Au Cameroun, Tibor Nagy s’échauffe avant sa rencontre avec Paul Biya lundi, l’opinion gronde d’impatience et se dit déçue

Une nuit aux bons soins à Douala où il a été accueilli samedi par le gouverneur de la région du Littoral, puis cap sur Yaoundé dimanche, la capitale camerounaise, où le Sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires à consacré la première journée du volet officiel de sa visite à quelques tournées de plaisance (visite du Centre Sportif de la CAF à Mbankomo, et de la compagnie américaine CRELICAM, spécialisée dans la fourniture premier  de composantes bois de Taylor Guitar, un des plus grands fabricants de cet instrument de musique basé en Californie aux Etats-Unis). En attendant sa rencontre avec le président récemment « réélu » du Cameroun, Paul Biya, avec qui il  s’entretiendra, une heure et demi en début d’après-midi de lundi.


Le Sous-secétaire d’Etat (extrême-droite pose avec des responsables de CRELICAM en compagnie de l’ambassadeur des Etats-Unis (3ème à partir de la gauche.

Avant la rencontre avec Paul Biya, Tibor Nagy rencontre en milieu de matinée, son homologue camerounais, ministre des Relations Extérieures pour des échanges qui dureront une heure.

L’essentiel de son séjour se déclinera en allers-retours entre son hôtel et l’Ambassade des Etats-Unis à Yaoundé.

Un programme assez mitigé de l’avis de nombreux observateurs qui trouvent  trop bref  le temps consacré à la situation critique du Cameroun et estiment que cela ne reflète pas l’engagement que Tibor Nagy a pris depuis la France et l’Afrique du Sud où lors de son passage, il a évoqué le Cameroun à la fois avec verve et amertume.



Bien plus, beaucoup s’attendaient ici à ce que le programme officiel du séjour du diplomate américain en charge spécialement des affaires africaines au département d’Etat américain prévoie un bref séjour dans une ville au moins de l’une ou l’autre des deux régions anglophones où la crise sociopolitique multidimensionnelle et transversale qui secoue le Cameroun  connait une ampleur innommable avec des milliers de morts, des centaines de milliers de déplacés, des centaines de villages et milliers d’habitations incendiés par l’armée. Hélas !



D’où la déception perceptible de nombreux Camerounais qui disent espérer non seulement que ce calendrier des déplacements de Tibor Nagy, à l’intérieur du Cameroun n’a pas été fixé à l’instigation du gouvernement camerounais pour brider l’intention du collaborateur de Donald Trump de voir bien clair dans ce qui se passe ici, mais surtout  que le régime Biya, supposément réputé pour son habileté en matière de corruption, ne lui a pas déjà donné sa part pour qu’il ferme les yeux et la bouche sur certains sujets qui fâchent : incarcération de Maurice Kamto et de 200 autres personnes ayant manifesté pacifiquement mais accusés depuis quelques semaines de crimes qui pourraient les conduire à la potence, répression aveugle du soulèvement séparatistes dans les régions anglophones, système électoral vicié et vicieux empêchant toute forme d’élection crédible, a fortiori, d’alternance …



C’est cependant oublier que monsieur Nagy reste un diplomate, et qu’à cet égard, les canons de la diplomatie imposent des façons de faire et de dire es choses pas toujours en harmonie avec les attentes des non-initiés. Déjà, le 6 mars, sur la radio internationale française RFI, le Sous-secrétaire d’Etat américain a clairement affirmé l’objet de sa visite au Cameroun : faire comprendre aux dirigeants camerounais qu’on n’emprisonne pas des adversaires politiques pour des  actes posés et des propos tenus dans l’exercice de leurs activités, fussent-elles protestataires, et qu’il y a désormais lieu de considérer sérieusement la résolution de la crise anglophone par la prise des décisions courageuses et complètes d’apaisement en lieu et place des demi-mesures qui ressemblent parfois à des provocations ou à de la moquerie, toute chose susceptible d’accroitre la colère dans le camp des insurgés qui estiment avoir des sacrifices tels qu’il leur serait impossible de revenir en arrière et de déposer les armes sous la simpliste promesse qu’il ne leur sera pas demandé des comptes de leur soulèvement pourtant largement compréhensive, sinon justifiée.



Or il n’est point besoin d’une éternité pour délivrer un tel message à un interlocuteur, fut-il, comme cela semble manifestement le cas au Cameroun, aussi sourd et têtu que le varan.  Pas plus que Tibor Nagy qui ne vient pas au Cameroun pour faire la guerre à ceux qui sont à la tête du Cameroun, fussent-ils illégitimes, mais pour leur dire de vive voix ce que leur partenaire, les Etats-Unis, pensent de la maltraitance qu’ils infligent à leur domesticité. Ce n’est donc pas comme si dès sa descente d’avion à Douala, puis à Yaoundé, et toute la journée de dimanche, le visiteur devait passer le clair de son temps à jouer et rejouer jusqu’à rayures sur le disque  la partition du « Biya must go » que les Camerounais n’ont déjà pas le courage de jouer jusqu’à son terme eux-mêmes, habitués comme ils sont depuis sous le régime Biya, à croire que les alouettes de la libération leur tomberont du ciel déjà rôties.

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