti installé par les États-Unis, Ariel Henry, pour lancer la plus recente intervention militaire et sécuritaire impérialiste en Haïti. Cette étape est devenue nécessaire après que la Haute Cour du Kenya avait jugé que le déploiement des forces kenyanes en Haïti était inconstitutionnel, en partie à cause de l’absence d’accords mutuels entre les deux pays.

À peine quatre jours plus tard, Henry – une personnalité de droite que les États-Unis avaient jusqu’ici fermement soutenue – était effectivement kidnappé par Washington . Sur le chemin du retour vers Haïti, l’avion d’Henry a été contraint d’atterrir sur le territoire américain de Porto Rico, après qu’il avait été confronté en plein vol, à une demande du Département d’État américain qui lui demandait d’accepter « un nouveau gouvernement de transition et de démissionner ». Lorsque l’avion d’Henry a atterri à San Juan, la capitale de Porto Rico, il a été « immédiatement accueilli par des agents des services secrets américains » qui l’ont empêché de débarquer pendant des heures, selon une exclusivité du Miami Herald sur les événements de mardi dernier.

 Les États-Unis font pression sur Henry pour qu’il parvienne à un accord avec les dirigeants de l’opposition sur un gouvernement intérimaire dirigé par un « conseil présidentiel » de trois membres, puis qu’il se retire. Washington soutient depuis longtemps Henry en refusant les exigences de l’opposition qu’ il « élargisse » son gouvernement avant toute élection. (Les mandats de tous les élus du pays ont expiré depuis longtemps, et Henry a lui-même été imposé comme Premier ministre à la demande du « Groupe central » de nations dirigé par les États-Unis, la France et le Canada, à la suite de l’ assassinat en juillet 2021 du président Jovenel Moïse . Cependant, tel est l’état de la crise qui secoue actuellement Haïti et la haine populaire envers Henry, que Washington a conclu que son règne n’était plus viable et nécessitait la mise en place d’un nouvel instrument politique pour fournir une feuille de vigne « légale » « haïtienne » pour le déploiement MSS, qu’il s’efforce simultanément d’accélérer.

Parlant du déploiement de la police kenyane mercredi, l’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a déclaré que Washington espérait que « cette action serait menée rapidement ».

Le rôle du Kenya en tant que satrape impérialiste

Le rôle potentiel du Kenya dans la direction d’un MSS financé et soutenu logistiquement par les États-Unis et le Canada a été discuté pendant plus de huit mois. En juillet dernier, le ministre kenyan des Affaires étrangères, Alfred Mutua, annonça soudainement la mission, en la justifiant par des arguments d’identité raciale et « panafricanistes ».

Mutua déclara cyniquement : « À la demande du Groupe des Nations des Amis d’Haïti, le Kenya a accepté d’envisager positivement de diriger une force multinationale en Haïti.[…]Le Kenya se tient aux côtés des personnes d’ascendance africaine à travers le monde, y compris celles des Caraïbes, et s’aligne sur la politique de l’Union africaine en matière de diaspora et sur notre propre engagement en faveur du panafricanisme, et dans ce cas, en faveur de la « reconquête de la traversée de l’Atlantique.» Le SEP lance sa campagne pour une alternative socialiste en 2024 à Biden et Trump, les candidats de la guerre et de la dictature!David North, président national du Parti de l’égalité socialiste (Socialist Equality Party aux États-Unis), a annoncé mardi la sélection de Joe Kishore et Jerry White comme candidats à la campagne pour l’élection présidentielle de 2024.

La vérité est que les forces de police kenyanes sont envoyées en Haïti comme des mercenaires de facto, agissant comme des geôliers pour un pays devenu une prison à ciel ouvert. La mission cherche à terroriser la population haïtienne pour la soumettre afin de garantir que la crise des gangs ne précipite pas un exode massif de réfugiés vers les États-Unis et le Canada ou ne serve pas à déstabiliser la région des Caraïbes.

