Réponse cinglante de l’écrivain Alain Mabanckou à Emmanuel Macron sur la Francophonie

Approché par le chef de l’Etat français Emmanuel Macron pour participer à un projet de réforme de la Francophonie, l’écrivain congolais Alain Mabanckou a exposé sans faux-fuyant toutes les lacunes qu’il reproche au concept. Le tout, dans une lettre ouverte adressée directement au président français. Morceaux choisis.

Alain Mabanckou ne prendra pas part aux travaux de réflexion autour de la francophonie et de la langue française, suggérés par le chef de l’Etat français Emmanuel Macron. Ce dernier en avait fait la proposition à l’auteur congolais lors de son discours à l’université de Ouagadougou le 28 novembre, puis dans un courrier officiel le 13 décembre.

Dans une lettre ouverte adressée au président français, l’auteur de “Verre cassée” explique les raisons de son refus, résumées en une logique : les desseins coloniaux de la France dans ses anciennes colonies que perpétuerait la Francophonie.

L’auteur met notamment en lumière le silence coupable de la “Francophonie « institutionnelle »” face aux “régimes autocratiques, les élections truquées, le manque de liberté d’expression” sur le continent ; mais également “les accointances avec les dirigeants des républiques bananières qui décapitent les rêves de la jeunesse africaine”.

   

Il est certes louable de faire un discours à Ouagadougou à la jeunesse africaine, mais il serait utile, Monsieur le Président, que vous prouviez à ces jeunes gens que vous êtes d’une autre génération, que vous avez tourné la page

“Ces despotes s’accrochent au pouvoir en bidouillant les constitutions (rédigées en français) sans pour autant susciter l’indignation de tous les gouvernements qui ont précédé votre arrivée à la tête de l’Etat”, a-t-il ajouté en référence aux précédents dirigeants français.

Pour l’auteur donc, participer à une réforme de la Francophonie serait se rendre également coupable du système sous-jacent. Il a dès lors recommandé au président français de prouver sa volonté de changement, afin de redonner confiance à la jeunesse africaine qui n’a autre quête que la liberté.

Prix Renaudot en 2006 et Grand Prix de littérature de l’Académie française en 2012, Alain Mabanckou a toujours manifesté son engagement. En mai 2016, notamment, l’écrivain franco-congolais reprochait dans une lettre ouverte au chef de l’Etat français d’alors, François Hollande, le silence de la France sur la crise politique en République du Congo, son pays.

Carole KOUASSI

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