A l’origine de cette décision « par césarienne », des rapports émanant notamment des drones dont le déploiement sur le théâtre des affrontements entre les FARDC et les rebelles du M23 aurait permis de constater des intrusions considérables et récurrentes des éléments des forces armées rwandaises sur le sol congolais, aux fins d’appui logistiques et humains aux rebelles du M23 entre les mains desquels sont tombées samedi les villes de Kiwanja et Rutshuru-centre, faisant des milliers de nouveaux déplacés.
Après de nombreuses années d’atermoiements –injustifiés pour bon nombre d’observateurs-, le gouvernement congolais est passé à l’acte en décidant samedi, 29 octobre 2022, d’expulser l’ambassadeur rwandais Vincent Karega.
«Le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula Apala, vient de notifier ce lundi 31 octobre 2022 à Monsieur l’ambassadeur du Rwanda, la décision lui demandant de quitter, effectivement, le territoire de la République démocratique du Congo dans les 48 heures, soit au plus tard le mercredi 2 novembre 2022», pouvait-on lire lundi dans un communiqué relayé par l’Agence Congolaise de Presse (ACP), dans lequel il est également mentionné que «Parallèlement à cette notification, le ministre des affaires étrangères a réitéré l’instruction donnée en son temps au nouvel ambassadeur de la RDC près la République du Rwanda de surseoir à la présentation de ses lettres de créances aux autorités rwandaises jusqu’à nouvel ordre», et que de ce fait, le ministère «a rappelé en consultation le chargé d’affaires a.i. de la RDC à Kigali».
« Au regard des faits qui précèdent », le « Conseil supérieur de défense demande au gouvernement d’expulser dans les 48 heures suivant sa notification M. Vincent Karega », ambassadeur du Rwanda en RDC, du fait notamment « de la persistance de son pays à agresser la RDC ». C’est en ces termes sans équivoque que le porte-parole du gouvernement congolais a officilaisé la nouvelle de l’expulsion du plénipotentiaire de Kigali auprès de Kinshasa.
A l’origine de cette décision « par césarienne », des rapports émanant notamment des drones dont le déploiement sur le théâtre des affrontements entre les FARDC et les rebelles du M23 aurait permis de constater des intrusions considérables et récurrentes des éléments des forces armées rwandaises sur le sol congolais, aux fins d’appui logistiques et humains aux rebelles du M23 entre les mains desquels sont tombées samedi les villes de Kiwanja et Rutshuru-centre, faisant des milliers de nouveaux déplacés.
Il y en avait indiscutablement marre, non seulement en RDC, mais également dans le reste de l’Afrique, de la tartufferie de Kigali, s’évertuant tout le temps à renvoyer Kinshasa à ses cahiers de sécurité et de lutte contre la rébellion, alors qu’en sous main, elle épaulait les combattants du Mouvement du 23 Mars (un mouvement rebelle plus connu sous son acronyme “M23” qui a repris du poil de la bête depuis fin 2021).
Implication avérée de Kigali dans les malheurs de la RDC
En effet, quoique le Rwanda continue de démentir la moindre connexion avec les rebelles du M23 dont les affinités sociologiques avec l’homme fort de Kigali (ils sont de l’ethnie Tutsi comme le dictateur Paul Kagame), il n’a jamais fait mystère de son intention de faire payer à la République Démocratique du Congo ce qu’il considère comme la connivence du pays de Félix Tshisekedi avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), mouvement rebelle de Hutu rwandais, accusé d’avoir activement participé à la guerre civile de 1994 au Rwanda encore appelé “génocide rwandais” ou “génocide des Tutsis”.
Il n’en est pas jusqu’à l’ONU qui n’ait pointé le Rwanda du doigt dans le cadre de cette controverse. Ainsi, un rapport non-publié de l’ONU mentionné il y a deux mois par l’Agence France Presse faisait état d’une très probable assistance que le Rwanda apporterait au M23. La semaine dernière, un diplomate américain à l’ONU a quant à lui parlé d’une « l’aide apportée par les Forces de défense rwandaises au M23 ».
Aussi n’a-t-on pas été surpris qu’à l’issue de la « réunion élargie du Conseil supérieur de défense » présidée samedi par le président congolais suite à « une série d’attaques et d’occupations de localités congolaises par le M23 avec le soutien de l’armée rwandaise », comme l’a fait savoir le ministre congolais de la Communication et des Médias et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya dans un communiqué lu à la télévision, les autorités congolaises aient informé de l’arrivée massive ces derniers jours « des éléments de l’armée rwandaise pour appuyer les terroristes du M23 en vue d’une offensive générale contre les positions des forces armées » congolaises.
En attendant de voir comment se comportera concrètement le Rwanda sur le terrain à la suite de ce dernier développement dans ses relations avec son voisin de l’Ouest, on peut noter que ce pays a une fois de plus réagi dimanche à la décision de la RDC en rejetant les accusations portées contre lui, et trouvant même «regrettable que le gouvernement de RDC continue de faire porter au Rwanda la responsabilité de ses propres échecs de gouvernance et de sécurité ».
Un avis que ne semblent pas partager les opinions publiques congolaise et africaine, notamment sur les réseaux et médias sociaux où l’on applaudit majoritairement la décision de Kinshasa plutôt accueillie sur fond de « il était enfin temps ! »Vincent Karega, M23, FDLR, tutsi, hutu, Rwanda, République démocratique du Congo, ONU, Félix Tshisekedi, Paul Kagame, Kinshasa, Kigali, offensive, Patrick Muyaya, Kiwanja, Rutshuru-centre, Conseil supérieur de défense, Chargé d’affaires a.i., notification, Christophe Lutundula Apala, lettres de créances