Ce n’est pas un hasard si Nairobi a déjà reçu des avances pour ses services. Quelques semaines après avoir annoncé son « volontariat » pour diriger une mission en Haïti, le Fonds monétaire international (FMI), basé à Washington, a accordé au Kenya un nouveau prêt de plus de 941 millions de dollars, alors que le pays continue de faire face à une multitude de défis économiques, notamment son énorme dette, la détérioration du niveau de vie et la chute de sa monnaie.

Le président kenyan William Ruto, au centre à gauche, inspecte un défilé de la garde d’honneur, lors des célébrations du 60e Jamhuri Day (Jour de l’Indépendance) au stade Uhuru Gardens de Nairobi, le mardi 12 décembre 2023. [AP Photo/Brian Inganga]

Washington et Ottawa ont choisi le Kenya dans des conditions où ils mènent une guerre contre la Russie en Ukraine, soutiennent le génocide israélien à Gaza et préparent activement une guerre avec la Chine, et au milieu d’une opposition massive parmi les masses haïtiennes à une intervention menée par les États-Unis ou le Canada. Ces deux pays ont une longue histoire d’occupation néocoloniale et d’intervention militaire en Haïti, notamment en 2004, lorsqu’ils ont déployé des troupes pour renverser le président élu Jean-Bertrand Aristide. Charger la police impitoyable d’Afrique et des Caraïbes de pacifier les gangs et de réprimer la population haïtienne est, calculent-ils, une option moins coûteuse – en termes d’argent et de vies de soldats impérialistes – que d’envoyer des troupes américaines et canadiennes.

Le Kenya agit depuis longtemps comme un satrape pour l’impérialisme américain et européen en maintenant son emprise stratégique sur l’Afrique orientale et centrale. En Somalie, où les frappes de drones américains ont tué plus de 1 000 Somaliens au cours des trois dernières années seulement, le Kenya intervient avec des milliers de soldats depuis 2011 en tant que force par procuration américaine contre l’insurrection d’Al-Shabaab.

Les États-Unis cherchent à maintenir le contrôle de la mer Rouge géostratégique, où Washington et ses alliés lancent actuellement des attaques contre les milices Houthis au Yémen qui ont tenté de perturber l’approvisionnement de l’armée israélienne, en solidarité avec les Palestiniens. Le Kenya est le seul pays de la Corne de l’Afrique à approuver publiquement les frappes aériennes contre ce pays pauvre.

Cela découle du soutien de Ruto au génocide israélien contre les Palestiniens à Gaza. Après le soulèvement palestinien du 7 octobre, Ruto a rapidement condamné le Hamas et soutenu les mesures contre « les auteurs, les organisateurs, les financiers, les sponsors, les partisans et les facilitateurs » du terrorisme. Peu de temps après, le Kenya a refusé de soutenir les arguments de l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de Justice et a annoncé un projet visant à envoyer 1 500 travailleurs occasionnels kenyans en Israël pour aider à compenser la grave pénurie de main-d’œuvre résultant de l’exclusion de dizaines de milliers de travailleurs journaliers des territoires occupés et le départ des travailleurs migrants d’Asie du Sud-Est.

Le Kenya a également rejoint une force de « maintien de la paix » en Afrique de l’Est, soutenue par l’Occident, dans l’est riche en minerais de la RD Congo, pour stabiliser la région déchirée par la guerre afin que les sociétés occidentales puissent piller les minerais de la région. La mission s’est soldée par un fiasco alors que divers pays voisins soutiennent des milices rivales à l’intérieur du pays.

Au cours de l’année écoulée, de hauts responsables de la sécurité américaine se sont rendus en foule à Nairobi. Le dernier en date était le général Michael Langley, chef du Commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM), en janvier. Sa visite a eu lieu deux semaines après que le directeur de la CIA, William Burns, a rencontré Ruto à la State House, alors que Washington planifiait ses attaques contre le Yémen. Cela faisait suite à la visite du secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin en septembre 2023 pour signer un nouvel accord de coopération en matière de défense d’une durée de cinq ans entre les deux pays, dans le but déclaré de soutenir les capacités du Kenya en matière de déploiements opérationnels.

