Vu d’Orient, l’Occident et sa propension à détenir la vérité universelle agacent. Ibrahim Kalın, idéologue islamo-conservateur et nouveau chef du renseignement turc, dénonce une civilisation qui en raison même de sa nature exclusive marginaliserait toutes les autres.
par Tancrède Josseran
Article paru dans le numéro 47 de septembre 2023 – Occident. La puissance et le doute.
La scène se déroule lors d’un voyage officiel du président turc au Pakistan. Assis sur les sièges de l’avion, Recep Tayyip Erdoğan et İbrahim Kalın devisent. À brule-pourpoint, ce dernier annonce que son livre Ben, Öteki ve Ötesi (Moi, l’autre et ailleurs) vient d’être traduit en mandarin à la demande du vice-Premier ministre chinois. Ironiquement, Erdoğan rétorque : « Alors tu tournes le coin[1]. » Une expression turque difficilement traduisible qui signifie devenir riche sans effort. En effet, si un Chinois sur 1 000 achète le livre, il s’en écoulerait un million d’exemplaires… Au-delà du trait d’humour, l’anecdote est révélatrice à plus d’un titre. Longtemps, l’Occident s’est habitué à voir le monde selon son propre prisme. Aujourd’hui, les puissances émergentes se mettent elles aussi à réfléchir. Les humiliés de l’histoire font front commun. Turcs, Chinois, Indiens élaborent une autre vision du monde où l’Occident ne serait plus le point de départ et d’arrivée de toute chose.
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