Les gouvernements militaires du Mali et du Niger ont, par ailleurs, fait savoir qu’ils envisageaient de résilier, dans les trois prochains mois, leurs accords fiscaux conclus il y a plusieurs décennies avec la France.
La création du Sahel, une nouvelle monnaie destinée à contrer le CFA, revêt une importance cruciale en termes de souveraineté économique. La monnaie, conjuguée à une bonne gouvernance, représente un pilier de la richesse nationale.
Pour de nombreux pays africains utilisant le Franc CFA, cela équivaut à une forme d’asservissement, où la France exerce une influence prépondérante. L’acquisition de biens, d’outils et d’équipements industriels est entravée par le pouvoir de veto français, dictant avec qui coopérer. Cette réalité contribue à la situation actuelle en Afrique.
Cependant, l’empire franco-africain montre des signes de fragilité. Les récents développements en Afrique de l’Ouest témoignent de cette évolution, avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger prenant l’initiative historique de rétablir leur souveraineté monétaire en créant une monnaie commune baptisée « le Sahel ». Cette décision, ancrée dans la charte du Liptako-Gourma signée mi-septembre, va au-delà de la coopération contre l’insécurité, incluant la mise en place d’une banque d’investissement et la réalisation de projets communs.
Les gouvernements militaires du Mali et du Niger ont, par ailleurs, fait savoir qu’ils envisageaient de résilier, dans les trois prochains mois, leurs accords fiscaux conclus il y a plusieurs décennies avec la France. Dans un communiqué conjoint, les autorités au pouvoir des deux pays ont expliqué leur décision en raison de « l’attitude hostile persistante de la France » envers leurs nations et du « caractère déséquilibré de ces accords, entraînant une perte financière significative pour le Mali et le Niger »
La signature de la charte du Liptako-Gourma à la mi-septembre permet à ces trois États du Sahel, non seulement de faire front commun contre l’insécurité et les conflits liés à des groupes armés non étatiques, mais aussi de renforcer la coopération économique. Cette coopération comprend la création d’une banque d’investissement et d’une monnaie commune, le Sahel, visant à se libérer du Franc CFA.
L’Alliance des Etats du Sahel vise également à renforcer la sécurité des approvisionnements et à accélérer des projets énergétiques, agricoles et hydrauliques communs. Les gouvernements militaires du Mali et du Niger envisagent également de mettre fin à leurs accords fiscaux avec la France, soulignant l’attitude hostile persistante de cette dernière et les déséquilibres financiers résultant de ces accords.
La nouvelle monnaie, le Sahel, symbolise l’engagement des trois pays à rompre avec le Franc CFA. Cette modernisation, critiquant depuis longtemps la période coloniale pour son manque d’indépendance économique, pourrait être évaluée à 1,52€ lors de son lancement, par rapport au Franc CFA valant environ 0,01015€.
Au-delà de la question monétaire, la coalition envisage également la création d’une Confédération, voire d’une fédération à trois, exprimant ainsi la volonté de ces pays de renforcer leur souveraineté économique et de se libérer des liens économiques coloniaux. Ils peuvent y parvenir en exploitant leurs propres ressources naturelles, comme les raffineries d’or au Mali et au Burkina Faso, ainsi que les ressources pétrolières au Niger. Le soutien de la Russie, de la Chine et de l’Inde à cette initiative renforce la crédibilité du Sahel en tant que monnaie stable.
La transformation est également marquée par le fait que la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), qui gérait précédemment le Franc CFA, n’est pas affiliée à la Banque des règlements internationaux (BRI). Cette indépendance permet aux pays de la coalition Liptako-Gourma de traiter directement avec des partenaires internationaux, remettant potentiellement en question la dynamique économique de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Le Togo a déjà exprimé son intention de rejoindre la coalition Liptako-Gourma, et d’autres pays pourraient suivre. La dénomination du Sahel en référence à la région, élargit son attrait à d’autres pays, renforçant son influence et son potentiel économique. En fin de compte, le Sahel représente bien plus qu’un simple changement de devise, il incarne la lutte de l’Afrique pour l’indépendance économique et la reprise en main de son destin par le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Source : Hespress