Devenues monnaie courante dans la région de l’Extrême-Nord, les inondations rendent de plus en plus la vie difficile aux habitants de cette partie du pays, principalement en saison des pluies. Aux cris de détresse des sinistrés, le Gouvernement Camerounais a très souvent joué la carte du discours et des promesses creux dissimulés par des hottes chargés de nourriture.
Lâchés comme jamais
Depuis le début du mois d’octobre plus de 50 000 habitants de la région de l’Extrême-Nord Cameroun sont en proie à des inondations fréquentes suite aux pluies précisément dans des localités des départements du Mayo-Danay et du Logone et Chari. Il nous revient de sources concordantes que les eaux en furie ont causé récemment la mort de plus de 20 personnes. En sus, on recense un nombre important d’habitations complètement endommagées sinon emportées dans les inondations. Comme l’a révélé Cameroonvoice récemment, ces populations ne sont pas seulement sans toit, la quasi-totalité des sinistrés ont été plongés dans la famine ; en effet leurs récoltes entières se sont vues emporter et leurs plantations réduites au néant par les eaux. La rémanence des pluies a poussé ces populations à opter pour la veille systématique afin de préserver ce qui leur reste comme bien après le désastre. Piégées dans ce risque permanent, la seule lueur positive qui leur donne d’espérer une fin prochaine autant qu’elle leur sert de refuge c’est une sorte digue de fortune sur le point de céder d’ailleurs.
Promesses promesses !
Les inondations se sont faites fréquentes avec le prolongement irrégulier de la saison des pluies. C’est alors que le Gouvernement s’est effectivement penché sur la situation le 20 octobre dernier. Mais qu’a-t-il fait ? Paul Biya a ordonné le déblocage de 150 millions de FCFA pour porter assistance aux familles sinistrées. Dans l’essentiel du paquetage ramené par le mandataire du Président de la république, Paul Atanga Nji, du riz à grand renfort, des matériels de couchage, des médicaments (…). A défaut d’être emportées par les eaux à leur tour, ces emplettes seront d’un grand secours pour les populations mais ne participent guère de la recette pour mettre fin au calvaire qu’elles traversent. On a essayé, mais on est resté évasif, l’envoyé de Paul Biya et compagnie ont manqué cruellement de pragmatisme. On n’est pas allé plus loin que les prescriptions et autres promesses dont la réhabilitation de la digue à partir du point de déversoir de Pouss jusqu’à Zina vivement recommandée.
A en croire Atanga Nji, les études de faisabilité du projet de construction de la digue-route, le long du fleuve Logone allant de Gobo dans le Mayo Danay, Kousseri dans le Logone et Chari sont terminées et les travaux sur un tronçon de 180 km seront bientôt lancés. Aucune échéance n’est arrêtée alors que les dégâts de l’eau sont de plus en plus importants avec les femmes et les enfants comme principales victimes.
Avec les inondations spectaculaires de 2012 dans l’Extrême-Nord, précisément à Guirvidig, Paul Biya avait promis de loger les sinistrés dans des Camps confortables qui devaient être construits par lui à cet effet. Plusieurs dizaines de sinistrés sont morts attendant toujours. On note tout de même l’existence de quatre camps de sinistrés construits par eux-mêmes dans l’Extrême-Nord. En raison de l’étroitesse du cadre, l’absence des terres arables et autres espaces pour effectuer les activités génératrices de revenus, ces populations vivent dans un inconfort notoire qui n’a rien pour susciter la compassion du régime de Yaoundé.
Ailleurs…
Tenez en France, six départements dans le Sud et Andorre ont récemment été frappés par des par pluies et inondations. Face à cette situation, les préfectures des Pyrénées-Orientales et l’Aude ont activé leur centre opérationnel départemental, et annoncé la mobilisation respective de 246 et 340 sapeurs-pompiers, la Sécurité civile a été déployée « à titre préventif », un dispositif comptant 90 sapeurs-pompiers, 70 sapeurs sauveteurs et trois hélicoptères également entre autres mesures pratiques pour reloger les sinistrés ; aussi des études approfondies sur les causes pour apporter des solutions idoines et prévenir la survenue d’autres cas ont été enclenchées. Au Cameroun, il n’est pas osé de croire qu’on attend que les morts se multiplient pour ramener des gerbes et ériger des stèles en souvenir des disparus.