Ruto considère les services mandataires du Kenya comme une démonstration nécessaire de l’engagement de son gouvernement envers les États-Unis et leurs objectifs géostratégiques mondiaux. Cela souligne le soutien du gouvernement kenyan aux tentatives menées par les États-Unis pour contrer la prééminence économique de la Chine sur le continent africain. En servant de force par procuration à Washington, la classe dirigeante kenyane espère obtenir un soutien économique. Mais son objectif principal est d’obtenir le soutien politique et militaire et sécuritaire de l’impérialisme, afin de se renforcer face à l’opposition croissante des travailleurs et des agriculteurs à l’imposition des mesures d’austérité de guerre de classe du FMI, y compris les hausses d’impôts drastiques, les réductions de subventions sur les aliments de base, les mesures d’austérité et les privatisations.

Le rôle sanglant et répressif de la police kenyane

Les projets de déploiement de la police kenyane en Haïti constituent en eux-mêmes une mise à nu dévastatrice des affirmations des puissances impérialistes qu’ elles se soucient du sort du peuple haïtien. Méprisée par les masses, la police kenyane agit comme une bande criminelle sanctionnée par l’État, avec la liberté d’exiger des pots-de-vin, de faussement accuser et d’emprisonner, et est régulièrement impliquée dans des extorsions et des exécutions extrajudiciaires. Quotidiennement, la population est ponctionnée par des policiers qui exigent du « chai » (thé), un mot de code pour désigner un pot-de-vin.

La police kenyane a un long passé de violence. Après l’indépendance du Kenya de la Grande-Bretagne en 1963, la nouvelle classe dirigeante a « africanisé » la police, mais a veillé à ce qu’elle conserve son caractère colonial répressif pour réprimer les masses. Sous le règne du président Daniel Arap Moi (1978-2002), dictateur soutenu par l’Occident et mentor de Ruto, la police réprima violemment les grèves des ouvriers et des paysans, assassina et tortura des opposants de gauche, arrêta des personnalités de l’opposition sans procès et organisa des disparitions.

Après Moi, les violences policières ont continué. Entre 2002 et 2007, le gang Mungiki , qui opérait des rackets de protection dans les bidonvilles, a été violemment réprimé par les forces de police. On estime que 8 000 personnes, pour la plupart des jeunes, ont été tuées dans des meurtres extrajudiciaires commis par la police. La brutalité était telle que les corps en décomposition de 500 victimes ont été retrouvés dans la banlieue de Nairobi. Le ministre en charge de la sécurité de l’époque, John Michuki, avait déclaré d’un ton brutal que « si vous ne vous sortez du rang, [le principal officier de police de Nairobi] King’ori vous enverra une balle ».

Lors des violences post-électorales de 2007-2008, la police s’est avérée complice de massacres qui ont coûté la vie à plus de 1 200 personnes et en ont forcé 600 000 à quitter leurs foyers, tandis que la police terrorisait la population pour imposer l’élection frauduleuse du candidat à la présidence de l’époque, Mwaï Kibaki. La majorité des meurtres ont eu lieu dans des bastions de l’opposition, où la police a abattu des centaines de manifestants.

L’année dernière, Ruto a envoyé la police pour réprimer violemment les manifestations anti-austérité convoquées par l’opposition. Plus de 60 personnes ont été tuées (article en anglais). À ce jour, aucun policier n’a été tenu pour responsable.

C’est là le bilan de la police que les puissances impérialistes envoient soi-disant pour aider le peuple haïtien.

