Le contexte sanitaire a imposé une rencontre toute particulière entre Greenpeace Afrique et la presse camerounaise à l’occasion de cette célébration. Pour porter la voix de l’organisation le temps d’une visioconférence, Irène Wabiya Bekoto, la Responsable Internationale de la Campagne forêt dans le Bassin du Congo face à des journalistes qui ont préparé un festival de questions pour davantage être édifiés sur les grands chantiers de Greenpeace dans le monde et particulièrement au Cameroun. Du haut de ses cinquante années d’activisme et de ses sept années d’existence au Cameroun, le panorama des victoires de l’organisation est aussi dense qu’impressionnant à en croire Irène Wabiya Bekoto. Le ton des batailles glorieuses avait été donné en 1971 après l’interdiction obtenue par sept activistes de Greenpeace d’essais nucléaires américains sur l’île d’Amchitka.
De la convention de Londres sur les déchets toxiques aux dispositions commission des droits de l’homme, Greenpeace a participé à la mise sur pied d’un impressionnant cadre juridique visant à sanctionner les pollueurs et à limiter les dommages climatiques. « Au moyen des enquêtes et investigations, nous avons pu dénoncer en 2015 une pêche illégale qui existe depuis plus de 30 ans, et qui était entretenue par des entreprises chinoises en complicité avec les autorités locales en Afrique de l’Ouest. Grâce à notre action, les autorités ont pu mettre en place des législations beaucoup plus fortes qui criminalisent ce genre d’actes alors qu’auparavant il n’y en avait pas. » s’est réjouie la responsable de Greenpeace qui a également parlé des actions menées dans cette sous-région pour mettre fin à la pêche illégale.
Irène Wabiya Bekoto a évidemment passé en revue quelques-unes des grandes victoires de l’organisation au niveau du Cameroun. Elle parle de la campagne contre Heraklès Farms qui a contribué à préserver plus de 50 000 hectares (70 000 que comptait raser la firme américaine) dans le Sud-ouest. « Très récemment, nous avons travaillé avec d’autres partenaires aux côtés des communautés Banen qui se sont levées contre les projets d’exploitation industrielle du bois dans leur forêt, la forêt d’Ebo. Nous avons travaillé avec elles et mené une campagne au niveau international pour porter leur voix au niveau national et international. Et comme résultat, les projets d’exploitation du bois dans cette zone ont été suspendus. Nous considérons cela comme une victoire, mais la combat n’est pas encore fini parce que nous n’avons pas encore obtenu l’annulation complète. Mais nous sommes convaincus que si les populations Banen continuent à se mettre debout, on aura gain de cause avec le temps. » espère Irène Wabiya.
Greenpeace a donc mille raisons de souffler joyeusement sur sa cinquantième bougie, même si ses responsables gardent à l’esprit les nombreux freins du quotidien. La pandémie du Covid-19 a fortement rompu les liens entre elle et les communautés dont l’organisation recueille fréquemment les doléances sur le terrain. Si la situation rentre progressivement à la normale, l’une des grandes difficultés de l’organisation demeure le bras de fer permanent avec les multinationales, déterminées à museler une entité qui ne demande qu’à protéger la nature et ses occupants. C’est sans compter que ces pollueurs ont souvent les faveurs des décideurs.
« Certains de nos dirigeants ont des intérêts personnels dans ces gros investissements qui polluent, qui détruisent les forêts, qui mettent en mal la vie des communautés. Et des fois, ce sont ces mêmes autorités qui doivent prendre une décision en rapport à nos revendications » regrette la Responsable Internationale de la Campagne forêt dans le Bassin du Congo. Après 50 ans d‘existence, Greenpeace revendique d’innombrables campagnes pour un avenir plus sûr et plus équitable. Elle présente dans 57 pays, dont Greenpeace Afrique est le plus jeune. Le travail de Greenpeace est rendu possible par des milliers d’employés, des dizaines de milliers de bénévoles et plusieurs millions de sympathisants qui l’aident à mieux écouter et à défendre les intérêts des communautés. « Notre champ d’action et notre priorité dépendent de la priorité de ces communautés qui vivent dans ces forêts, mais aussi des enjeux économiques qui ont un impact sur l’environnement. » a conclu Irène Wabiya Bekoto.