La lettre, datée du 25 avril 2024, met en lumière les pratiques de déforestation à grande échelle pour la création de plantations agro-industrielles, ainsi que l’exploitation forestière industrielle illégale qui dégrade les précieux écosystèmes forestiers du pays. Ces activités ont des conséquences désastreuses sur la biodiversité, les moyens de subsistance des communautés locales et les droits des peuples autochtones.
Dans la région de Campo Ma’an, la déforestation rapide pour les plantations d’huile de palme représente l’un des exemples les plus frappants de destruction des forêts dans le bassin du Congo. « Chaque jour, des dizaines de transports de grumes circulent sur les routes. Des rangées de palmiers à huile nouvellement plantés remplacent les forêts à haute valeur de conservation et à haut stock de carbone. Environ 60 000 hectares sont menacés, dont 40 000 actuellement attribués à la société Cameroun Vert (Camvert). », Révèle le Communiqué parcouru par cameroonvoice.com.
Les résultats détaillés de la cartographie SIG montrent que la superficie de la concession déboisée en septembre 2022 était de 2 876 ha, mais qu’en novembre 2022, la superficie détruite avait presque doublé pour atteindre 4 978 ha . Cette forêt sert pourtant de corridor crucial pour la faune ; elle est le patrimoine coutumier du peuple Bagyeli ainsi que des communautés Mvae et Iyasa, qui en dépendent.
La mise en œuvre de ce projet s’est faite sans consentement libre, informé et préalable, ni compensation juste et équitable. C’est de surcroit une grave menace à la biodiversité et aux moyens de subsistance de ces communautés.
La forêt d’Ébo, un autre site crucial pour la biodiversité du Cameroun, est également victime d’une exploitation forestière illégale, malgré les protestations locales et internationales. « L’attribution de deux concessions forestières par décret en avril 2023 dans la zone forestière d’Ébo – l’Unité Forestière d’Aménagement (UFA) 07-006 de 68 385 ha à Sextransbois et l’UFA 07-005 d’un peu plus de 65 000 ha à la société d’exploitation forestière SCIEB – est une violation flagrante des lois du Cameroun. L’UFA 07-006 a été attribuée à Sextransbois en dehors des procédures régulières : sans appel d’offres public, sans réunion de la commission interministérielle d’attribution, sans adjudication au mieux-disant financier et technique et en présentant d’autres irrégularités. », Apprend-on.
Plus de 40 communautés, principalement des Banen dépendent de la forêt pour leur subsistance et le maintien de leur culture. A noter que cette forêt qui abrite plusieurs espèces menacées figurant sur la liste rouge de l’UICN et dans la classe A du régime camerounais de protection de la faune, est également essentielle quant aux engagements climatiques du Cameroun ; son important stock de carbone est estimé à 35 millions de tonnes.
Les organisations signataires de la lettre soulignent le non-respect des lois nationales et des engagements internationaux en matière de protection de l’environnement et des droits humains par le gouvernement camerounais.
En plus de compromettre les engagements commerciaux du Cameroun avec l’Union européenne et d’autres partenaires commerciaux, la déforestation met en péril les efforts visant à soutenir les petits exploitants agricoles et à améliorer la qualité des produits agricoles comme le cacao, dont la grande majorité est exportée vers l’Europe.
Face à cette situation critique, les organisations signataires de la lettre appellent les gouvernements et les institutions internationales à prendre des mesures immédiates pour mettre fin à la déforestation et à la dégradation des forêts au Cameroun, tout en garantissant le respect des droits humains des communautés locales et des peuples autochtones.
La lettre souligne l’importance d’une collaboration étroite entre les différents acteurs pour trouver des solutions durables à ces problèmes urgents. Les signataires se disent prêts à travailler avec les décideurs internationaux et les autorités camerounaises pour élaborer des stratégies efficaces de protection des forêts et des droits humains.
En attendant une réponse des destinataires de la lettre et un engagement concret en faveur de la protection des forêts et des droits humains au Cameroun, les organisations signataires restent mobilisées pour faire face à cette crise environnementale et sociale majeure.
Cette lettre a été conjointement signée par le Centre pour l’Environnement et le Développement (CED), Greenpeace Afrique, Environmental Investigation Agency, Green Development Advocates, Bagyeli Cultural and Development Association, Forest Peoples Programme, le Centre pour le Développement Local Alternatif et le Milieudefensie – Amis de la Terre.