Alors que la classe ouvrière kenyane s’oppose de plus en plus à l’envoi de policiers voyous pour réprimer leurs frères et sœurs en Haïti, le principal parti d’opposition, Azimio, tente de se faire passer comme un opposant à l’intervention en Haïti.

Lundi, le porte-parole d’Azimio, Kalonzo Musyoka, a déclaré : « Nous tiendrons ce gouvernement pour responsable au cas où nos fils mourraient en Haïti dans le cadre d’un déploiement illégal. Nous nous opposons toujours à cette décision déclarée illégale par nos tribunaux. »

Les inquiétudes de Kalonzo concernant les décès de policiers ne sont pas surprenantes étant donné ses antécédents de travail pour l’État policier de Moi. Sous le règne de Moi, il a été ministre des Affaires étrangères (1993-1998), vice-président de l’Assemblée nationale (1988-1992) et secrétaire national à l’organisation de la KANU, le seul parti légal sous Moi, alors que les travailleurs, étudiants et opposants de gauche du régime ont été tués et torturés.

Quant au leader multimillionnaire d’Azimio, Raila Odinga, il est le chouchou de Washington et de Londres, ayant entretenu des relations étroites avec les États-Unis et d’autres puissances impérialistes pendant des décennies. En 2011, en tant que Premier ministre du Kenya, il a soutenu l’invasion illégale de la Somalie par le Kenya. La même année, il est intervenu personnellement pour soutenir les soldats français en Côte d’Ivoire afin d’installer Alassane Ouattara à la présidence, après les élections présidentielles contestées de novembre 2010.

Raila est un défenseur invétéré de l’utilisation du Kenya pour servir les intérêts impérialistes. Dans son autobiographie, La Flamme de la Liberté (2013), il accuse le gouvernement Kibaki (2002-2013) de ne pas juger nécessaire « de déployer nos forces militaires pour sécuriser nos frontières contre les incursions étrangères, ni de s’engager dans des actions régionales, bilatérales ou internationales » d’intervention et coopération pour aider à résoudre certains des problèmes qui affligent l’Afrique de l’Est ». 

De même, le Parti communiste du Kenya (CPK), dont les dirigeants ont déserté le parti et soutenu Ruto en 2022, lance des appels vides de sens au régime kenyan. Après que la Haute Cour a déclaré inconstitutionnel le déploiement de la police en Haïti, le CPK a publié une déclaration disant : « À la lumière de cette décision, la majorité du CPK exhorte le gouvernement kenyan à respecter la décision du tribunal, à abandonner tout projet de déploiement anticonstitutionnel de policiers et à réorienter les efforts vers la résolution des défis nationaux auxquels nos citoyens sont confrontés. »

En opposition aux appels pathétiques et réactionnaires des staliniens au régime de Ruto et à la bourgeoisie kenyane pour qu’ils arrêtent le déploiement en Haïti, le World Socialist Web Site insiste sur le fait que cela ne peut être réalisé que par la mobilisation de la classe ouvrière internationale. Cela doit être lié à la lutte pour fusionner la lutte contre la guerre impérialiste avec le soulèvement massif croissant des travailleurs du monde entier contre l’austérité capitaliste et l’attaque contre leurs droits sociaux et démocratiques. La voie à suivre consiste à construire une avant-garde trotskyste révolutionnaire au sein de la classe ouvrière, opposée au nationalisme bourgeois et au stalinisme, et luttant pour amener la classe ouvrière au pouvoir et construire le socialisme.

