Un de ces activistes camerounais de la diaspora qui donnent à leurs compatriotes restés au pays des raisons d’espérer une libération prochaine du joug du président à vie Paul Biya, a très mal pris la la très démonstrative villégiature en pays bamoun du fils du président de la République et le fait savoir dans un post sur les réseaux sociaux qui a valeur de mobilisation des Camerounais pour les batailles décisives qui devront les conduire à la rupture définitive des chaines de l’asservissement qui marque leur quotidien depuis quatre décennies.
Insultante et révoltante par le faste théâtral qui l’a entourée, la visite pour la deuxième fois de Franck Biya, fils du vieux président camerounais, au nouveau chef supérieur des Bamouns, Nabil Mforifum Mbombo Njoya, n’a pas laissé indifférent le militaire camerounais en exil Patrice Nouma, indigné au plus haut point par la mobilisation des unités entières des forces armées et police, qui plus est des éléments des forces spéciales telles que la Garde présidentielle et le Bataillon d’Intervention Spéciale (officiellement une unité antiterroriste de l’armée camerounaise) dans le but d’assurer la sécurité d’un individu complètement inconnu du protocole des personnalités de premier plan au Cameroun.
L’indignation de Patrice Nouma, est d’autant plus compréhensible que si les Camerounais ne se résolvent dès maintenant à se ranger en ordre de bataille pour contrer les manœuvres du régime en vue de traduire dans les faits son plan d’une succession de gré à gré à la tchadienne, à la gabonaise ou à la togolaise au sommet de l’Etat, les fréquentes visites rendues par monsieur Franck Biya aux autorités coutumières de certaines régions du Cameroun, lesquelles visites participent d’une ritualisation -avant l’heure- du pouvoir sur fond d’alliance mystique entre la chefferie traditionnelle bamoun et le clan Biya, ritualisation qui a fait ses preuves avec la sanctuarisation du pouvoir de monsieur Biya lors de sa tournée des provinces (au début de son magistère) par un défunt chef Bamoun, Njimoluh Seidou, grand-père de l’actuel, Franck Biya se retrouvera sur la voie royale de la perpétuation sans le moindre obstacle de la dynastie Biya.

L’histoire raconte que lors de la tournée initiale de Paul Biya quelques mois après son accession à la magistrature suprême dans ce qui était jadis les sept provinces du Cameroun (aujourd’hui les dix régions), les notabilités traditionnelles de chacune des provinces tinrent à initier le nouveau président aux différents rites et traditions mystiques qui font leurs forces, au point d’en faire le chef de tous les chefs traditionnels. Une seule région, celle de l’Ouest en particulier, ne se plia pas à ce rituel, ses chefs –en fait ceux de la grande ethnie Bamiléké localisée sur les hautes montagnes de la région- se demandant si ce n’était pas se faire hara-kiri que de donner une onction aussi capitale que celle de les surpasser en puissance au nouveau président de la République, qui avait toutes les allures d’un supplétif de l’ex-administration coloniale qui les avait tant maltraités du temps de la colonisation. Ce que constatant, celui qui était alors le chef traditionnels des Bamouns -une autre non moins grande ethnie de l’Ouest située quant à elle dans la plaine, feu Njimoluh Njoya Seidou, père du défunt Ibrahim Njoya et grand-père de l’actuel, estima que ses pairs n’avaient pas été sincères vis-à-vis du nouveau maître du Cameroun en lui refusant de lui donner un peu de ces pouvoirs mystiques qui font la force des peuples de l’Ouest. Faisant cavalier seul, il transporta Biya en son palais à Foumban et donna au successeur constitutionnel d’Ahidjo ce que ses pairs des hautes montagnes rechignaient à lui donner. Depuis lors, naquit entre Biya et la chefferie bamoun, aux dépens du peuple camerounais, une alliance qui n’a pas été rompue malgré l’implication supposée du régime Biya dans la mort subite de Mbombo Njoya (père et prédécesseur de Nabil Mbombo Njoya) en représailles au sursaut de lucidité dont ce défunt chef bamoun réputé ami de Biya avait fait montre –quoique tardivement- dans son discours prononcé à l’ouverture du vrai-faux “Grand Dialogue National” de septembre 2019.
La preuve que cette alliance aux allures de pacte sectaire n’est pas près de connaitre son terme et que sa reconduction tacite se lit dans les visites répétitives de Biya Fils à (Mbombo) Njoya Fils et petit-Fils et cela, pour certains, n’augure que de lendemains sombres pour le Cameroun, le fait de ne jamais savoir jusqu’où ne pas aller dans la provocation du si indolent peuple camerounais étant une caractéristique principale du régime en place.