L’arrêt des poursuites contre Maurice Kamto et autres leaders du MRC le 4 octobre dernier marque, sans doute, un tournant décisif pour cette formation politique. Du faits de la longue suite d’arrestations dans ses rangs, le MRC était diminué et moins actif. La libération de son gotha constitue-elle le point de départ pour de nouvelles mobilisations monstres ? Le MRC a-t-il pris la pilule du silence en échange de sa liberté ? Décryptage
Le chemin de la liberté
L’on n’est pas véritablement fixé, sinon convaincu de la raison qui a été avancée pour justifier l’arrêt des poursuites contre Maurice Kamto et ses coaccusés. La largesse de Paul Biya. Une hypothèse qui serait pourtant en prise avec le contexte de crise qui domine le quotidien des populations camerounaises. D’un point de vue l’internationaliste Eric Yombi estime qu’« il a paru important au Chef de l’Etat de mettre en œuvre cette mesure pour qu’il y ait une sorte d’apaisement. Apaisement envers les partis politiques, apaisement dans les cœurs, apaisement sur le plan social…La deuxième raison est le fait que le Chef de l’Etat devra convoquer d’ici peu le corps électoral pour que les élections se tiennent. Il a pensé qu’il était important pour lui de faire en sorte que le MRC soit dans une position de compétiteur à cette échéance. » Commente-t-il. L’analyste politique David Eboutou ne partage pas cette idée. A lui en croire, cette décision présidentielle est le fruit d’une entente sécrète entre les deux parties.
Nouvelle approche ?
Lorsque le chemin de la liberté est compromis l’on peut changer de veste. David Eboutou pense que le MRC est désormais en mission aux côtés du régime en place et que l’hypothèse de risque de manifestation de ce parti politique est quasi nulle.
Eric Yombi partage l’idée selon laquelle l’arrêt des poursuites contre Kamto et ses coaccusés va substantiellement baisser l’intensité de cette crise. D’autant plus qu’il y a encore certains partisans du MRC en détention. Mais qu’elle n’est pas prête de prendre fin tout comme les marches du MRC. « Le MRC ne va pas s’empêcher de manifester parce que ce parti s’est fixé un objectif visible, faire bouger les lignes, faire tache d’huile dans le champ politique. » commente-t-il au micro de Cameroonvoice. Avant de préciser qu’un grand chantier de reconquête de ses adeptes est un impératif pour ce parti réputé dernièrement de tribaliste « le MRC va tout faire pour régler un contentieux qui lui tient à cœur, à savoir, de montrer aux autres partis politiques qu’effectivement il est le leader de l’opposition. Et ce leadership a été contesté à moment de la détention de son principal leader Maurice Kamto, de même que pendant période postélectorale. »
Depuis le 26 janvier 2019, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun a organisé plusieurs marches pour dénoncer le Hold up électoral et la mauvaise gouvernance. Battre le pavé en masse était devenu le moyen le plus prisé pour les militants du MRC pour s’exprimer ; une méthode qui a bien souvent conduit à l’arrestation de ses membres.