(Article paru en anglais le 9 mars 2024)

WSWS

Pour qu’un nouvel empire émerge il faut qu’un ancien empire disparaisse : Le Sud mondial converge vers un Moscou multipolaire (Les 7 du Québec)

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Pour qu’un nouvel empire émerge il faut qu’un ancien empire disparaisse

Robert Bibeau

Pour qu’un nouvel empire émerge il faut qu’un ancien empire disparaisse. On pourrait aussi bien écrire que si un ancien empire disparaît un nouvel empire apparaît.  L’Empire soviétique a disparu en 1991 ce qui a provoquer l’apparition de l’Empire russe. Aujourd’hui, l’Empire américain périclite ce qui entraîne l’émergence de l’Empire multipolaire chinois.  Le géostratège Pepe Escobar se veut le scripteur – le témoin – de l’apparition de ce nouvel empire « multipolaire », en ce sens qu’avant d’imposer son hégémonie à l’ensemble de sa confrérie – de ses alliés – la superpuissance chinoise les appâteras en leur faisant miroiter le partage multipolaire des pouvoirs…ce qui ne pourra durer très longtemps. Le mode de production capitaliste à son stade impérialiste d’évolution ne tolère qu’un seul général en chef pour les clans du capital. La concurrence inter impérialiste ayant fonction de déterminer le souverain « unipolaire » de l’empire. L’Empereur Amérique se meurt…vive l’empereur chino…russe !?…) Maître Escobar enthousiaste relate ici sa participation à une conférence en Russie ou les vassaux tiers-mondistes (les anciens non alignés de la Conférence de Bandung en 1955) prêtent allégeance au nouvel empire en émergence.


Par Pepe Escobar.

Le Sud mondial converge vers un Moscou multipolaire

Voici ce qu’il faut retenir de ces journées frénétiques à Moscou : Normal-o-philes du monde entier, unissez-vous.

Ces jours ont été des jours multipolaires frénétiques dans la capitale du monde multipolaire. J’ai eu l’honneur de dire personnellement au ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov que la quasi-totalité du Sud mondial semblait être représentée dans un auditorium du pôle d’innovation Lomonosov un lundi après-midi – une sorte d’ONU informelle et, à plusieurs égards, bien plus efficace lorsqu’il s’agit de respecter la charte de l’ONU. Ses yeux ont brillé. Lavrov, plus que d’autres, comprend le véritable pouvoir de la Majorité mondiale.

Moscou a accueilli une conférence multipolaire consécutive ainsi que la deuxième réunion du Mouvement international des russophiles (MIR, dont l’acronyme français signifie «monde» en russe). Dans l’ensemble, les discussions et le travail en réseau ont donné des indications de bon augure sur la construction d’un ordre international véritablement représentatif, loin de la sinistrose imposée par l’agenda d’une culture unipolaire unique et des guerres sans fin.

La session plénière d’ouverture du premier jour a été placée sous le signe de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, dont le message principal était clair comme de l’eau de roche : «Il ne peut y avoir de liberté sans libre arbitre», ce qui pourrait facilement devenir la nouvelle devise collective du Sud mondial. Les «États-civilisations» ont donné le ton de la discussion générale – car ils conçoivent méticuleusement les plans du développement économique, technologique et culturel dans le monde hégémonique post-occidental.

Zhang Weiwei, professeur de relations internationales à l’Institut chinois de l’Université Fudan à Shanghai, a résumé les quatre points cruciaux pour que Pékin puisse jouer son rôle de «nouveau pôle indépendant». Cela ressemble à un marqueur concis de la situation actuelle :

1. Dans le cadre de l’ordre unipolaire, tout, des dollars aux puces électroniques, peut être transformé en arme. Les guerres et les révolutions de couleur sont la norme.

2. La Chine est devenue la plus grande économie du monde en termes de PPA, la plus grande économie commerciale et industrielle, et elle est actuellement à l’avant-garde de la quatrième révolution industrielle.

3. La Chine propose un modèle «Unir et Prospérer» au lieu du modèle occidental «Diviser et Régner».

4. L’Occident a tenté d’isoler la Russie, mais la Majorité mondiale sympathise avec elle. Ainsi, l’Occident collectif a été isolé par le Reste mondial.

Combattre la «guerre théo-politique»

Le terme «Reste mondial» est d’ailleurs mal choisi : La Majorité mondiale est le nom du jeu. Il en va de même pour le «milliard d’or» ; ceux qui profitent du moment unipolaire, principalement à travers l’Occident collectif et en tant qu’élites compradores dans les satrapes, ne sont au mieux que 200 millions environ.

