Ligue des champions: Eto’o au Camp Nou, le retour de la perle noire

                     Samuel Eto’o à l’écoute de ses supporters. Le Camerounais est critiqué par ses caprises de diva. (AFP)

C’est peu dire que le FC Barcelone de Josep «Pep» Guardiola, auteur d’un formidable triplé ce printemps – Ligue des champions, Championnat et Coupe d’Espagne – joue son avenir ce soir au Camp Nou contre l’Inter Milan de José Mourinho (20h45/TSR2). Un coup d’œil furtif sur ce groupe F, le plus serré des huit en compétition, suffit à résumer la situation précaire, après quatre journées, des détenteurs du prestigieux trophée européen: Inter 6 points, Rubin Kazan et Barcelone 5, Dynamo Kiev 4. A deux tours du terme de la phase de poules, l’imbroglio éclate au visage.

D’autant que le Barça n’occupe que la 3e place – et se trouve donc virtuellement hors des 8es de finale – en raison de ses «brillantes» confrontations directes face aux Russes de Kazan: 1-2 à domicile et 0-0 là-bas. Pire, une défaite ce soir, combinée à une victoire de Kazan aux dépens de Kiev, pourrait éliminer les Catalans, tandis qu’un simple succès de l’Inter assurerait la qualification des Lombards.

Des Lombards, et de Samuel Eto’o (28 ans et demi), l’attaquant camerounais transféré de… Barcelone à l’été. La perle noire de retour sur la pelouse du Camp Nou avec l’équipe adverse sera-t-elle sifflée ou applaudie par les 95 000 socios, elle qui a «offert» deux Ligues des champions (2006 et 2009, chaque fois un goal en finale), trois sacres nationaux (2005, 2006, 2009) et une Coupe (2009) aux Blaugrana? Paris ouverts. Tout dépend de la manière dont les habitués auront vécu la séparation d’avec Eto’o au mois de juillet, après cinq saisons de services plus qu’utiles, séparation qui ne s’est pas faite à l’amiable.

Taxé «d’immature, de désécurisé trop sensible aux critiques» par l’entourage du Barça, voire par ses propres coéquipiers, Samuel Eto’o avait déjà eu maille à partir avec l’ancien coach, le Néerlandais Frank Rijkaard. Notamment ce 11 février 2007, lorsque le goleador africain refusa d’entrer en jeu en tant que remplaçant contre le Racing Santander, prétextant un échauffement trop bref. Commentaire de Ronaldinho, à l’époque: «Eto’o met sa petite personne avant l’intérêt de l’équipe.» Réplique de l’intéressé: «S’il est vrai que je représente un problème pour mon club, je m’en irai.»
Le problème? Crise aiguë d’égotisme, pour sûr. A l’inter-saison 2008, Guardiola, jusqu’alors responsable de l’équipe B, le Barcelona Atlètic (3e division), succède à Rijkaard et prend lui aussi le Camerounais en grippe. Au même titre que les ingérables Ronaldinho et Deco, envoyés respectivement à l’AC Milan et à Chelsea. Eto’o, lui, se sauve grâce à 8 buts inscrits en pré-saison. Et il termine l’exercice 2008/2009 avec 30 réussites en 36 matches de Liga, juste derrière l’Uruguayen de l’Atlético Madrid, Diego Forlan.

Mais, en Catalan pur jus, Guardiola a le crâne endurci. Il juge toujours que le triple Ballon d’or africain possède une mauvaise influence sur son équipe et veut s’en débarrasser, malgré sa moyenne ahurissante de 0,648 but par match disputé, soit 130 goals en 200 parties avec Barcelone. Pep a les deux yeux fixés sur David Villa, le lutin de Valence, également visé par le Real Madrid, et qui finira par rester sagement chez lui.

Commence dès lors l’épisode du chassé-croisé Zlatan Ibrahimovic/Samuel Eto’o. Villa intouchable, le staff du Barça courtise la longiligne star suédoise de l’Inter Milan, meilleur finisseur de Serie A la saison écoulée (25 buts en 35 matches). Détail non négligeable, celui que les tifosi surnomment «Ibracadabra» est cher. Très cher. Les Catalans proposent d’abord 35 millions d’euros plus un bonus gratis appelé Eto’o. Le Camerounais tique. Son agent José Maria Mesalles lui fait entendre raison: après tout, cela signifie que sa valeur marchande se situe autour de 30 millions de ces mêmes euros.

Entre-temps, l’Inter et son président Massimo Moratti montent le ton et les enchères. Ils veulent davantage. Et ils l’obtiennent. L’affaire se conclura à 46 millions d’euros, plus Eto’o, plus le Biélorusse Alexander Hleb en prêt.

Fin de l’histoire? Pas tout à fait. Car Eto’o, libre de contrat, exige une prime de départ de 10 millions d’euros, que le Barça refuse de lui verser. Guardiola se fâche – «Il doit accepter de partir, c’est la meilleure chose pour le club» – le Camerounais n’en démord pas, on l’accuse de vénalité, l’affaire tourne au mauvais sitcom. Jusqu’à ce que l’Inter accomplisse le pas décisif, en lui garantissant cette somme en guise de salaire annuel. Ce qui fait de Samuel Eto’o l’un des footballeurs les mieux rémunérés au monde, en compagnie de Cristiano Ronaldo, Kaká, Messi… et Ibrahimovic.
Demeure la question qui tue: du Barça et de l’Inter, lequel a vraiment réalisé la bonne affaire via cet échange peu standard? Réponse actuelle: aucun. Six buts en 13 rencontres de Serie A et zéro en 4 matches de Ligue des champions pour Eto’o, 7 en 11 parties de Liga et 1 en 4 de Ligue des champions côté Ibrahimovic, ça se tient. Et ce soir?

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