Convoquée ce 13 décembre à l’initiative de Paul Biya, la session extraordinaire de l’Assemblée nationale pourrait déboucher sur la mise en œuvre de certaines résolutions du Grand dialogue National, celles qui arrangeraient Biya ?
Extraordinaire retour
On s’avançait vers deux mois sans véritable suite aux résolutions du Grand Dialogue national convoqué par Paul Biya en octobre. La session extraordinaire de l’Assemblée nationale annoncée comporte quelques clefs de compréhension. Si le mystère demeure officiellement sur cette assise exclusive, des avis compétents ont confié à Cameroonvoice qu’elle sera consacrée à l’examen et au vote des projets de lois inspirés des recommandations du Grand Dialogue National. Notamment les projets de loi portant sur un « statut spécial » des régions anglophones. Comme d’accoutumée cette décision aux aboutissements incertains est prise sur le tard. En l’espace de ces mois, on a enregistré d’importantes pertes en vies humaines du fait du mécontentement des groupes armés quant à la gestion de la crise . Difficile de ne pas y voir la main heureuse de la forte délégation des officiels de l’Union Africaine, de la Francophonie et du Commonwealth ; c’est sans compter les multiples appels lancés par plusieurs pays et organisations internationales pour la résolution de la crise sociopolitique qui traverse le Cameroun. Les attentes sont autant plus grandes relativement aux élections à venir.
Interrogé à ce sujet par nos confrères de France 24, Maurice Kamto a indiqué qu’« Il serait sage pour monsieur Biya de faire voter une loi qui prorogerait le mandat des maires et des députés de 6 à 12 mois, le temps de résoudre de façon sérieuse les différentes crises qui minent le pays ». Et de préciser que Paul Biya se doit de « reporter ces élections. Car nous ne pouvons pas y aller dans ces conditions. En raison surtout de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et le consensus du système électoral. ». A bien y voir, le leader du MRC ne partage guère l’idée de concéder un statut spécial aux régions à majorité anglophone. Il appelle de tous vœux le passage au système fédéral au Cameroun tout en remettant en cause le système de République (Unie) en vigueur actuellement.
Résolutions oubliées ?
En attendant la tenue de cette assise, il est loisible de remarquer que ce retour en arrière traduit clairement la constance du régime Biya à mettre toujours la charrue avant les bœufs, à opter pour le pourrissement même dans des cas extrêmes d’urgence−le nombre de mort le dit−. Le malheur de cette caste politique est davantage d’être sourde aux propositions éclairées des nationaux pour se presser à implémenter quelques préalables sous le feu des pressions des puissances étrangères et autres organisations internationales. Si la session en question n’ouvre la voie qu’à l’une des nombreuses propositions faites courant le Grand Dialogue National, cela donnerait de conclure simplement que Paul Biya a convoqué cette assise arrosée à haut degré d’alcools et de buffets garnis pour rien. Comment comprendre en effet le mutisme de celui même qui a convoqué cette assise pour parler de ce que deviendront les résolutions portées à son endroit. Comment comprendre la volonté affichée de résoudre toutes les crises majeures et mineures qui accablent le Cameroun ?. Les choix de Biya donnent de penser qu’il se fait le plaisir d’implémenter les mesures qui le confortent dans son strapontin.