S’appuyant sur la Convention de Montreux qui fixe les droits d’usage des détroits, et pour l’occurrence, confère à la Turquie le droit de fermer les détroits du Bosphore et des Dardanelles, non seulement aux bâtiments de guerre étrangers en temps de guerre ou en cas de menace d’agression mais également aux navires de commerce appartenant à un pays en guerre avec la Turquie. Ankara a demandé à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) de ne pas franchir lesdits détroits pendant l’exercice Ramstein Legacy 2022 (RALY 22) dont la première phase des manœuvres ( du 30 mai au 12 juin 2022 en Pologne, en Lituanie, en Lettonie et en Estonie) se servira de l’espace aérien, ainsi que du bassin et de la région de la mer Baltique.
Quoique les militaires turcs doivent en principe participer à ces manœuvres aux côtés des militaires allemands, américains, anglais, belges, espagnols, français, italiens, norvégiens, roumains, de la slovaques, tchèques, le président Turc Recep Tayyip Erdogan qui s’est entretenu avec son homologue russe Vladimir Poutine le jour même du début de l’exercice, estimerait que compte tenu de l’ambiance délétère qui prévaut actuellement dans la région, l’exercice intégré des forces de missiles de défense aérienne organisé par l’Otan pour former ses structures de commandement conformément à la stratégie de dissuasion et de défense SACEUR (Supreme Allied Commander Europe) va pouvoir influencer la guerre en Ukraine, et la mettre en danger par rapport à la Russie qui compte elle aussi ses amis et ses ennemis et compte rendre à chacun la monnaie de sa pièce.
Pas étonnant, si l’on considère que la Turquie s’est vivement opposé courant mai à l’intégration dans les rangs de l’OTAN de la Finlande et de la Suède qui ont fait acte de candidature, rompant ainsi avec l’attitude de neutralité qui est la leur depuis au moins la 1ère Guerre Mondiale.
Le silence de Washington face à cette prise de distance de son allié (?) qui contraste, il va sans dire avec sa résolution H.R. 7311 votée en mai par le Congrès américain pour punir les lointains Etats d’Afrique qui coopéreraient avec la Russie du « criminel de guerre Poutine » posent des questions, quand elles ne corroborent pas carrément les interprétations de cet “act” par les observateurs… africains qui y voient une nouvelle forme de mise sous tutelle de l’Afrique par les Etats-Unis qui se seraient réveillés au 21ème siècle en caressant le secret rêve de coloniser le continent “Berceau de l’Humanité” où le pays de l’Uncle Sam n’a pas véritablement de passé colonial, d’une part, ou, d’autre part, imputent la H.R. 7311 à une manifestation de solidarité des Etats-Unis envers son allié, la France qui se sent justement cernée, assaillie dans son pré-carré africain, par la Russie.
Sinon, comment comprendre que les Etats-Unis –comme bon nombre de ses alliés de l’OTAN- qui hébergent un grand nombre de personnes facilement identifiables et contrôlables, manifestement rémunérées pour soutenir publiquement l’agression de l’Ukraine et applaudir bruyamment à chaque menace de Poutine de réduire le monde à néant avec l’arme nucléaire, considèrent qu’au nom du sacro-saint principe de la liberté d’expression, ces individus ont plus de droits en matière de fréquentations que les Etats africains dont le commerce avec la Russie est une question d’intérêt plus ou moins légitime (comme la lutte contre le terrorisme ou la répression des opposants politiques –la Russie étant avec la Chine une de ces puissances peu soucieuses des notions de droits et libertés, et qui ne demanderont pas à un pays avec lequel elles coopèrent, pourquoi il emprisonne ou empoisonne ses opposants, syndicalistes, journalistes et autres ou s’octroient un nombre infinis de mandats à la tête de l’Etat).