Le lundi après-midi à Moscou, trois sessions parallèles ont été organisées : sur la Chine et le monde multipolaire, où la vedette était le professeur Weiwei ; sur l’Occident post-hégémonique, sous le titre «Est-il possible de sauver la civilisation européenne ?» – en présence de plusieurs Européens dissidents, d’universitaires, de spécialistes des groupes de réflexion et d’activistes ; et le thème principal, qui mettait en vedette les acteurs de premier plan de la multipolarité.

J’ai eu l’honneur de modérer l’impressionnante session du Sud mondial, qui a duré plus de trois heures – elle aurait pu durer toute la journée, en fait – et qui a donné lieu à plusieurs présentations époustouflantes d’Africains, de Latino-Américains et d’Asiatiques, de la Palestine au Venezuela, notamment du petit-fils de Nelson Mandela, Mandla.

C’était le Sud mondial multipolaire en plein essor – car mon impératif était d’ouvrir la parole au plus grand nombre. Si les organisateurs publiaient un best-seller des présentations, il pourrait facilement devenir un succès mondial.

Mandla Mandela a souligné qu’il était temps de s’éloigner du système unipolaire dominé par l’Hégémon, «qui continue à soutenir Israël».

Cette intervention a été complétée par celle de l’activiste charismatique béninois Kemi Seba, qui incarne avec brio le leadership africain de demain. Lors de la session plénière, Seba a introduit un concept clé, qui ne demande qu’à être développé dans le monde entier : nous vivons une «guerre théo-politique».

Ce concept résume parfaitement la guerre hybride menée simultanément par l’Occident contre l’islam, le chiisme, l’orthodoxie chrétienne, en fait toutes les religions, à l’exception du culte woke.

Le lendemain, le deuxième congrès du mouvement international des russophiles proposait trois sessions de débat : la plus pertinente portait sur – quoi d’autre – «la guerre informationnelle et hybride».

J’ai eu l’honneur de partager la scène avec Maria Zakharova – et après ma présentation de style free jazz, axée sur plus de 40 ans de pratique du journalisme à travers la planète et sur l’observation directe de la dégradation totale de l’industrie, nous avons entamé un dialogue, utile je l’espère, sur les médias et la puissance douce.

La suggestion que j’ai faite, non seulement au ministère des Affaires étrangères russe, mais aussi à tout le monde dans le Sud mondial, était simple : oubliez les médias traditionnels contrôlés par l’oligarchie, ils sont déjà morts. Ils n’ont rien de pertinent à dire. Le présent et l’avenir reposent sur les médias sociaux, les médias «alternatifs» – qui ne sont plus alternatifs, au contraire – et les médias citoyens, auxquels il convient bien entendu d’appliquer les normes journalistiques les plus strictes.

Le soir, avant que tout le monde ne se mette à faire la fête, quelques-uns d’entre nous ont été invités à un dîner de travail ouvert, franc et instructif avec le ministre des Affaires étrangères Lavrov dans l’une des magnifiques salles ornées de fresques de l’hôtel Metropol, l’un des plus grands hôtels d’Europe depuis 1905.

Une légende avec un sens de l’humour décapant

Lavrov était détendu, entre amis ; après un premier tour de force diplomatique époustouflant qui a couvert un certain nombre de faits marquants des dernières décennies jusqu’à la morosité actuelle, il a ouvert la table à nos questions, prenant des notes et répondant à chacune d’entre elles en détail.

Ce qui frappe lorsqu’on se trouve face au diplomate le plus légendaire du monde depuis un certain temps, dans un cadre détendu, c’est sa tristesse sincère face à la rage, à l’intolérance et à l’absence totale d’esprit critique dont font preuve les Européens en particulier. Tout au long de notre conversation, cet aspect a été bien plus important que le fait que les relations entre les États-Unis et la Russie soient au plus bas.

