La percée de l’Ums à la commune de Bafang sème la pagaille dans les rangs du Rdpc.
Cette-fois, les élections municipales et législatives dans le département du Haut-Nkam ne vont pas connaître de prolongation devant le juge électoral. Mais les militants du parti du flambeau s’affrontent en deux camps. Ceux qui soutiennent les caciques à qui le Comité central a fait confiance et la jeune garde, non responsabilisée par les instances du Rdpc. Populaire au sein de la jeunesse, Rogert Tchoula Motho se trouve sur la liste des lésés. Ainsi après la défaite du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) aux élections municipales à Bafang, certains militants de cette formation politique estiment que Christophe Eken et François Xavier Ngoubeyou sont responsables de l’échec du parti de Paul Biya face à l’Union des mouvements socialistes(Ums) de Pierre Kwemo. Des cadres du parti du flambeau font croire à l’opinion que l’ex-ministre d’Etat chargé des Relations extérieures auraient manœuvré pour officier comme président de la commission départementale de campagne du Rdpc, en lieu et place de Michael Ngako Tomdio, ancien ministre des Mines, de l’eau et de l’énergie.
«Ngoubeyou brandit son amitié avec Paul Biya pour occuper les instances départementales de supervision des élections, alors qu’il est impopulaire à la base. C’est monsieur Roger Tchoula Motho, ancien maire de Bafang, qui s’est battu comme un beau diable pour permettre au Rdpc d’avoir un score considérable dans certains villages de la commune de Bafang, notamment à Baboutcheu-Nagleu. Le Comité central a oublié que Ngoubeyou et Eken sont politiquement morts», explique une source proche des milieux du Rdpc à Bafang. Reste que des proches de Christophe Eken balayent toutes ces accusations. Selon eux, le président de la chambre consulaire dispose d’un agenda surchargé. Surtout qu’il fait souvent partie de la délégation officielle du chef de l’Etat en déplacement à l’étranger.
Wantou Siantou, une exception
Rappelons qu’en 2007, la liste portée par Christophe Eken, l’actuel président de la Ccima, l’emporte, avec un score de 55,53% aux élections législatives dans le Haut-Nkam. Mais, il n’avait eu que 19.350 suffrages exprimés en sa faveur, sur un potentiel électoral estimé à 56.666 inscrits. Le dépouillement des procès verbaux de la circonscription électorale du Haut Nkam, le Rdpc totalise plus de 27.650 voix, soit 62,78% des suffrages valablement exprimés sur les 45.000 personnes qui se sont rendues aux urnes, contre 18,91 pour le Sdf, 14,06% pour le Mcnc, 03,96% pour l’Ufdc, les autres partis en lice.
Depuis une décennie, Lucien Wantou Siantou, promoteur du Complexe Siantou a brillé devant les militants du Rdpc dans l’ensemble des sections du Haut-Nkam. Surtout qu’il porte la casquette de président de la conférence des présidents des sections Rdpc dans cette unité administrative. Ainsi pour donner force au parti du flambeau et pallier les défaillances des élus aux élections législatives et municipales de 2007 (hormis Roger Tchoula Motho), il est resté proche des populations de 2007 à 2013.
Ce qui a plaidé pour le vote sans réserve, disent certains, de la liste du Rdpc aux élections législatives, surtout que l’ex-maire de Bakou y était 3e. Une posture qui aurait pu le mettre hors-jeu en cas de partage de sièges. Mais sa popularité aurait contribué au fort score (62,78%) de la liste Rdpc. Car depuis des années, il tient le terrain, grâce aux championnats de vacances, la distribution des bourses et des dons divers. «Le fait pour le comité central de placer Lucien Wantou Siantou 3ème sur la liste, a joué en notre faveur. Il jouit d’une grande popularité», explique Gaston Miétchop Ngako, un responsable de l’Ojrdpc. «Pour qu’il passe, il ne fallait pas de partage de siège», ajoute Martin Eba’ah, un fonctionnaire de la place. Une autre frange de population conclut que de tous les nouveaux élus du parti du flambeau, Wantou Siantou est celui dont le village n’est pas étranger.
Guy Modeste DZUDIE