Marafa Hamidou Yaya : « Le régime de Paul Biya plonge le Cameroun dans la barbarie et la sauvagerie »

Longtemps resté silencieux, l’ancien ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation a rompu le silence en renseignant le malaise inquiétant dans lequel Paul Biya et ses thuriféraires plongent les Camerounais tout comme lui qui subis la torture.

Jeune Afrique : Pourquoi accepté de prendre la parole maintenant ?

Marafa Hamidou Yaya : la situation de mon pays le Cameroun est trop grave pour que je reste silencieux . Il est de mon devoir de m’exprimer quitte à ce que mon régime d’incarcération déjà extrêmement strict soit durci après la publication de cette Interview . Il est probable que ce durcissement affectera mes codétenus . J’espère qu’ils me le pardonneront

Jeune Afrique : Quelles sont vos conditions de détention ?

Marafa Hamidou Yaya :  Je perds la vue . Tous les spécialistes recommandent une « opération de dernière chance » pour m’éviter d’être complètement Aveugle.  Comme cette opération n’est possible qu’à l’étranger, j’ai dressé au président de la République plusieurs demandes d’autorisation d’évacuation médicale.

Elles sont restées sans réponse et il en va de même pour les appels humanitaires qui lui ont été adressés par des personnalités nationales et étrangères de premier rang auxquelles je veux dire ici toute ma gratitude. Le silence du président Biya a fait dire à une ancienne Ambassadrice des 🇺🇲 états unis au 🇨🇲 Cameroun. «  Je suppose que Paul Biya attend que Marafa devienne Aveugle ! C’est franchement une punition digne du Moyen âge, pas de l’Afrique moderne »

Si cette évacuation n’a pas lieu rapidement, le seul remède sera inévitablement à terme de me retirer les Globes oculaire. En effet je souffre des violents maux de tête de plus en plus fréquents à cause de la pression oculaire. Ce Handicap rend mes conditions d’incarcération au Secrétariat d’État à la Défense ( SED ) encore plus difficiles qu’auparavant .

Je ne bénéficie ni d’assistance ni d’aménagement. Dans mes demandes d’évacuation sanitaire j’ai sollicité un placement en résidence surveillée. Ce qui me permettrait de recevoir une aide pour les gestes du quotidien. Comme je l’ai indiqué tout cela est resté sans réponse.

Jeune Afrique : Avez-vous le sentiment d’être retenu en prison parce que vous représentez une force politique que certains souhaitent Neutraliser ?

Marafa Hamidou Yaya : Sur les six condamnés dans ce dossier combien sont aujourd’hui encore en prison ? Un seul, Moi. Le dernier à avoir été libéré l’a été il y a quatre ans . Ceci alors que contrairement à d’autres, j’ai été condamnée pour une prétendue « Complicité intellectuelle » sans le moindre signe de détournement où d’enrichissement personnel .

Mon maintien en détention et la torture que je subis , en particulier à travers le refus des soins , car il s’agit bien de torture en terme juridique, ne peuvent donc avoir qu’un Caractère Politique . C’est pour cela que l’ONU demande ma libération immédiate depuis 2016 et que les États unis avec d’autres pays me placent sur leur liste de prisonniers politiques depuis des nombreuses années.

Mon cas n’est pas isolé. L’opération Épervier a donné lieu à des condamnations extrêmement lourdes, qui apparaissent aujourd’hui comme aléatoires, arbitraires, politiques, biaisés ou infondées. Sous ce régime le recours à la torture est devenu Systématique. Il en fait une pratique d’état, donc a été victime en janvier 2014 Christiane Soppo mon ancienne collaboratrice, assassiné à coups de machette.

Dans une lettre ouverte en mars 2014 j’écrivais que le « Martyre de Madame Soppo représentait l’émergence d’une Justice parallèle, extrajudiciaire aux mains de groupes individus qui en fonction de leurs intérêts prononcent des sentences de mort secrètes exécutée par des hommes de sacs et de cordes ».

Jeune Afrique : si le pouvoir vous perçoit comme une menace, vous le paierez de votre liberté ou de votre vie ?

Marafa Hamidou Yaya : c’est une pratique d’état donc a été victime en janvier 2023 votre confrère le courageux Journaliste Martinez Zogo , mort sous les services atroces des membres des services de renseignements. Ces déchaînements de violence ne sont pas des épisodes isolés mais s’inscrivent dans un système stable et institutionnalisé.

Cette violence extrême n’est pas que délibérée. Elle est mise en scène, transformée en spectacle. Il était très facile pour ces tortionnaires de faire disparaitre le corps de Martinez Zogo. Ils ont fait en sorte qu’il soit retrouvé. C’est la même logique bien sûr poussée beaucoup moins loin, qui explique le caractère public de l’acharnement que je subis. Le massage à nos compatriotes est clair. Si le pouvoir vous perçoit comme une menace, vous le paierez de votre liberté ou de votre vie.

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