Lavrov reste cependant très motivé par le Sud mondial et la Majorité mondiale, ainsi que par la présidence russe des BRICS cette année. Il a fait l’éloge du ministre indien des Affaires étrangères, Jaishankar, et des relations globales avec la Chine. Il a suggéré que le mouvement des russophiles devrait jouer un rôle mondial, suggérant de manière ludique que nous devrions tous faire partie d’un mouvement «Normal-o-philes».

Lavrov la légende est également connu pour son sens de l’humour. Et l’humour est plus efficace lorsqu’il est très sérieux. Voici donc ce qu’il faut retenir de ces journées frénétiques à Moscou : Normal-o-philes du monde entier, unissez-vous.

Pepe Escobar

source : Strategic Culture Foundation

Source : Les 7 du Québec

Surendettement : Voici les pays africains que la Chine va plonger dans l’extrême pauvreté

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Des millions de personnes qui résident dans des pays vulnérables quitteront la pauvreté pour plonger dans l’extrême pauvreté.

L’Afrique toute entière a vu sa dette multipliée par cinq au cours des vingt dernières années, soit 700 milliards de dollars et les prêteurs chinois représentent 12% de ce total, selon Chatham House, le London Policy Institute.

Par Nicolas Beau

Les États-Unis et d’autres pays occidentaux, ont fait pression sur la Chine pour lui demander de jouer le jeu de la restructuration de dettes, c’est-à-dire d’accepter de perdre de l’argent. Mais depuis deux ans, Pékin bloque le système en exigeant que les institutions financières multilatérales (Banque mondiale, FMI) soient intégrées dans les négociations sur la restructuration de la dette.

Cette demande a été rejetée par les autres pays créanciers dans la mesure ou elle bouleverse une règle vieille de plusieurs décennies : les institutions multilatérales sont exemptées de participation aux processus d’allègement de la dette, en raison de leur statut de bailleurs de fonds de dernier recours et des taux d’intérêt très bas qu’elles pratiquent.

Sauf changement d’attitude de Pékin, des millions de personnes qui résident dans des pays vulnérables quitteront la pauvreté pour plonger dans l’extrême pauvreté. Concernant la Zambie, le Sri Lanka et le Ghana, des cotes mal taillées ont été trouvées qui ne permettent pas à ces pays de souffler.

La Zambie a fait défaut en 2020 et tente de restructurer une dette de 8,4 milliards de dollars dont 6 milliards de dollars dus aux prêteurs chinois. La dette totale de la Zambie approche les 20 milliards de dollars. Faute d’accord de restructuration, la Zambie devient un paria sur les marchés financiers internationaux.

Idem pour le Ghana qui a besoin d’un prêt de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international, mais qui ne peut obtenir cet argent tant que Pékin bloque la restructuration d’une dette de 30 milliards de dollars, dont 2 milliards de dollars dus à la Chine. Le ministre ghanéen des Finances, Ken Ofori-Atta, a affirmé que 33 pays africains payaient en intérêts des sommes supérieures aux budgets santé et éducation de chacun de ces pays.

Un assouplissement de l’attitude chinoise sur le cas du Sri Lanka amène les observateurs à généraliser : la Chine va changer d’attitude. Mais en réalité, nul ne sait le niveau de pertes que la Chine a les moyens ou l’envie d’encaisser.

Source MONDAFRIQUE (Repéré par Ndam Njoya Nzoméné)

États-Unis ! Un quart des adultes du Texas, de la Californie et de New-York veulent que leur État fasse sécession

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Les appels à la sécession du Texas des États-Unis se font de plus en plus forts, les défenseurs affirmant que le Texas pourrait alors arrêter les flux de migrants en provenance du Mexique sans être paralysé par le gouvernement fédéral.

Lire plus sur Daily Mail (Repéré par Sandra Andeme)

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