Constitué de nombreuses organisations de la société civile sénégalaise et des mouvements citoyens, “Ndakh Jamm a gën 3e mandat” (en wolof, « la paix vaut mieux qu’un troisième mandat ») se veut une plateforme dont le but est d’attirer l’attention des protagonistes de l’affaire dite du “3ème mandat” en faveur du président Macky Sall des dangers au devant desquels va le Sénégal si le régime actuel s’évertuait à agiter le chiffon rouge d’une modification constitutionnelle dans ce sens, exactement comme l’avait fait le prédécesseur de l’actuel numéro un sénégalais.
Elle l’a fait savoir dans une lettre ouverte adressée hier, jeudi 27 octobre 2022, au président dont le deuxième et dernier mandat s’achemine vers son terme. Une lettre ouverte dans laquelle la plateforme qui regroupe une dizaine d’associations appelle Macky Sall, non seulement à ne pas tomber –le peuple sénégalais avec- dans les travers du passé, mais également à respecter la constitution et la parole donnée.
Il faut relever cependant que d’un point de vue strictement factuel, le président sénégalais ne peut être soupçonné de vouloir rallonger de sa personne le nombre de chefs d’Etats africains qui se rendent illégitimes à force de prolonger leurs séjours à la tête de leurs Etats par le moyen de grossiers truquages sur fond de coups de force qu’ils appellent “révisions constitutionnelles”. Lesquelles révisions n’ont jamais pour finalité que de supprimer la clause constitutionnelle de limitation des mandats présidentiels. Car comme le soulignai il y a quelques mois l’éditorialiste et chroniqueur politique Babacar Justin Ndiaye, « La question du 3e mandat se trouve dans la constituttion… », et ce n’est pas à Macky Sall d’y répondre !
Autrement dit, à moins que d’aucuns s’expriment sur le sujet a posteriori, ou qu’ils aient lu dans un marc de café que Macky Sall s’évertuerait à reproduire au Sénégal le presque parjure de Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire qui, prenant prétexte du décès “subit” de son dauphin Amadou Gon Coulibaly, s’était arrogé un troisième mandat en 2021, toute la controverse préventive autour du “troisième” mandat du successeur d’Abdoulaye Wade tiendrait du procès d’intention.
Ci-dessous, la lettre ouverte de « Ndakh Jamm a gën 3e mandat »
A son excellence Monsieur Macky Sall, président de Lettre ouverte pour le respect de la constitution et de la parole donnée.
Nous, citoyens sénégalais, mouvements de la société civile, mouvement citoyens, organisations politiques, vous invitons solennellement à ne pas présenter votre candidature à l’élection présidentielle de 2024, par respect pour la parole donnée et par respect pour l’interprétation claire et sans équivoque que vous n’avez cessé de donner de notre constitution. Vous avez prouvé votre volonté de renforcer nos acquis démocratiques en confirmant la limitation du nombre de mandat présidentiel à deux, en verrouillant notre charte fondamentale en 2016. Nous saluons ce courage politique qui contribue à la stabilité du pays, ainsi qu’à son rayonnement au niveau international. Excellence, vous avez su tiré les leçons de votre engagement personnel dans lutte contre le troisième mandat dont vous avez été le principal bénéficiaire en 2012. Nous vous rappelons vos déclarations très fortes permettant de clarifier et de lever toute équivoque sur le sens de « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Verrou constitutionnel relatif à la limitation du nombre de mandats à deux. Vous-même, monsieur le président avait dit et répété à maintes occasions, avant votre réélection en 2019, que vous n’aviez pas la possibilité de faire deux mandats consécutifs. Vous l’avez clairement indique dans votre ouvrage « Le Sénégal au Cœur 2019 » en précisant à la (165 p) « Et me voici de nouveau devant vous en vue de solliciter votre confiance pour un second et dernier mandat ». Nous citoyens sénégalais n’avons aucun doute que cette disposition est très clairement comprise à votre niveau car en tant que témoin de la réforme, nous savons tous que aussi bien dans l’esprit et dans la lettre légistique la limitation des mandats à deux est sans équivoque et est ancrée dans la loi fondamentale qui organise le mode de représentation et des mécanismes démocratiques de notre République. Partout en Afrique les conséquences d’un forcing pour les troisièmes mandats ont particulièrement tragique et lourde pour les populations. C’est pourquoi, monsieur le président nous citoyens tenons à éviter à notre pays un scénario de cahot.
Pour nous éviter une telle catastrophe dont les conséquences pourraient être encore plus dramatiques que le bilan de 2012, nous vous invitons monsieur le président à faire une déclaration ouverte pour lever toute équivoque et installer définitivement le sénégal dans des conditions de sérénité, de paix et de stabilité durable. Monsieur le président de grâce respectez la constitution, respectez la parole donnée.
« Ndakh Jamm a gën 3e mandat »