Quelques semaines après l’exclusion du Cameroun de l’AGOA par le chef de l’Administration américaine, Donald Trump, le pays de l’Uncle Sam exige à Yaoundé un rapide «transfert de pouvoir» vers les régions anglophones.
Rendu à bientôt deux mois de la fin du Grand Dialogue National tenu fin septembre-début octobre pour trouver une issue à la crise qui secoue le Cameroun dans sa partie anglophone depuis 2016, nul ne sait si plus si la principale proposition de cette assise, à savoir l’accord d’un statut sépcial aux régions anglophones, est encore à l’ordre du jour. Mais les Etats-Unis n’ont pas oublié que le gouvernement a un engagement à tenir pour œuvrer au retour de la paix.
C’est dans cette optique que Washington a appelé mardi les autorités camerounaises à transférer le pouvoir (comme convenu ?) aux régions anglophones en proie à une guerre de plus ou moins basse intensité, se situant entre la guerre de sécession et la guerre civile, extrêmement dévastatrice et surtout, meurtrière (des dizaines de milliers de morts, des centaines de villages et infrastructures complètement incendiés, des centaines de milliers d’exilés et de refugiés, près d’un million d’enfants déscolarisés du fait de l’insécurité).
Pour Washington, continuer de reléguer aux calendes grecques cette solution apaisante au profit d’une réponse militaire comme le fait le gouvernement dont les forces se sont retrouvées impliquées dans des affrontements avec les combattants armés anglophones, ne peut à la longue que renforcer les séparatistes.
Il faut dire, à l’appui de la position états-unienne, que les combattants sécessionnistes qui se comportent comme des personnes ayant tout perdu sauf leur dignité, ne cessent de harceler les forces gouvernementales, leur imposant le dilemme de céder à leurs revendications ou de faire la guerre jusqu’au bout.
Priver les sécessionnistes des moyens de justifier la guerre
D’où la volonté des États-Unis, parfois plus soucieux des intérêts du Cameroun que les autorités camerounaises supposément investies de la légitimité populaire -n’en déplaise aux chauvins de tous acabits, de voir le gouvernement priver les sécessionnistes des raisons de justifier à tout vent la confrontation en cours, périlleuse pour les populations et pour le Cameroun.
S’exprimant devant la sous Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis, le Sous-secrétaire d’État américain aux Affaires africaines, Tibor Nagy, affirme que l’autre solution qui a consisté à réprimer les velléités sécessionnistes a lamentablement échoué, car s’il est vrai que les conseillers du président Paul Biya lui ont fait croire qu’il peut gagner militairement, « La vérité est que cela ne sera pas gagné militairement ».
Et tout en admettant que le gouvernement camerounais avait fait un pas dans le sens de la résolution par des moyens autres que militaires de la crise, il voit à juste titre dans cette démarche une entreprise tout à fait symbolique, sans grande prise sur la situation qui prévalait déjà et qui continue de prévaloir.
L’insistance sur la nécessité d’un vrai dialogue
« Chaque jour, de plus en plus de Camerounais, qui au début étaient probablement des Camerounais très loyaux, commencent à penser que peut-être déclarer un pays séparé est ce que nous voulons faire », a constaté le plénipotentiaire américain, avant de faire des recommandations : « Il doit y avoir un vrai dialogue. Il doit également y avoir une délégation de pouvoir à ces régions… quelque chose autour de laquelle les personnes qui sont encore modérées peuvent continuer d’œuvrer ».