Le président du tribunal correctionnel de Foumban, en son audience de comparution immédiate du jeudi 30 avril dernier, aura finalement eu la main lourde en suivant à la lettre les réquisitions du ministère public. Ce dernier avait plaidé sans ambagespour une condamnation des prévenus à 3 mois d’emprisonnement ferme dont 2 avec sursis pendant 3 ans, assortie de 2.450.000 F d’amendes, de dommages et intérêts solidaires et de dépens, pour s’être rendus coupables d’outrages à fonctionnaires dépositaires de l’autorité publique ainsi que d’outrage à magistrat et derébellion, toutes choses réprimées par le code pénal.
Nous apprenons de sources croisées dont la gendarmerie et la mairie de Malantouen, ainsi que l’OSC « Santé Pour Tous Aujourd’hui et Demain » de Foumban, que les 5 prévenus avaient été entendus par la gendarmerie le 21 mars dernier avant d’être déférés le lundi suivant au parquet d’instance de Foumban pour comparution immédiate. Ils avaient été laissés libres par la suite.
Timbong Félice et MbaKeu Marie-Ange sont les 2 principaux accusés de cette affaire. Les 3 autres prévenus se trouvent dans le box des accusés pour avoir été leurs comparses bienveillants au moment des faits, à en croire l’accusation. Il leur était reproché de s’être opposés, par voie écrite, téléphonique et physiquement à la programmation, par l’exécutif communal de Malantouem, à l’évaluation finale de 2 projets communautaires de santé reproductive touchant 4 quartiers-villages dont la commune était partie prenante No 1. Au prétexte que, en cette période de virulence pandémique du Covid19 (nous étions alors le 18 mars 2020), les autorités communales n’avaient encore rien entrepris à leur niveau pour sécuriser, selon les recommandations de l’OMS, l’accueil, dans la salle de délibérations de la mairie, d’une cinquantaine de représentants des villageois des quartiers impliqués dans le projet.
On dit que le jour J, les agents de développement Timbong Felice et MbaKeu Marie-Ange, suivis en cela par leurs 3 stagiaires, échangèrent des mots peu amènes avec les sieurs Njibam Aliou et Mbouangueure Souleymanou de l’exécutif communal, qui avaient dépêché sur les lieux une Dyna cargo 6 roues pour le transport des villageois. Aucun des 5 prévenus n’étaient présent lorsque le juge a vidé son délibéré. Qui plus est, lors des plaidoiries des parties, les accusations d’outrage et de rébellion n’auront pas été prouvées de façon inattaquable. Les prévenus n’auront reconnu que de s’être opposés au projet de rassembler les gens alors qu’il n’y avait aucune urgence et en l’absence de mesures de protection devenues pourtant obligatoires peu après le 21 mars.
Dans ces conditions, comment le juge peut-il avoir opté pour une condamnation si lourde des 2 agents de développement protégeant les populations, ainsi que leurs stagiaires ? Peut-on dans ces conditions encore parler de « Justice » ?
Les prévenus ont exactement 15 jours pour faire appel.
Ce 1er Mai 2020 Wokap Isa Bella Ancienne Élève de l’IPD Promo 2016-2019